David Poile NSH draft

La cérémonie d’intronisation du Temple de la renommée du hockey 2024 aura lieu le 11 novembre. La cuvée de cette année inclut Pavel Datsyuk, Shea Weber, Jeremy Roenick, Natalie Darwitz, Krissy Wendell-Pohl, Colin Campbell et David Poile. Aujourd’hui, le journaliste NHL.com Tom Gulitti dresse le portrait de Poile.

David Poile s’est toujours considéré comme un planificateur et un bâtisseur.

Ces atouts l’ont bien servi durant ses 51 ans de carrière dans la LNH. Poile a occupé les rôles d’adjoint administratif et de directeur général adjoint avec les Flames d’Atlanta (1972 à 1982), de DG des Capitals de Washington (1982 à 1997) et de DG des Predators de Nashville de 1997 jusqu’à sa retraite en 2023.

Pour Poile, ce sera l’honneur ultime d’être intronisé au Temple de la renommée du hockey dans la catégorie des bâtisseurs à Toronto le 11 novembre prochain.

« C’est le summum de ce à quoi quiconque pourrait s’attendre dans ce sport, a dit Poile. Comme on l’a répété avant moi : quand tu travailles dans le hockey, tu le fais pour l’amour de ce sport. J’ai toujours espéré être un joueur et je n’ai jamais été assez bon pour jouer dans la LNH, mais j’ai eu le deuxième meilleur travail. Toute ma vie, j’ai voulu être un directeur général.

« Mon épouse me dit que l’une des raisons pour lesquelles elle m’a marié, c’est que j’ai toujours eu un plan. À un jeune âge, je lui ai dit que j’allais être un directeur général dans la LNH un jour. Je pense que j’ai travaillé fort pour me rendre là. »

Poile avait 32 ans et était le plus jeune DG de la LNH quand il a été embauché, le 30 août 1982, pour relancer les Capitals, qui ne s’étaient pas qualifiés pour les séries éliminatoires de la Coupe Stanley à leurs huit premières saisons après être entrés dans la LNH comme équipe d’expansion en 1974. Il a pris sa retraite alors qu’il était DG des Predators, le 30 juin 2023, en étant premier dans l’histoire de la LNH pour les matchs (3075) et les victoires (1533) en tant que DG.

L’homme de 74 ans est le seul DG à cumuler 1000 rencontres et 500 victoires avec deux organisations différentes – 1180 parties et 584 victoires en 15 saisons avec Washington et 1895 matchs et 939 victoires en 24 campagnes avec Nashville. Ses équipes se sont qualifiées pour les séries éliminatoires dans 29 de ses 39 saisons comme DG, et il a remporté le prix Jim-Gregory, remis au DG de l’année, en 2017 quand les Predators ont atteint la finale de la Coupe Stanley avant de s’incliner contre les Penguins de Pittsburgh.

Poile a également gagné le prix Lester-Patrick pour sa contribution exceptionnelle dans le hockey aux États-Unis en 2001. Il a été intronisé au Temple de la renommée du hockey des États-Unis en 2018.

« David a toujours adoré ce sport et il adorait faire partie du monde du hockey, donc quand il dit qu’être directeur général dans la LNH était son rêve, je le crois réellement », a affirmé Barry Trotz, qui a été le premier entraîneur des Predators et qui a succédé à Poile comme DG de l’équipe. « Il adorait les défis quotidiens d’un DG et le processus de bâtir son équipe. »

Poile, qui est né à Toronto et qui a joué trois saisons comme centre à l’Université Northeastern, a suivi les traces de son père Bud, intronisé au Temple de la renommée en 1990 comme bâtisseur. Bud Poile, qui est décédé en 2005 à l’âge de 80 ans, a été le premier DG de l’équipe d’expansion des Flyers de Philadelphie en 1967 et de l’équipe d’expansion des Canucks de Vancouver en 1970.

« Le hockey coule dans les veines de la famille Poile, a mentionné le fils. Vingt-quatre heures par jour, 365 jours par année. Tout tournait autour de ça : des camps de hockey, des vacances de hockey, des voyages avec mon père et des repêchages en compagnie de mon père. Des joueurs venaient même souper à la maison, ce qui n’était pas inhabituel à cette époque. Le hockey a toujours été présent. Ç’aurait été difficile pour moi de l’éviter. »

L’une des premières tâches de Dick Patrick après s’être joint aux Capitals à l’été 1982 était de trouver un nouveau DG. Les Capitals en arrachaient sur la glace et ils avaient de la difficulté à solidifier leur base de partisans. Puisque le propriétaire Abe Pollin songeait à vendre l’équipe, Patrick était d’avis que les Capitals avaient besoin d’un nouveau départ.

