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ARLINGTON, Va. - Lorsque les Capitals de Washington sauteront sur la patinoire mercredi soir pour leur match d'ouverture face aux Bruins de Boston, les caméras seront braquées sur la bannière des champions de la Coupe Stanley qui sera hissée au plafond du Capital One Arena.
Mais elles seront aussi tournées en direction de Todd Reirden, qui dirigera son premier match dans la LNH.

Il s'agit du plus important changement chez les Capitals durant la saison morte, eux qui compteront pratiquement sur la même équipe que celle qui a vaincu les Golden Knights de Vegas en Finale, si ce n'est que le joueur de centre de quatrième trio Jay Beagle et le deuxième gardien Philipp Grubauer sont partis sous d'autres cieux.
Après quatre saisons avec Washington comme adjoint et entraîneur associé, Reirden a obtenu une promotion en remplaçant Barry Trotz le 29 juin. Trotz poursuivra sa carrière comme entraîneur-chef avec les Islanders de New York après ne pas avoir été en mesure de s'entendre avec l'équipe de la capitale américaine.
« Je sens que je suis très prêt, a indiqué Reirden. Je dirais que ça fait quelques années que je suis prêt. »
Bien sûr, prendre les rênes de l'équipe sacrée championne de la Coupe Stanley est une lourde commande, mais Reirden affirme qu'il peut faire face à ce défi.
« C'est intéressant comme défi parce qu'il n'y a pas de manuel de l'utilisateur. Je vais devoir me fier à ce que je ressens, au pouls de la chambre et aux épreuves auxquels font face les joueurs. »
Reirden estime d'ailleurs que sa propension à saisir le pouls du vestiaire est l'une de ses forces. Il a la réputation d'être bon pour développer de jeunes joueurs, mais aussi pour bien communiquer avec les joueurs vedettes.
Il est le seul entraîneur qui a travaillé avec Sidney Crosby - il a été adjoint chez les Penguins pendant quatre saisons - ainsi qu'avec Alex Ovechkin. Les deux n'avaient que de bons mots à dire à son endroit.
« Il est capable d'obtenir le meilleur des gars de la bonne façon, a affirmé Crosby. Il y a des joueurs qui ont besoin d'être poussés plus que d'autres. Il y a aussi des gars qui ont besoin d'une présence qui va les calmer. Il est capable de passer son message, et les meilleurs entraîneurs sont ceux qui sont capables de le faire et d'obtenir le meilleur de ses joueurs. »
Les Capitals s'attendent à ce que la transition se déroule rondement.
« Ce qui est le plus important, c'est qu'il nous connaît déjà, il n'a pas à découvrir qui nous sommes, a rappelé Ovechkin. Ça fait tant d'années qu'il est avec nous, il a déjà l'expérience pour nous permettre de gagner. »
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Comme joueur, Reirden a roulé sa bosse un peu partout à titre de défenseur de 6 pieds 5 pouces qui, après avoir gradué de l'Université Bowling Green, a disputé 13 saisons professionnelles, dont 183 matchs dans la LNH en cinq campagnes avec les Oilers d'Edmonton, les Blues de St. Louis, les Thrashers d'Atlanta et les Coyotes de Phoenix. Rien ne lui a été donné.
Jerry York, qui a dirigé Reirden à Bowling Green, se souvient de Reirden comme d'un projet quand il a joint l'équipe à titre de joueur sans bourse d'études. Après sa deuxième année, il avait réussi à obtenir un rôle régulier, mais aussi une bourse.
« C'est une bonne histoire, a mentionné York. Tout le monde me demande si je pensais qu'il allait devenir entraîneur-chef dans la LNH. Je ne le savais pas, mais ce que je savais, c'est qu'il allait connaître du succès, que ce soit en affaires, en éducation ou peu importe parce qu'il est quelqu'un qui veut. »
L'entraîneur-chef des Oilers, Todd McLellen, qui a dirigé Reirden à Houston dans la Ligue américaine en 2004-2005, a lui aussi rapidement constaté ce désir de connaître du succès. Les années d'expérience dans le hockey faisaient de Reirden un atout, et lorsque le défenseur a été ennuyé par une blessure, McLellan lui a demandé de faire ses premiers pas dans le rôle d'entraîneur avec des jeunes joueurs comme le défenseur des Sharks de San Jose Brent Burns et le capitaine du Wild du Minnesota Mikko Koivu.
