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Alexandre Burrows affirme que Roberto Luongo peut se targuer d'avoir perpétué la riche tradition - mais en voie de perdition - d'excellence des gardiens québécois dans la LNH.

« Il a réinventé le style papillon, dans la foulée des Patrick Roy et Martin Brodeur », estime son ancien coéquipier chez les Canucks de Vancouver, au cours d'un long entretien avec LNH.com.
« Il a été un des premiers gardiens imposants physiquement, agiles et vifs dans leurs déplacements. On dirait maintenant que tous les gardiens sont comme Roberto, de gros bonshommes athlétiques. C'est l'héritage qu'il a laissé. »
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Luongo fera son entrée au Temple de la renommée du hockey à Toronto le 14 novembre. Il vient au deuxième rang au chapitre des matchs joués, entre Brodeur et Roy, avec 1044 rencontres au compteur. Il pointe au quatrième rang dans la colonne des victoires (489), derrière un trio de compatriotes québécois que Marc-André Fleury complète avec 525 victoires et d'autres à venir.
Le premier choix des Islanders de New York (quatrième au total) en 1997 a été l'idole d'une génération de jeunes gardiens québécois, comme Samuel Montembeault des Canadiens de Montréal.
Montembeault confie que Luongo a été un de ses gardiens préférés en grandissant, lors de son premier passage avec les Panthers de la Floride. Il a même eu la chance de côtoyer son idole à son second séjour en Floride.
« Quand j'ai été repêché par les Panthers en 2015, j'avais un 'poster' de lui dans ma chambre avec ses jambières jaunes Koho », relate Montembeault.
« C'était vraiment spécial de faire sa connaissance. Il était l'auxiliaire pour mon premier match dans la LNH (2 mars 2019 en Floride). J'avais donné deux buts rapidement sur trois ou quatre lancers. Au premier temps d'arrêt télé, il m'avait dit de relaxer et de savourer le moment, et que tout irait bien. Ç'avait effectivement bien été pour le reste du match » - malgré la défaite de 4-3 en prolongation contre les Hurricanes de la Caroline.
Montembeault n'aura été coéquipier de son idole que pendant peu de temps, Luongo annonçant sa retraite au terme de la saison. Il en gardera néanmoins un souvenir indélébile.
« J'aurais voulu le côtoyer plus longtemps, a-t-il dit. Il était facile d'approche, vraiment le 'fun'. C'était un bon leader, qui détendait l'atmosphère. Il ne se prenait pas au sérieux. Un jour, pour un match à Dallas que j'allais amorcer, il s'était présenté dans le vestiaire avec un gros sac de maïs soufflé. Il le mangeait bien calmement à son casier. Il pouvait se le permettre, avec la carrière qu'il a connue. »
Luongo est un pince-sans-rire doté d'un sens de l'humour décapant, comme on a appris à le découvrir sur Twitter avec son compte 'Strombone'.
« Il n'a pas peur de rire de lui-même. L'autodérision, c'est son type d'humour, indique Burrows. Avec les médias, il pouvait avoir l'air d'un gars sévère. Grâce à son compte Twitter, les gens ont pu voir le côté de sa personnalité que nous, ses coéquipiers, voyions quotidiennement. »
Les adversaires de Luongo pouvaient voir la même chose sur la glace. Martin St-Louis raconte que Luongo prenait parfois un malin plaisir à le narguer en français à la suite d'un bel arrêt à ses dépens.
« Il me le faisait savoir, mais je pense avoir marqué quelques buts contre lui… », lance l'ancien attaquant vedette, avec un sourire dans la voix.
Après vérifications, St-Louis a déjoué Luongo 10 fois pendant son illustre carrière qui lui a également fait ouvrir les portes du Temple de la renommée en 2018.
« Nous affrontions souvent Roberto en Floride », a-t-il fait remarquer, en évoquant la rivalité qui existe entre les Panthers de la Floride et le Lightning de Tampa Bay. « Comme adversaire, c'était un gros gardien très technique et un grand compétiteur, très charismatique. »
Si le chemin des deux Québécois ne s'est jamais croisé en bas âge, St-Louis étant l'aîné de quatre ans de Luongo, ils ont participé à quelques compétitions internationales ensemble au sein de l'équipe canadienne. Ils ont remporté les tournois de la Coupe du monde en 2004 et les Jeux olympiques de Vancouver en 2010. Ils ont vécu la déception des Jeux olympiques de Turin en 2006.
« Roberto était comique, mais il se gardait une petite gêne dans les compétitions internationales parce que c'est tout le temps plus 'cravaté' comme environnement », a conclu St-Louis.