« Il représentait ça, il était jeune et il avait un parcours universitaire », a raconté Patrick au sujet de Poile. « Il répondait à tous les critères quand j’ai appris à le connaître à travers le processus d’entrevue. »

Avant d’être embauché, Poile avait rédigé un plan, avec comme objectif d’acquérir un défenseur numéro un. Par hasard, quand Poile a participé à sa première réunion du Bureau des gouverneurs de la LNH, dix jours après avoir été embauché par les Capitals, il était assis à côté du DG des Canadiens de Montréal Irving Grundman.

Le défenseur des Canadiens Rod Langway était l’une des cibles potentielles de Poile pour un échange.

« Ils avaient une dispute contractuelle et ils avaient déjà d’excellents défenseurs, s’est remémoré Poile. Je pensais qu’il serait disponible et quand je suis arrivé à la réunion du Bureau des gouverneurs – je ne savais pas où aller et j’étais très nerveux – je me suis retrouvé par chance assis à côté d’Irving Grundman. La transaction s’est conclue avant la fin de la journée. »

Les Capitals ont acquis Langway, le défenseur Brian Engblom et les attaquants Doug Jarvis et Craig Laughlin en retour du défenseur Rick Green et de l’attaquant Ryan Walter. Patrick a reconnu qu’il s’agissait d’une « transaction très audacieuse », considérant que Green et Walter étaient deux des meilleurs joueurs des Capitals. Walter était également le joueur favori de Pollin.

« Ç’a bien tourné pour nous », a dit Patrick, aujourd’hui président des Capitals et propriétaire minoritaire. « L’échange a aussi été bon pour Montréal. Ils ont gagné la Coupe (en 1986). C’était exactement ce que je voulais accomplir avec la nouvelle administration : quelque chose d’audacieux, quelque chose qui allait changer le portrait de l’équipe. »

Les Capitals se sont qualifiés pour les séries pour la première fois en 1982-83, amorçant une séquence de 14 participations consécutives au tournoi printanier. Langway, intronisé au Temple de la renommée en 2002, a gagné le trophée Norris à titre de meilleur défenseur de la LNH en 1983 et 1984, et il a participé au Match des étoiles de la LNH à cinq reprises en 11 campagnes avec Washington (1982 à 1993).

« Peu de gens auraient pu conclure cet échange, a souligné Langway. Je ne sais pas comment il y est parvenu. Ç’a changé ma carrière. Il a transporté ma carrière à un autre niveau. »

Une culture gagnante et une atmosphère familiale étaient deux choses importantes pour Poile. Comme son père, il avait l’habitude d’inviter des joueurs chez lui durant l’été pour apprendre à mieux les connaître.

« Il est la personne la plus authentique à qui j’ai parlé dans ma vie, a dit Laughlin. Il bâtissait toujours une culture et une attitude gagnantes. C’est la raison pour laquelle il a eu du succès à Washington et à Nashville. »

Quand les Capitals n’ont pas renouvelé le contrat de Poile après avoir raté les séries en 1996-97, il n’a pas été sans emploi très longtemps. Il est devenu le premier DG de l’histoire des Predators le 9 juillet 1997, plus d’un an avant leur premier match.

Poile s’est vu offrir la possibilité de diriger une équipe établie, mais il était intrigué par le fait de bâtir une organisation à partir de rien.

« J’ai saisi l’opportunité à Nashville pour cette raison, précisément, a-t-il mentionné. Pour le meilleur ou pour le pire, j’avais le sentiment que j’aurais mon mot à dire sur tout au sein de l’organisation. Tu embauches tout le monde, tu contribues à la conception du vestiaire et des installations d’entraînement, et plus encore. »

Certains ont conseillé à Poile d’embaucher un entraîneur expérimenté, car l’équipe allait inévitablement connaître des difficultés au départ. À l’époque, les règles d’expansion n’étaient pas aussi avantageuses qu’aujourd’hui, puisqu’elles permettaient aux équipes de protéger presque toute leur formation. Poile a fait tout le contraire en engageant Trotz, qui avait conduit Portland, le club-école de Washington dans la Ligue américaine de hockey, à la Coupe Calder en 1994, mais qui n’avait encore jamais été entraîneur dans la LNH.

