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CHICOUTIMI – Il suffit de passer quelques minutes avec Alex Huang et ses parents pour comprendre que la pomme n’est pas tombée bien loin de l’arbre.

Pas de doute, le côté cérébral et le dévouement du défenseur des Saguenéens de Chicoutimi envers son sport lui viennent de son père Hai et de sa mère Xiang Rong Lu. En ce dimanche après-midi d’octobre, le couple a fait l’aller-retour entre le domicile de Boisbriand et Chicoutimi pour voir fiston en action.

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« On essaie de venir le plus souvent possible », lance Hai, dans les gradins du Centre Georges-Vézina. « Nous sommes abonnés à la webdiffusion, mais ce n’est pas la même chose qu’en personne. Parfois, on ne voit même pas Alex dans l’image parce que la caméra suit la rondelle. On se déplace même à Baie-Comeau. »

« J’adore conduire », ajoute tout de suite sa mère. « Je dis toujours que je suis la pilote et la cuisinière! »

Huang en est à sa deuxième saison avec les Saguenéens, mais c’est la première fois que Xiang Rong peut mettre à profit ses talents de conductrice sur une base régulière. L’an dernier, le couple avait loué un appartement au Saguenay pendant huit mois pour aider Alex dans son adaptation.

Il avait connu une très bonne première campagne en amassant huit buts et 36 points en 61 matchs.

« Il faisait face à des changements importants dans deux sphères de sa vie : le passage au niveau junior et son départ du nid familial, a expliqué Hai. On avait le luxe de pouvoir l’accompagner, alors on lui a proposé de déménager avec lui pour qu’il se concentre sur le hockey. Aussi, parce que je me serais ennuyé! »

Une initiative plutôt inhabituelle, mais qui a rapidement été acceptée par le directeur général et entraîneur-chef de l’équipe Yanick Jean.

« Je souhaiterais ça à chaque jeune de 16 ans », a-t-il affirmé, assis dans son bureau. « Ce n’est pas facile de partir de la maison à cet âge. En aucun temps, on ne s’est inquiété qu’il s’ennuie de la maison. Ç’a été une année facile en termes d’intégration pour lui. »

Il était clair, dans l’entente entre Alex et ses parents, que l’expérience ne durerait qu’une saison. Depuis son retour à Chicoutimi à la fin de l’été, le défenseur est en pension et apprend à voler un peu plus de ses propres ailes. Il reconnaît l’impact qu’a eu le soutien indéfectible de sa petite famille.

« Maintenant que j’ai joué à ce niveau-là, je sais à quoi m’attendre, a commenté le principal intéressé. Il ne me reste qu’à m’adapter à ma nouvelle pension, mais tout va très bien de ce côté. Le fait d’avoir étalé les deux gros changements sur deux ans a facilité mon développement.

« Mes parents m’ont toujours soutenu à cent pour cent depuis que je suis jeune. Ils se rangent derrière chacune de mes décisions. Ils ont fait tellement de sacrifices depuis que je suis jeune. Sans eux, je ne sais pas où je serais rendu. Ils sont une partie essentielle de ma vie. »

C’est manifestement réciproque. Les Huang, qui ont immigré de Chine au début des années 2000, ont appris à aimer le hockey à travers la passion de leur fils unique. Une passion découverte quand il a assisté au match de hockey mineur du frère d’un ami, à l’âge de trois ans.

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C’est en quelque sorte devenu une façon pour eux de s’intégrer à la culture de leur nouveau pays. Les quelques mois passés à Chicoutimi, l’an dernier, n’étaient qu’une autre expérience dans leur parcours.

« On a pris ce qu’on pensait être la meilleure décision à ce stade de sa carrière, a dit Hai. Ces huit mois ont probablement été nos meilleurs en 25 ans au Canada. Ça nous a donné la chance de voir de près ce qu’était l’aventure de la LHJMQ et la manière dont les jeunes pourchassent le rêve ultime. »

Un rêve familial

Maintenant qu’il a 17 ans, Alex fait partie des rares qui peuvent justement aspirer à ce rêve ultime. Le défenseur à caractère offensif est désormais considéré comme un potentiel choix de quatrième ou de cinquième tour par le Bureau central de dépistage de la LNH.

Derrière le rêve qu’il caresse se cachent de nombreuses heures d’entraînement, de travail et d’échanges analytiques avec son père, qui a appris les rudiments du sport à travers les vidéos et les livres.

« Mes parents sont comme ça, a raconté Alex. Mon père est quelqu’un de perfectionniste. Quand il se concentre sur quelque chose, il veut faire de son mieux. Il est dévoué comme ça dans tout ce qu’il fait. Dès qu’il a vu que j’aimais le hockey, il a voulu m’aider immédiatement. »

« Alex est constamment en analyse, c’est un cérébral, a confirmé Jean. Il est capable de séparer tout son match par phase et de se remettre en question. L’analyse qu’il fait de ses matchs est incroyable. »

À entendre Hai parler de systèmes défensifs, de sorties et d’entrées de zone pendant de nombreuses minutes en pointant la glace déserte du vétuste aréna, il est facile de voir d’où le rejeton tient cette capacité d’analyse. Il est aussi facile de comprendre comment il s’est rendu aux portes de la LNH.

« Quand il a commencé à jouer, on savait qu’il y avait une ligue professionnelle, mais c’était loin, a conclu Hai. On ne pensait pas que c’était possible. Alex a travaillé pour s’y rendre. Il est dans une bonne posture, mais il doit demeurer humble et continuer de travailler. Le repêchage n’est que la première étape. »