Schenn et Myers mettent leur amitié de côté en première ronde

NASHVILLE – Luke Schenn ne s’attendait pas nécessairement à recevoir ce message texte, mais le défenseur des Predators de Nashville n’a pas été surpris de le voir s’afficher sur son téléphone juste avant la fin de la saison régulière.

Ce message provenait de l’un de ses plus vieux amis, le défenseur des Canucks de Vancouver Tyler Myers.

« C’était tout juste avant leur dernier match contre Winnipeg, alors que nous venions d’avoir la confirmation que nous allions nous affronter, a noté Schenn. Il m’a souhaité bonne chance pour la série, et il a mentionné que nous allions nous reparler et nous donner une grosse accolade quand elle allait être terminée. »

Il s’agira d’un moment aigre-doux pour les deux joueurs lorsqu’ils vont se retrouver pour la poignée de main, ce qui pourrait survenir dès le match no 5 de leur série de première ronde dansa l’Association de l’Ouest entre les Canucks et les Predators au Rogers Arena mardi (22 h HE; TVAS, SNE, SNO, SNP, BSSO, TBS, MAX). Vancouver a effacé un retard de deux buts tard en troisième période pour battre Nashville 4-3 en prolongation dans le match no 4 dimanche, et ainsi prendre une avance de 3-1 dans cette série quatre de sept.

« Nous sommes devenus de bons amis pendant notre carrière, a mentionné Myers. C’est toujours un peu bizarre de l’affronter, mais nous savons tous les deux ce qui est à l’enjeu à ce moment de l’année, alors nous mettons notre amitié de côté pour l’instant. »

L’amitié de Schenn et Myers remonte à 2006, alors qu’ils étaient deux jeunes joueurs de 16 ans qui habitaient dans la même famille d’accueil, eux qui évoluaient à Kelowna dans la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL).

Schenn, qui est l’aîné de Myers par trois mois, allait conclure sa première saison complète dans la WHL en 2005-06 lorsque Myers a été rappelé par Kelowna en février 2006 au terme de sa saison bantam avec les Hounds de Notre Dame.

« Je n’en revenais pas à quel point il était un bon patineur, a raconté Schenn au sujet de Myers. J’avais entendu parler de ce grand défenseur, repêché tôt, qui allait débarquer. Je me souviens simplement de son excellent coup de patin. Il possédait évidemment un style robuste et physique, mais il avait aussi des aptitudes offensives.

« Il était très discret en dehors de la glace. Il était calme et timide, et il ne parlait pas beaucoup. Je pense qu’il était peut-être un peu nerveux de s’amener au sein d’un groupe de joueurs plus vieux, loin de chez lui, mais on pouvait voir qu’il était très gentil et articulé. »

Cette amitié s’est développée malgré leurs personnalités opposées. Schenn, à l’époque comme aujourd’hui, est plus extraverti ainsi qu’un leader naturel, tandis que Myers est toujours aussi discret, et préfère laisser son jeu parler pour lui.

« Je ne pense pas que [Schenn] a déjà fait partie d’une équipe où ses coéquipiers ne l’ont pas apprécié, et ils étaient toujours déçus quand il devait partir », a assuré Bruce Hamilton, propriétaire et directeur général de Kelowna depuis la fondation de l’équipe en 1991. « C’est le type de joueur qu’il est.

« Tyler est un gars plus réservé. L’histoire associée à Tyler Myers lorsqu’il a remporté le trophée Calder m’a marqué. J’étais allé à Vegas pour l’occasion, et il a remercié les Rockets de Kelowna, ce qui m’a grandement touché. Habituellement, quand ces gars-là atteignent le prochain niveau, ils oublient de faire ça. Tyler Myers n’a jamais oublié d’où il venait. Et c’est pourquoi il a toujours occupé une place très spéciale dans notre organisation. »

Schenn et Myers ont disputé trois saisons ensemble à Kelowna, neuf matchs en 2005-06, puis la totalité des saisons 2006-07 et 2007-08.