« Ils sont nombreux, les joueurs qui veulent devenir entraîneur après leur carrière… jusqu'à ce qu'ils réalisent ce que ça signifie, a lancé McLellan. Plusieurs prennent du recul et décident d'aller faire d'autre chose. C'est correct. Mais Todd n'a jamais reculé. À vrai dire, plus ça allait, plus il en voulait. »
Après avoir mis un terme à sa carrière européenne en 2007, Reirden est retourné à Bowling Green à titre d'adjoint. Puis, au terme de la saison 2007-2008, Chuck Fletcher, alors directeur général des Penguins, a demandé à Reirden s'il était intéressé à donner un coup de main à la filiale de l'équipe à Wilkes-Barre/Scranton dans la LAH durant les séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
C'est à cet endroit qu'il a retrouvé son ancien coéquipier à Bowling Green et Cincinnati (LAH) Dan Bylsma, qui était l'adjoint de Todd Richards avec le club. Un job bénévole, sans salaire, mais ça n'a pas empêché Reirden de sauter dans l'aventure, en plus de faire du recrutement pour Bowling Green au même moment.
« Ça en dit long sur lui, a dit Bylsma, qui a remporté le Coupe Stanley avec les Penguins la saison suivante et qui est maintenant adjoint chez les Red Wings de Detroit. Il veut toujours en apprendre sur le hockey et il travaille fort. Chaque fois qu'on lui a offert une chance, il a agi de cette manière. »
La saison suivante, Reirden est devenu adjoint à temps plein avec Wilkes-Barre/Scranton. Puis, Bylsma a pris la relève de Michel Therrien chez les Penguins alors que 57 matchs avaient été disputés dans la saison 2008-2009, et l'équipe affiliée est devenue celle de Reirden.
Bylsma et Reirden ont de nouveau été réunis en 2010-2011 quand le premier a fait appel au deuxième pour s'occuper des défenseurs et de l'avantage numérique. Un travail qui a duré quatre années, avant que Reirden ne soit libéré par les Penguins. Les Capitals et Barry Trotz ont fait appel à ses services dans le même rôle en 2014-2015. Ça n'a pas pris une éternité avant que certaines équipes démontrent de l'intérêt pour lui offrir un rôle d'entraîneur-chef.
Lorsque les Flames de Calgary ont eu besoin d'un entraîneur-chef en 2016, Reirden a été parmi les finalistes, mais on lui a préféré Glen Gulutzan. Il aura dû attendre deux ans de plus avant de finalement obtenir sa chance avec les Capitals. Reirden remercie Trotz de l'avoir aidé, même s'il savait qu'il ouvrait la voie à son possible successeur. Une situation qui pouvait sembler bizarre lors de la dernière saison, puisque Trotz en était à sa dernière année de contrat et qu'un remplaçant évident était à ses côtés. Mais Reirden a tenu à ce que ça ne devienne pas une distraction.
« Nous avons toujours terminé nos discussions en disant : ''Il faut gagner la Coupe Stanley et tout va s'arranger'', a raconté Reirden. Nous sommes très compétitifs, nous voulions gagner et nous avions besoin l'un de l'autre pour connaître du succès comme nous l'avons fait avec ce groupe. »
Maintenant devenu le patron derrière le banc, Reirden tentera de mettre en pratique les conseils de Trotz, mais aussi d'autres entraîneurs qui l'ont influencé, dont McLellan, Bylsma ainsi que l'actuel pilote des Blackhawks de Chicago Joel Quenneville, qui l'a dirigé alors qu'il était joueur chez les Blues de St. Louis.
Reirden devra surtout être lui-même. Ses joueurs l'appréciaient comme adjoint parce qu'il était positif et honnête. Comme chef d'orchestre, il y a certains moments où il devra pousser ses joueurs pour obtenir davantage d'eux, mais il ne veut pas changer son approche.
« Je pense que ce qui m'a aidé à développer des joueurs lors des huit ou neuf dernières années, c'était d'être en mesure de comprendre les joueurs et de les placer dans un environnement demandant, mais dans lequel ils allaient avoir du plaisir. Avec les hockeyeurs d'aujourd'hui, tu dois faire preuve de plus de compréhension, les guider, créer un lien avec eux et être en mesure de communiquer pour les aider à ce qu'ils poussent tous dans la même direction. »