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Les principaux acteurs impliqués souhaiteraient qu'elle s'efface de l'imaginaire populaire, mais la date du 2 décembre reste -- et restera malheureusement pour eux -- gravée à jamais dans la mémoire collective des partisans des Canadiens de Montréal. Pour les mauvaises raisons.

Cette journée-là, il y a 25 ans, les amateurs de hockey ont assisté en direct au divorce entre un des grands gardiens de l'histoire et le Tricolore.
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Humilié en plein Forum, un samedi soir, le 2 décembre 1995, Patrick Roy a annoncé au président du CH Ronald Corey, assis à sa place habituelle dans la première rangée derrière le banc, qu'il venait de jouer son dernier match avec l'équipe.
Roy était hors de lui parce que l'entraîneur recrue Mario Tremblay avait tardé à le retirer de l'action. Quelques instants plus tôt, il avait levé les bras au ciel en réaction aux moqueries du public à la suite d'un arrêt de routine.
L'incident s'est déroulé en deuxième période. Roy venait d'accorder un neuvième but aux Red Wings de Detroit, sur le 26e tir qu'il encaissait en 31:57 minutes de jeu. Le score était 9-1.
À son arrivée au banc, Roy n'a pas apprécié le regard de feu que lui a jeté Tremblay, qui n'en était qu'à son 19e match en carrière comme entraîneur. Il est revenu sur ses pas et il s'est adressé au président Corey.
L'irréparable avait été commis. Le directeur général Réjean Houle a dû se résoudre à échanger le gardien vedette et, quatre jours plus tard le 6 décembre, il passait à l'Avalanche du Colorado, en compagnie du capitaine Mike Keane. Les Canadiens ont obtenu en retour le gardien Jocelyn Thibault ainsi que les attaquants Andrei Kovalenko et Martin Rucinsky.
« J'ai tourné la page, ça fait longtemps », avait brièvement commenté Houle au Journal de Montréal, à l'occasion du 20e anniversaire de ce qu'on peut qualifier de « divorce royal », en 2015.
« Disons que ce n'est pas un anniversaire dont je vais me souvenir », avait-il ajouté à la blague.
« Je suis tanné d'en parler », avait quant à lui rognonné Tremblay au quotidien La Presse, il y a également cinq ans, tout en admettant avoir commis une erreur.
Coïncidence bizarre, le directeur général du CH Marc Bergevin et le directeur du personnel des joueurs Martin Lapointe étaient à l'époque des porte-couleurs des Red Wings.
Il y avait un autre Québécois dans la formation : Mathieu Dandenault, tout pimpant de disputer un premier match à Montréal du haut de ses 19 ans.
« J'ai contribué au départ de Patrick Roy de Montréal », s'était amusé Dandenault dans un texte paru dans Le Devoir, lors du 10e anniversaire de l'incident en 2005.
La boutade n'est pas toute fausse. Le Sherbrookois a mis son grain de sel dans la situation chaotique en marquant le septième but des siens contre Roy.
« J'étais beaucoup trop énervé de jouer à Montréal », avait-il souligné, en revenant sur les événements. « C'était mon premier match à Montréal et le dernier des Red Wings au Forum. On m'avait utilisé à l'attaque, avec Steve Yzerman et Bob Errey, et j'avais réussi deux buts. »
Dandenault avait précisé avoir tout manqué de la scène surréaliste du mélodrame après le neuvième but des siens parce qu'il était sur la patinoire.
« Sur le banc, les gars n'ont également rien remarqué parce que les bancs des équipes au Forum étaient côte à côte. »
Dandenault a mentionné que ses coéquipiers et lui n'avaient également pas détecté de malaise à mesure qu'ils empilaient les buts.
« Nous, on s'en foutait. On avait tout simplement beaucoup de plaisir. On dominait tellement le jeu. On était toujours en possession de la rondelle. À 5-1, il n'y avait plus grand-chose à faire. »
L'écrasante victoire de 11-1 des Red Wings demeure à ce jour la pire humiliation subie à domicile dans l'histoire des Canadiens.
Avec le recul, les Red Wings auraient peut-être dû moins s'en foutre. Ils auraient sûrement mis la pédale douce, s'ils avaient su que Roy se retrouverait avec l'Avalanche et qu'il viendrait les hanter en séries éliminatoires, dès le printemps suivant.
L'Avalanche a éliminé les Red Wings en finale de l'Association de l'Ouest, chemin faisant vers la conquête de la Coupe Stanley.
Roy a toujours dit n'en tenait pas rigueur à Houle.
« Ç'a été très difficile pour lui de faire la transaction », a-t-il déjà commenté au Toronto Sun, il y a plusieurs années. « Il pleurait dans son bureau en m'expliquant que je ne pouvais plus revenir. Je crois encore qu'il était sincère. C'était une décision de l'entraîneur et il devait lui démontrer son soutien. »
Le temps finit toujours par arranger les choses, qu'on dit. Les plaies ont été cicatrisées, au grand plaisir de Houle, qui préférerait qu'on se souvienne davantage du retrait par l'organisation du numéro 33 de Roy en 2008.
« Ce soir, je rentre chez nous », avait d'ailleurs conclu Roy dans le discours qu'il avait livré au Centre Molson, le 22 novembre 2008.