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Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l'actualité chez le Rocket de Laval ainsi que dans l'ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.
MILWAUKEE- L'arrivée du Suédois Emil Heineman chez le Rocket de Laval s'est révélée ni plus ni moins que providentielle dans la quête de l'équipe d'une qualification aux séries éliminatoires.

Avec six buts en autant de matchs depuis son arrivée avec le club-école des Canadiens après sa saison en Suède pour l'équipe de sa ville natale de Leksand, Heineman a donné le tonus nécessaire à une offensive qui en avait bien besoin. Tous les espoirs sont maintenant permis pour le Rocket afin de décrocher la dernière place disponible pour le tournoi printanier de la LAH avec cinq matchs à écouler à la saison.
En quelques semaines, l'entraîneur Jean-François Houle a vu partir pour Montréal coup sur coup les Rem Pitlick, Alex Belzile, Rafaël Harvey-Pinard et Jesse Ylönen, dépouillant du coup son équipe d'une bonne partie de son offensive et de son leadership. Malgré tout, les Lavallois se sont maintenus dans la course aux séries de peine et de misère. C'est pourquoi l'arrivée de Heineman est arrivée au moment opportun pour l'équipe. Non seulement il comblait un besoin immédiat à l'aile gauche, mais il n'allait ravir la place de personne. C'est comme si une place toute prête attendait le Suédois dès sa descente d'avion.
« On savait qu'il était un bon joueur parce qu'il avait laissé une bonne impression au dernier camp des recrues », mentionnait Houle, qui n'a pas hésité à l'insérer dans sa formation après seulement quelques entraînements à Laval. « On était persuadés qu'il serait capable de s'adapter rapidement au style de jeu nord-américain. On est contents pour lui. »
Rencontré près du vestiaire du Rocket à Milwaukee, la semaine dernière, le directeur du développement des joueurs des Canadiens, Rob Ramage, était bien heureux de constater les succès instantanés du jeune homme de 21 ans acquis dans la transaction de Tyler Toffoli en février 2022. Ramage revenait fraîchement d'un voyage en Suède pour évaluer Heineman de près et il se disait convaincu que la transition se ferait sans heurts pour lui dans la Ligue américaine.
« Emil m'a dit à plusieurs reprises qu'il avait hâte de venir jouer ici, a mentionné Ramage. De notre côté, on croyait que son style de jeu d'attaquant de puissance lui permettrait de s'ajuster très rapidement. De plus, son équipe à Leksand préconisait un jeu très défensif. C'est pour ça qu'il ne faut trop s'attarder à ses modestes statistiques offensives (15 points en 35 matchs, dont seulement huit buts). On savait qu'avec son puissant tir, il serait capable de marquer régulièrement dans la Ligue américaine. »

C'est un jeune homme respirant la confiance à qui nous avons parlé à plusieurs reprises au cours de ce long voyage qui a mené le Rocket d'abord à Winnipeg, puis à Rockford et à Milwaukee. Heineman est devenu l'histoire de ce voyage couronné de succès pour le Rocket qui est allé chercher quatre victoires en autant de sorties pour se replacer dans le portrait des séries. Un résultat presque inespéré pour Laval, qui n'avait remporté que 10 de ses 31 matchs sur la route avant de quitter pour le Manitoba.
« Je vous mentirais si je vous disais que je croyais connaître un début comme celui-là, a admis Heineman. C'est un bon départ pour moi et j'espère que ça va continuer. Je me sens confiant avec la rondelle. Le groupe ici est incroyable avec moi et je me sens à l'aise avec eux. »
L'entraîneur lavallois a eu la main heureuse en réunissant le nouveau venu avec Pierrick Dubé, l'attaquant de pointe du Rocket depuis deux mois (24 points à ses 23 derniers matchs), et l'expérimenté joueur de centre Mitchell Stephens. Ce trio a généré 11 des 19 buts marqués par l'équipe lors de ce voyage de quatre matchs, un ratio de 58 pour cent. Dès l'amorce d'une question au sujet de Heineman, Stephens y est allé d'une expression faciale qui voulait tout dire.
« C'est très impressionnant de voir un gars débarquer ici avec 10 matchs à jouer à la saison et de réussir à marquer régulièrement comme il le fait, a soulevé Stephens. Il a vraiment beaucoup d'habiletés, et peu de joueurs possèdent un tir puissant comme le sien. En jouant avec lui, tu te rends compte que c'est un excellent joueur sur plein de facettes, notamment sur le plan du positionnement. Il va devenir un joueur spécial. »
Heineman a jusqu'ici été impliqué dans deux transactions importantes dans la LNH où des équipes l'ont cédé en échange de joueurs établis dans la grande ligue afin d'améliorer leur formation respective pour s'approcher d'une conquête de la coupe Stanley. On ne parle pas ici d'équipes ayant démissionné sur son cas, au contraire. En avril 2021, Heineman passait des Panthers de la Floride, qui l'avaient réclamé au deuxième tour en 2020, aux Flames de Calgary, en retour de Sam Bennett. Moins d'un an plus tard, il prenait le chemin de Montréal avec un choix de premier tour en 2022, qui est devenu Filip Mesar, et un choix de cinquième tour en 2023 pour les services de Toffoli.
Initialement, c'était la sélection de première ronde qui représentait le principal attrait de cette transaction, mais on constate aujourd'hui que le DG du Tricolore Kent Hughes a mis la main sur un espoir de qualité qui pourrait sans doute venir brouiller les cartes au prochain camp des Canadiens.
D'ici là, Heineman a une chance de briller comme joueur clé du Rocket dans cette excitante fin de saison. Les partisans lavallois feraient mieux d'en profiter, car son passage dans la LAH pourrait être de très courte durée à ce rythme.