MONTRÉAL - « On l’aimait quand on est allés le chercher, et on l’aime encore plus maintenant. »
C’est ainsi que l’entraîneur-chef du Club de hockey de l’Utah André Tourigny a décrit l’impact de l’arrivée de Mikhail Sergachev à la ligne bleue de l’équipe. La nouvelle formation de la LNH a frappé un grand coup le 29 juin en mettant la main sur le défenseur dans un échange avec le Lightning de Tampa Bay en retour de Connor Geekie, J.J. Moser et des choix de deuxième et septième rondes au repêchage, et elle n’a pas été déçue.
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En Utah, on espérait que Sergachev devienne immédiatement le défenseur numéro un de l’équipe. Celui qui serait utilisé à toutes les sauces, et surtout, celui qui permettrait aux joueurs de l’Utah de participer aux séries éliminatoires, ce qu’ils n’ont pas fait depuis 2019-20, alors qu’ils étaient les Coyotes de l’Arizona.
Sergachev a amassé 14 points (cinq buts, neuf passes) en 21 matchs depuis le début de la saison. Avec un temps de jeu de 25:29, il est non seulement le joueur le plus utilisé par Tourigny, mais il est aussi cinquième dans la LNH. Et comme si ce n’était pas assez, il est aussi premier chez les défenseurs de son équipe pour le temps de jeu en avantage et en désavantage numérique.
« C’était un peu un choc (quand j’ai été échangé), mais vous savez, j’ai pris un peu de recul, j’ai parlé à mon épouse et à mes parents et j’ai réalisé que c’était une opportunité pour moi de me joindre à cette nouvelle organisation et de me retrouver dans un rôle de leader. C’est ce que je voulais », a-t-il souligné.
Car Sergachev n’a jamais vraiment pu se mettre en valeur à Tampa Bay. L’ancien choix de première ronde (9e) des Canadiens de Montréal en 2016 s’est toujours retrouvé derrière Victor Hedman avec le Lightning. Pas facile de sortir de l’ombre d’un joueur qui a remporté le trophée Norris, remis au meilleur défenseur de la LNH, et le trophée Conn-Smythe. La porte s’était légèrement ouverte lors de la saison 2022-23 pour Sergachev, qui avait hérité de la première vague du jeu de puissance et qui avait terminé l’année avec 64 points en 79 parties. Nul doute qu’il avait le potentiel pour se hisser parmi la crème de la LNH.
Mais Hedman a repris ces responsabilités l’année dernière, et le malheur a voulu que Sergachev subisse deux blessures importantes, dont une fracture du tibia et du péroné qui a mis fin à sa saison. Il a été limité à 34 matchs et 19 points, et il avoue avoir pensé qu’il pourrait être le joueur échangé par le Lightning afin de respecter le plafond salarial.
« Je savais que quelqu’un devait être échangé à Tampa en raison des gros contrats, a-t-il dit. Mais ici, j’essaye d’être un leader, d’être un défenseur numéro un, et je veux jouer un maximum de minutes et aider l’équipe à gagner. C’est ce que je ne pouvais pas faire à Tampa, surtout l’an dernier, même si je l’avais fait un peu l’année d’avant. Ici, je peux jouer en avantage numérique et dans toutes les situations. On me donne le feu vert pour tout faire sur la glace. »
Sergachev sentait-il qu’il avait la pression de se prouver en Utah? Tourigny ne croit pas que c’était nécessaire.
« Après avoir gagné la Coupe Stanley deux fois, avoir participé à trois finales d’affilée, avoir connu une saison de 60 points, je ne sais pas s’il sentait qu’il avait le besoin de se prouver. En tout cas, il n’avait pas besoin de se prouver à nous. Mais ce qu’on a appris à connaître du jeune homme, c’est à quel point il est sérieux, à quel point il est déterminé, à quel point il est professionnel et qu’il démontre du leadership. »
L’impact d’Hedman
Se retrouver dans l’ombre d’un Hedman a ses côtés négatifs pour un jeune défenseur en montée qui a soif de temps de jeu comme l’était Sergachev, qui est âgé de 26 ans. Mais il y a aussi plusieurs côtés positifs, en particulier quand un vétéran de cette trempe fait de toi son protégé.
C’est maintenant ce que tente de faire Sergachev avec ses nouveaux coéquipiers en Utah.
« ‘Vic’ m’a pris sous son aile pendant sept ans, a-t-il rappelé. Aujourd’hui, j’utilise ses stratégies. Vous savez, parfois, ce n’est pas utile de parler (dans un vestiaire), mais à d’autres moments, oui. Vic n’était pas quelqu’un qui parlait beaucoup, mais il parlait au bon moment. C’est ainsi que je veux agir. »
La prochaine étape sera de mener l’équipe en séries éliminatoires, comme Hedman l’a fait avec le Lightning lors de 10 des 11 dernières saisons. À quelques heures du match contre les Canadiens au Centre Bell (19 h HE; RDS, TSN2, Utah16) mardi, l’Utah a une fiche de 8-10-3 et est à cinq points de la deuxième place de quatrième as dans l’Association de l’Ouest. Ce n’est pas assez, mais l’équipe n’est pas si loin de son objectif selon Sergachev, surtout si elle peut peaufiner son jeu en attaque massive (20e de la LNH) et en infériorité numérique (25e). L’Utah a été la formation la plus punie dans la LNH depuis la mi-novembre, et l'équipe en a payé le prix avec un dossier de 1-4-0.
« Les gars savent qu’ils doivent gagner et que nous devons faire les séries, a lancé Sergachev. Nous sommes en train de nous rendre là où nous voulons aller. Les trois derniers matchs ont été mieux, mais les pénalités nous ont fait mal.
« Mais je pense que nous allons nous en tirer. »