Au repêchage 2008, Schenn a été sélectionné par les Maple Leafs de Toronto au cinquième rang au total et a joué dans la LNH à l’âge de 18 ans. Myers, choisi par les Sabres de Buffalo au 12e échelon, a passé une autre saison avec Kelowna avant de faire le saut dans la LNH au début de la saison 2009-10.

Leurs parcours dans la LNH les ont menés vers des endroits différents. Myers a remporté le trophée Calder à titre de recrue de l’année en 2010 et il a récolté 371 points (93 buts, 278 passes) en 995 matchs de saison régulière avec les Sabres, les Jets de Winnipeg et les Canucks. 

« Il a fait son entrée, a reçu le titre de recrue de l’année et a connu une saison incroyable, a dit Schenn. Quelques hauts et quelques bas ensuite à Buffalo, puis il a été échangé, mais pour la majorité de sa carrière, je dirais qu’il s’est établi comme un défenseur top-4. »

La route a été un peu plus ardue pour Schenn, qui a dû rebâtir sa confiance après avoir été placé au ballotage et envoyé dans la Ligue américaine de hockey (LAH) par les Ducks d’Anaheim en 2018-19. Il a fait la navette entre la LAH et la LNH pendant les trois saisons suivantes, mais il est devenu un élément important du Lightning de Tampa Bay dans les conquêtes de la Coupe Stanley de l'équipe en 2020 et en 2021, disputant des matchs de séries dans chacune de ces deux saisons. Après deux campagnes avec Myers à Vancouver et une autre avec les Maple Leafs, il a signé un contrat de trois ans d’une valeur de 8,25 millions $ (moyenne annuelle de 2,75 millions $) avec les Predators le 1er juillet dernier. 

Il a inscrit 198 points (43 buts, 155 passes) en 996 matchs de saison régulière avec huit équipes. 

« Il a connu une carrière incroyable, a soulevé Myers. Il a travaillé extrêmement fort pendant quelques années pour retrouver le bon chemin et je suis vraiment content pour lui de voir où ça l’a mené aujourd’hui. Il mérite tout ce qu’il possède. »

Les deux sont aujourd’hui âgés de 34 ans, sont mariés et ont trois enfants. Mais ils trouvent encore le moyen de rester en contact, que ce soit au téléphone ou en personne quand la folie d’une saison de la LNH le permet. 

« Ils avaient une journée de congé à Nashville, et [Myers] m’a texté le matin en me disant : "Hey, je vais passer te voir, où habites-tu?", a raconté Schenn. Je lui ai répondu et il m’a dit qu’il viendrait faire un tour pour environ une heure. Il était environ 13 heures quand ç’a sonné à ma porte. Il est arrivé en compagnie [du gardien des Canucks Thatcher] Demko. Il a amené Demko avec lui sans même me le dire. 

« Il était censé être là pour une heure et prendre un café, et la prochaine chose que tu sais, c’est que le cadran affiche 21 heures, que nous avons pris le repas ensemble et qu’il est en train de jouer au mini-hockey avec mes enfants à l’étage. Nous avons vraiment passé du bon temps. »

Hamilton partage encore un lien avec Schenn et Myers. Il parle fréquemment avec Schenn pendant la saison morte et il téléphone souvent à Paul Myers, le père de Tyler, l’un de ses plus grands partisans pour les joueurs qui considère jouer pour les Rockets. 

Il ne prend pas pour l’un ou pour l’autre, il ne fait que regarder avec fierté le chemin parcouru par les deux anciens adolescents qui partageaient le même toit. 

« Ils représentent tous les deux ce que nous avons toujours voulu voir chez nos anciens joueurs, a dit Hamilton. Ils ont grandi, ils ont évolué, mais ils n’ont jamais oublié d’où ils viennent. Ils étaient de jeunes adultes exemplaires. Et de mon point de vue en tant que gestionnaire de cette équipe, ce n’est pas seulement basé sur le fait de jouer ou non dans la LNH. 

« Je veux des gars qui sont de bonnes personnes, de bons citoyens et des gens productifs dans la société. Ces deux-là en sont l’exemple parfait. »