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LAVAL-SUR-LE-LAC – À l’aube d’une autre saison dont on s’entend qu’elle sera transitoire pour les Canadiens de Montréal, les dirigeants sont réticents à prononcer « le mot en P », pour « playoffs ». On préfère continuer d’utiliser la lettre « P » pour processus, patience et progression.

« Je sais que tout le monde aimerait nous entendre dire le "P Word" (ou le mot en S, pour séries) », a affirmé le vice-président aux opérations hockey du CH Jeff Gorton, lundi, à l’occasion du traditionnel tournoi de golf de l’équipe.

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« Pour nous, à l’interne, comme je le dis depuis mon arrivée en poste, nous voulons essayer de nous améliorer tous les jours. C’est un cliché, je m’en excuse… C’est notre approche. Nous avons plusieurs jeunes qui peuvent occuper une plus grande place et nous allons leur donner l’espace nécessaire. »

Prospérer (un autre mot en P), individuellement ou collectivement, c’est certes un objectif louable, mais le message de la direction sonne faux pour les joueurs.

« Nous sommes une jeune équipe, mais nous avons tous eu une première saison derrière la cravate la saison dernière, a déclaré le défenseur Arber Xhekaj. Accéder aux séries est notre objectif cette saison, comme ça l’est chaque saison. »

L’expérimenté défenseur Mike Matheson a dit voir clair dans le jeu des dirigeants.

« C’est le point de vue réaliste que doivent parfois avoir les dirigeants d’équipe », a expliqué le Québécois qui vient d'être choisi comme adjoint au capitaine Nick Suzuki. « Ça fait partie de leurs tâches de prendre des décisions pour le bien du club au quotidien et pour l’avenir.

« Mais ce n’est pas notre tâche. Notre tâche est de jouer au meilleur de nos capacités. C’est une formidable occasion que nous nous voyons offrir de jouer dans la LNH et une occasion plus merveilleuse encore de dire que nous jouons dans cette équipe. Il ne faut rien tenir pour acquis. Comme joueur et compétiteur, je prête peu d’importance à de tels propos. »

L’entraîneur Martin St-Louis a dit comprendre la réaction des joueurs.

« Les gars sont fiers, ils veulent bien faire individuellement et collectivement, a-t-il mentionné. Nous avons vu du progrès sur le plan collectif la saison dernière parce que certains joueurs ont progressé. Nous maintenons le cap sur le processus. La culture d’organisation est importante pour nous. Nous tenterons d’élever notre niveau de jeu, mais ça viendra avec plus de responsabilités et un plus grand sens d’imputabilité. »

Mot en P ou pas, un cyclone d’enthousiasme déferle dans toute l’organisation. À plusieurs semaines de l’ouverture du camp d’entraînement, le 21 septembre, rarement avait-on vu autant de joueurs fourmiller dans les salles de musculation ou sur la glace du complexe d’entraînement.

« Mardi dernier, à mon arrivée à Brossard, le nouveau thérapeute sportif Jim Ramsay est venu me demander combien je pensais qu’il y avait de joueurs sur place », a relaté le directeur général Kent Hughes lundi. « Je lui ai répondu : "Je ne sais pas. Vingt?" "Non", m’a-t-il dit, "il y en a 45!" »

Gorton a dit lire de cet engouement un fort intérêt des joueurs à se retrouver ensemble couplé d’un grand désir d'accélérer le processus de relance de l’équipe.

« Ça nous dit qu’ils veulent être ici et qu’ils comprennent que c’est une grosse année pour nous, a-t-il soumis. On ne voit pas ça dans toutes les équipes : 40 gars qui sont ensemble longtemps avant le début du camp. Les gars n’étaient pas obligés de faire ça. Ce niveau d’engagement est très révélateur à nos yeux. »

Des liens importants

Le propriétaire Geoff Molson a dit espérer que les liens que les joueurs tisseront se traduisent par des résultats positifs plus tôt que tard.

« Nos partisans sont les meilleurs. Ils sont très patients jusqu’à maintenant, et ils devront sans doute l’être encore », a avancé Molson, en rappelant qu’une reconstruction totale ne se fait pas du jour au lendemain. « Nos jeunes sont rapides et très talentueux. Nous souhaitons les voir se développer davantage. Quand ils arriveront à maturité, nous aurons une équipe des plus enlevantes. »

S’efforçant de rabaisser le niveau d’espérance, Gorton a martelé l’importance de ne pas brûler d’étapes.

« Je sollicite la patience des amateurs parce que j’estime que ça rapportera gros à longue échéance, a-t-il insisté. Prenez le cas de Kirby Dach la saison dernière. Il a connu une belle progression. C’est un processus. Nous sommes loin d’être un produit fini. Nous avons plusieurs jeunes, plus que la plupart des équipes. Ils peuvent encore progresser. Très peu de nos joueurs ont atteint leur plein potentiel. C’est une bonne raison pour nos amateurs de faire preuve de patience. »

Gorton a plus tard ajouté que les jeunes doivent obligatoirement aller vers l’avant, « sinon nous ne progresserons pas comme équipe ».

St-Louis a garanti que ses troupiers feront un pas vers l’avant.

« La patience, c’est important, mais c’est ce que tu fais avec, a-t-il expliqué. Moi, je suis patient, mais patient/agressif avec le temps. Ça revient à comment on travaille et de quelle façon. Je suis confiant parce que je sais ce qu’on fait avec notre temps au quotidien.

« Nous allons prendre un autre pas dans la bonne direction. Comment gros sera le pas? Je ne sais pas. Il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler. Avec les choses que nous pouvons contrôler, je suis très positif qu’on puisse prendre un gros pas. Où ça nous amènera? Je ne sais pas. Ça dépend comment gros sera le pas. J'ai bon espoir que nos bonnes habitudes et notre attitude nous aideront à prendre un pas qu’on pourrait très bien aimer. »

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