« J’avais l’impression que, de toute façon, il y aurait de nombreux changements à l’équipe dans les premières années, avant que nous devenions des prétendants sérieux, a argué Poile. Quand nous sommes devenus prétendants, j’avais un entraîneur très expérimenté en Barry Trotz. »

Trotz a dirigé les Predators pour leurs 15 premières campagnes (1998 à 2014) et il a été une présence rassurante dans les moments difficiles lors des premières années. Poile avait un plan précis pour bâtir les Predators. Dès le repêchage d’expansion, il a acquis des choix additionnels au repêchage amateur ainsi que des joueurs dans divers échanges.

Poile a également mis sous contrat l’attaquant Tom Fitzgerald pour qu’il soit le premier capitaine de Nashville. Fitzgerald avait vécu un processus d’expansion avec les Panthers de la Floride et les avait aidés à atteindre la finale de la Coupe Stanley en 1996, à leur troisième saison. Ce fut un processus graduel, mais la patience de Poile a rapporté, quand les Predators se sont qualifiés pour les séries pour la première fois en 2004. À partir de là, ils ont participé au tournoi printanier 15 fois en 19 campagnes.

« Il a bâti cette organisation à l’aide du repêchage », a dit Fitzgerald, aujourd’hui DG des Devils du New Jersey. « Il accumulait les choix et continuait à lancer des dards. Il a souvent frappé dans le mille. Il faut attribuer du mérite aux dépisteurs, mais il n’a jamais dévié de sa vision pour cette organisation.

« Avoir une vision est une chose, mais l’exécuter en est une autre. Il a placé l’organisation en position avantageuse à long terme grâce à ces choix et aux joueurs de premier plan qu’il a acquis. »

Poile était également patient avec ses entraîneurs. Extrêmement loyal, il a embauché seulement six entraîneurs : Bryan Murray, Terry Murray et Jim Schoenfeld à Washington, et Trotz, Peter Laviolette et John Hynes avec Nashville.

Mais Poile ne craignait pas de procéder à des changements. Ses 357 transactions sont un sommet pour un DG dans l’histoire de la LNH.

« Que ce soit les joueurs, l’entraîneur ou des membres de la direction, tu as parfois besoin de faire des changements, a expliqué Poile. Mais je suis fier de la manière dont je l’ai fait. Je pense que j’ai été loyal et je trouve que j’ai bien travaillé avec tout le monde, sur la glace et à l’extérieur. »

Poile considère l’acquisition de l’attaquant Filip Forsberg, des Capitals, en retour des attaquants Martin Erat et Michael Latta, le 3 avril 2013, comme l’une de ses meilleures transactions avec Nashville. Il a également bien paru en échangeant le défenseur des ligues mineures Timo Helbling au Lightning de Tampa Bay, le 25 février 2004, en retour d’un choix de huitième ronde au repêchage 2004.

Ce choix lui a permis de repêcher le gardien Pekka Rinne, qui a joué 15 saisons avec Nashville et remporté le trophée Vézina à titre de meilleur gardien de la LNH en 2018.

Poile a décrit l’échange du défenseur Shea Weber, qu’il avait repêché en deuxième ronde (49e au total) en 2003, aux Canadiens de Montréal en retour du défenseur P.K. Subban, le 29 juin 2016, comme « l’une des journées les plus difficiles de ma carrière. » Si Subban a aidé les Predators à atteindre la finale de la Coupe Stanley en 2017, cet échange hante encore Poile, en partie parce que Weber s’assure qu’il ne l’oublie pas.

« Je lui répète toujours qu’il a fait une mauvaise transaction durant sa carrière, a lancé Weber. Mais il devra vivre avec celle-là. »

Par coïncidence, Weber sera également intronisé au Temple de la renommée le 11 novembre. Poile est fier que lui et Weber, qui a joué ses 11 premières saisons avec Nashville (2005 à 2016), entrent au Temple en même temps.

« C’est vraiment unique et génial », a dit Poile.

Et Weber comprend mieux que quiconque ce que Poile a représenté pour les Predators et pour sa carrière.

« Il a accompli tellement de choses pour le hockey, et quand j’étais à Nashville, il a bâti nos équipes pour nous donner une chance de gagner chaque année, a mentionné Weber. Ça signifie beaucoup pour moi (d’être intronisé en même temps que lui) en raison de notre relation et de tout ce que nous avons traversé. »