LETANG BADGE LEPAGE 2

MONTRÉAL – Kristopher Letang ne s’est pas fait prier pour se mettre dans les patins de Lane Hutson après la première sortie plus difficile de sa jeune carrière, lundi.

« À 20 ans, j’étais con moi aussi! Et j’en faisais, des niaiseries sur une patinoire », a candidement lancé le défenseur des Penguins après la victoire de 6-3 des siens face aux Canadiens de Montréal.

On ne dit pas qu’Hutson a fait des niaiseries tout au long de cette soirée en dents de scie pour lui et pour son équipe. Disons simplement qu’il s’est fait prendre à son propre jeu à quelques occasions. Il a terminé le match avec un différentiel de -4 et a été blanchi sur la feuille de match.

Il ne faut toutefois pas négliger tout ce que la jeune sensation a été en mesure de générer en zone offensive. Hutson a effectué de belles montées, a dansé sur la ligne bleue comme il en a l’habitude, et s’est même payé le légendaire Sidney Crosby sur une brillante séquence en deuxième période.

« Il y a des soirées comme ça, a ajouté un Letang plus que généreux avec les journalistes francophones. Il a créé énormément de choses et il aurait pu finir avec un différentiel de +2. Parfois, tu joues contre une équipe opportuniste comme la nôtre et une petite erreur peut coûter cher. »

Letang parle en connaissance de cause. Il en a vécu, des soirées comme celle-là, à ses premières années, et il sait bien ce qui se passe entre les oreilles de celui qui est débarqué à Montréal avec éclat.

« Tu entends les acclamations de la foule quand il touche la rondelle, a souligné Letang. C’est un gars qui a des aptitudes offensives incroyables et qui est très trompeur dans sa façon de jouer. Les gars restent pris dans la glace devant lui, ils ne savent pas trop comment réagir.

« Quand la rondelle te suit et que tout le monde s’excite quand tu la touches, tu peux avoir le feeling que tu dois produire quelque chose à chaque présence. Il faut qu’il apprenne que parfois, il n’y a rien à faire à part une petite passe sur la bande. Ta présence peut aussi ne rien donner, et c’est correct. »

Ce n’était que le quatrième match de la saison des Canadiens, mais Letang a confirmé que le petit défenseur faisait partie du plan des Penguins. Les joueurs ont discuté de ses tendances, et ils étaient prêts à l’affronter.

« On a parlé de lui et on s’est dit que ça ne servait à rien de partir après parce qu’il veut essayer de nous battre à un-contre-un, a expliqué le défenseur. On voulait le laisser se promener, le laisser venir vers nous et le forcer à faire la passe dans le milieu, comme il a fait à la fin.

« Quand tu as la rondelle, que tu as du temps et de l’espace, c’est là que tu veux faire un jeu. Ç’a longtemps été mon pire défaut et (l’entraîneur) Dan Bylsma m’a beaucoup tapé sur la tête pour ça. »

Résumé: Penguins vs Canadiens 14/10/24

Une époque différente

Letang a disputé sa première saison complète avec les Penguins à l’âge de 20 ans, comme Hutson. À l’époque, les gros défenseurs lents et robustes étaient encore la norme, et il arrivait dans le circuit comme une sorte de bibitte avec son plus petit gabarit, son dynamisme sur patins et ses habiletés offensives.

« La Ligue était différente, a reconnu le vétéran de 37 ans. Quand je suis arrivé, la première chose que Michel Therrien m’a dite, c’est que je ne touchais pas au jeu de puissance. Il savait que j’étais capable, mais il voulait que j’apprenne à jouer en défensive et de manière physique.

« Maintenant, beaucoup de jeunes arrivent dans la Ligue avec un gros rôle et les amateurs alimentent ça. C’est sûr, c’est un joueur spectaculaire. »

Les leçons qu’on lui a données à ses premières années ne seront donc pas exactement les mêmes qui seront offertes à son jeune homologue en 2024. Une chose restera toutefois identique : le fait qu’un défenseur offensif doit trouver l’équilibre dans son jeu et la ligne à ne pas dépasser.

« J’ai appris en me faisant dire que je ne pourrais pas toujours être un joueur 50-50, que je devais être capable de choisir le bon moment pour me porter en attaque, a-t-il conclu. Bylsma m’expliquait qu’il craignait de m’envoyer sur la glace quand il ne savait pas ce qu’il allait obtenir. »