Je me rappelle de m'être dit après mon premier match hors-concours que ce n'était pas si pire que ça. J'avais vite déchanté par après. Les vétérans ne se donnent pas à 100 pour cent dans les matchs préparatoires. Ce n'est pas le vrai hockey de la LNH, croyez-moi.
La question est de savoir si Kotkaniemi est mûr physiquement à jouer contre des hommes. Il vient tout juste d'avoir 18 ans.
La maturité physique doit la plupart du temps être le principal facteur dans la prise de décision des équipes.
Le cas qui me vient à l'esprit et que j'ai vécu de proche chez les Bruins, c'est celui de David Pastrnak. J'étais au camp de l'équipe à ses 18 ans et on voyait qu'il possédait un talent extraordinaire, mais il n'était vraiment pas gros. Il s'était blessé à une épaule pendant le camp, on ne souhaite pas voir ça. Il avait finalement joué dans la Ligue américaine de hockey (LAH) à son retour au jeu, avant de terminer la saison avec les Bruins.
Je ne veux pas dire que Kotkaniemi n'est pas prêt à jouer dans la LNH, mais c'est clair qu'il doit ajouter du muscle à sa charpente.
La meilleure chose à faire pour les Canadiens serait de poursuivre l'essai avec lui au début de la saison régulière. Ils ont la possibilité de le garder pour neuf matchs. Ils doivent l'évaluer dans le contexte de véritables matchs de la LNH. Je lui ferais jouer ses neuf matchs. Ça ne coûte rien de le faire et le CH peut se le permettre.
Ça donnerait un mois additionnel pour se forger une opinion plus précise sur les capacités du jeune, qui serait confronté à la vraie compétition et au rythme de vie des hockeyeurs professionnels en Amérique du Nord. Après un mois de voyagement, on verrait s'il s'essoufflerait.
Les Canadiens ont également la possibilité de le garder dans leur giron pour la saison, avec le Rocket de Laval dans la LAH. Ça leur permettrait de voir à son développement sur une base quotidienne. Au pire, Kotkaniemi retourne jouer contre des hommes en Finlande sur une plus grande surface de jeu et dans un style moins physique, mais ce ne serait pas grave. Une année peut faire toute la différence.
Prenez mon cas. À l'âge de 18 ans, quelques mois après avoir été le premier choix des Flyers de Philadelphie en 1998, on ne m'avait même pas permis de participer à un match hors-concours. La philosophie des Flyers à l'époque était que les plus récents choix de repêchage, même les choix de premier tour, n'étaient pas prêts à faire le saut. On les retournait systématiquement à leur équipe junior respective au terme du camp des recrues.
J'avais été très déçu sur le coup. Je voyais des amis et d'autres choix de premier tour rester longtemps avec leur équipe et moi j'étais de retour avec les Remparts de Québec. J'étais désappointé, mais je regarde ça aujourd'hui et je n'aurais pas été outillé pour faire ma place. Je l'ai réalisé l'année suivante. J'étais plus prêt et confiant à l'âge de 19 ans. Avec le recul, c'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver.
\Propos recueillis par Robert Laflamme, journaliste principal LNH.com*