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Maintenant que Justin Poirier a réalisé l’exploit d’atteindre la marque des 50 buts à l’âge de 17 ans – une première dans la LHJMQ depuis Sidney Crosby – l’attaquant du Drakkar de Baie-Comeau peut se tourner vers les séries éliminatoires et sur la nouvelle occasion qui se présente à lui.

Au sein de l’équipe championne de la saison régulière, le jeune homme peut aspirer aux grands honneurs d’un point de vue collectif, et pourrait, du même coup, continuer de faire grimper sa valeur en vue du prochain repêchage. Le parcours du Drakkar s’amorcera contre les Islanders de Charlottetown, vendredi.

« En séries, les statistiques individuelles ne comptent plus. Les dépisteurs ont vu ce qu’ils avaient à voir. Plus on se rend loin, plus nos joueurs vont en bénéficier. C’est payant de jouer du hockey de séries », a lancé l’entraîneur-chef du Drakkar, Jean-François Grégoire, au balado La tasse de café de LNH.com.

Pour voir ce qu’ils avaient à voir, les dépisteurs des équipes de la LNH ont été servis par Poirier.

Malgré son petit gabarit (5 pieds 8 pouces, 190 livres) qui fait toujours jaser, le franc-tireur a rempli les filets adverses avec une belle constance tout au long de la campagne. Il a enfilé son 50e avec deux matchs à disputer à la saison, et en a ajouté un autre pour la route, arrêtant le compteur à 51.

Il s’est ainsi assuré de mettre la main sur le trophée Mario-Lemieux, remis au meilleur buteur du circuit. Mais Grégoire s’est aussi donné comme mission que son poulain ne se fasse pas remarquer uniquement en raison de son tir dévastateur et de sa capacité à toucher la cible. 

« On voulait qu’il continue d’utiliser ses forces, mais aussi montrer que son identité ne se limitait pas qu’à ça pour faire oublier les aspects plus négatifs comme sa grandeur, a dit le pilote. Justin ne joue pas petit et il n’est pas unidimensionnel. Oui, à la base, il a des caractéristiques offensives. 

« Mais c’est un gars qui se replie et qui vient aider ses coéquipiers dans son territoire. Nous, on demande l’engagement de tout le monde sans la rondelle et Justin grandit dans cet environnement depuis deux ans. L’attaque peut te faire gagner un match du vendredi soir, mais la défensive te fait gagner les championnats. »

Malgré l’amélioration notée par Grégoire dans l’ensemble du jeu de Poirier, il semble que les dépisteurs peinent à se laisser séduire. Le nom de l’ailier droit venait au 73e échelon sur la liste de mi-saison des espoirs nord-américains du Bureau central de dépistage de la LNH. 

Poirier n’avait également pas reçu d’invitation pour le Match des meilleurs espoirs de la LCH/LNH au mois de janvier, alors que ce sont les équipes de la LNH qui choisissent les espoirs qu’elles veulent voir à l’œuvre.

« Je ne vois pas d’injustice là-dedans, a expliqué Grégoire. La game junior et la game professionnelle sont deux choses complètement différentes et les critères d’évaluation ne sont pas les mêmes. J’ai confiance qu’une équipe va l’appeler en juin prochain. Après, ce sera à lui de démontrer tous les éléments de son jeu. »

Une quête collective

À travers ces petites déceptions, le natif de Valleyfield a gardé le cap dans sa quête des 50 buts sans jamais se laisser atteindre. Ou presque. Et dans les passes plus difficiles, Grégoire était là pour recadrer le message.

« On a eu des discussions, surtout dans la période du match des meilleurs espoirs, a-t-il révélé. L’année de repêchage vient avec beaucoup de distractions et de pression, à commencer par celle que les jeunes se mettent sur les épaules. Parfois, ils croient que les chiffres vont prédominer sur leur façon de jouer.

« Justin a vécu une déception en n’étant pas invité et on sentait qu’il voulait marquer pour démontrer qu’il aurait dû y être. On a dû recentrer le message, et ç’a été la même chose avec tous nos espoirs. »

Les nuages de cette période se sont ensuite dissipés pour laisser place à la course contre la montre pour rejoindre Crosby dans l’histoire du circuit junior québécois. Une course à laquelle ont pris part tous ses coéquipiers, et même son entraîneur.

« On a pu le vivre avec lui parce que notre première place était assurée et qu’on a pu mettre un peu plus l’accent sur lui pour l’aider, tout en gardant de bonnes habitudes collectives, a conclu Grégoire. C’est arrivé que les gars ont été un peu trop généreux, mais on comprenait le contexte. C’était vraiment spécial, tout ça. »