MONTRÉAL – « Je l’ai rencontré une fois dans un restaurant à Candiac. Je ne l’avais pas reconnu. Mais la première chose que j’ai sue, c’est qu’il avait déjà payé pour ma facture. Il était blessé à ce moment, il portait un plâtre à sa jambe. J’ai fini par le reconnaître et je me suis levé pour le saluer et le remercier. »
Serge Savard a raconté cette anecdote au sujet de Shea Weber le 22 octobre dernier en marge de la cérémonie « Hommage aux champions » de la grande dynastie des années 1970 où les Canadiens avaient gagné la Coupe Stanley quatre ans d’affilée (1976 à 1979).
Savard n’a jamais entretenu un lien proche avec Weber.
C’est Marc Bergevin qui en avait fait son acquisition dans une transaction qui avait fait couler beaucoup d’encre pour P.K. Subban au mois de juin 2016. Savard avait quitté son siège de directeur général depuis déjà deux décennies quand Weber avait mis les pieds à Montréal pour une première fois.
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Malgré l’absence de contact direct, il y avait un lien entre les deux hommes. Il y a toujours un respect chez les hockeyeurs pour les générations précédentes. Quand Weber sautait sur la glace du Centre Bell, il pouvait également voir au plafond de l’édifice le numéro 18 de Serge Savard. Weber savait aussi que Savard avait porté le « C » de capitaine sur son chandail bien avant lui.
S’il y a une chose qu’il ne pouvait probablement pas prédire, c’est qu’un jour, les deux hommes se retrouveraient au Temple de la renommée du hockey. Savard a reçu cet immense honneur en 1986. Weber, quant à lui, ouvrira les portes du Temple lundi à Toronto.
« C’est un gars qui avait le talent nécessaire pour rentrer au Temple même s’il n’a jamais remporté la Coupe Stanley, a dit Savard. Il a joué pour Montréal et Nashville. On ne doit pas se surprendre de son entrée au Temple. Il était un défenseur complet et il a connu une belle carrière. »
De passage au Centre Bell le 22 octobre dernier, Peter Laviolette a également parlé de l’intronisation de Weber. Laviolette, qui est maintenant derrière le banc des Rangers de New York, a dirigé Weber lors de ses deux dernières saisons à Nashville.
« Je pouvais voir ce scénario (intronisation au Temple de la renommée) », a affirmé Laviolette quelques heures avant une victoire écrasante de 7-2 des Rangers contre le Tricolore. « Il était un grand meneur et un grand joueur. J’ai aimé mon temps avec lui à Nashville. Il représentait le défenseur puissant qui jouait de la bonne façon des deux côtés de la patinoire. Shea était un leader, mais aussi une bonne personne. »
Un leader silencieux
Dans le vestiaire du Tricolore, Nick Suzuki garde un précieux souvenir de ses jours avec le numéro 6.
Suzuki a hérité du titre de capitaine après Weber. Il a obtenu ce rôle pour le début de la saison 2022-2023 après une année où Weber demeurait le capitaine même s’il était à l’infirmerie pour toute la saison (2021-2022).
« Shea a eu une grande influence sur moi, a noté Suzuki. Je pouvais me tourner vers lui et lui poser des questions. Je n’hésitais pas à le faire pour des trucs sur la glace, mais aussi à l’extérieur. J’aimais le regarder jouer. Il a joué de gros matchs avec le Canada aux Jeux olympiques. Il était un leader incroyable. »
Aux yeux de Suzuki, la présence de Weber au Temple de la renommée est un choix logique.
« Il mérite sa place au Temple de la renommée, a-t-il répliqué. Il a joué un gros rôle pour plusieurs saisons et il était un défenseur dominant. Il faisait tout sur une glace. Il rentre au Temple à sa première année d’admissibilité. C’est encore plus cool. »
Suzuki n’hésite pas à le dire. Il a grandi comme jeune meneur lors de ses deux saisons où il partageait le même vestiaire que Weber (2019-2020 et 2020-2021).
« Je suis probablement un capitaine différent en raison de la présence de Shea, a-t-il souligné. Nous partageons une façon de mener assez similaire. Il était plus vieux, il avait plus d’expérience et il avait le respect de tout le monde, mais il était un leader silencieux. »
Joel Armia, qui détachait ses patins à la sortie d’un entraînement mercredi à Brossard, a rapidement relevé la tête quand il a entendu le nom de Weber.
« Shea était un excellent leader et un très bon coéquipier, a mentionné le Finlandais. Je cherche mes mots. Je le dis encore, il était un grand leader. Il était bon dans ce rôle en raison de sa prestance. Il utilisait les bons mots pour encourager l’équipe.
« Il n’était pas intimidant, pas du tout. Je trouve plus qu’il avait une figure paternelle, a poursuivi Armia. Tu pouvais lui poser un paquet de questions et il avait toujours de bonnes réponses. Je m’ennuie de lui. »
Pour la finale de la Coupe Stanley en 2021, où le CH a perdu en cinq matchs contre le Lightning de Tampa Bay, Weber avait gardé le secret au sujet de ses nombreuses blessures.
Suzuki et Armia ne savaient pas que leur capitaine venait de jouer un dernier match dans la LNH après l’élimination contre le Lightning.
« Je savais qu’il passait beaucoup de temps sur la table des thérapeutes de l’équipe, a dit Suzuki. Il était un guerrier. Il ne se plaignait pas. Comme jeune joueur, je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait endurer. Il ne se confiait pas à moi. Il parlait un peu plus avec les plus vieux. Cole et moi ignorions que c’était possiblement la fin pour lui après la finale de 2021. Nous étions sous le choc.
« C’était difficile de le voir partir. Je savais qu’il cachait des blessures, mais il jouait quand même du bon hockey pour nous. »
Carey Price et Eric Staal, deux autres meneurs au sein de cette équipe de 2021, obtenaient plus de confidences de la part de Weber qu’un jeune Suzuki.