Crosby

CRANBERRY, Pennsylvanie – Sidney Crosby a toujours le même refrain quand il est question de plateaux ou de records.

« C’est un beau chiffre », lance candidement le capitaine des Penguins de Pittsburgh.

Pour Crosby, les statistiques ont une signification, mais elles ne sont pas le point de mire. Elles mettent surtout en lumière la longévité.

Les noms rattachés à ces plateaux, les plus grands de tous les temps, sont ce à quoi il accorde de l’importance.

« C’est une chose à laquelle je pense beaucoup, a dit Crosby à LNH.com. Quand ça se produit ou que ça devient un sujet de discussion, tu apprécies le fait d'être en si belle compagnie. Tu y réfléchis un peu, mais pas trop.

« Le plus important est d’être un fervent amateur de ce sport, et en ayant grandi en regardant plusieurs de ces joueurs, je pense que c’est juste 'cool' de voir son nom parmi ceux-là. »

À 36 ans, Crosby continue de faire sa place parmi les plus grands, alors qu’il vient d’atteindre un autre plateau et qu’il en a quelques autres à sa portée.

Meneur des Penguins avec 84 points (39 buts, 45 passes) en 76 matchs, Crosby vient de réussir une 19e saison d’au moins un point par match pour égaler le record appartenant à Wayne Gretzky. Il a inscrit 20 points (sept buts, 13 passes) à ses 12 derniers matchs, après avoir obtenu seulement deux mentions d’aide en huit parties entre le 29 février et le 12 mars.

Comme Crosby, Gretzky avait maintenu une moyenne d’au moins un point par match dans chacune de ses 19 premières saisons, avant de conclure sa 20e et dernière campagne avec 62 points (neuf buts, 53 aides) en 70 rencontres avec les Rangers de New York en 1998-99.

« Ça ne me surprend pas. Pas du tout, en fait, a commenté le défenseur Kris Letang. En raison de tout le temps et le travail qu’il met afin de s’améliorer dans chaque facette de jeu. La constance est là chaque année. Rien d’étonnant. »

Crosby totalise 1586 points (589 buts, 997 passes) en 1266 matchs, à quatre points de Phil Esposito (1590) et du 10e rang de l’histoire de la LNH. Il a besoin de trois passes pour devenir le 14e joueur de tous les temps à atteindre le plateau des 1000. Il est également à 11 buts de devenir le 21e joueur à en avoir marqué 600.

Les Penguins (35-30-11) connaissent une saison en dents de scie, mais traversent une bonne séquence avec une fiche de 5-0-2 à leurs sept derniers matchs, à la suite de leur victoire de 4-1 contre les Capitals de Washington, jeudi. Grâce à cette séquence, Pittsburgh s’est approché à deux points d’une place en séries avec six matchs à jouer.

Comme l’a souligné l’entraîneur Mike Sullivan, n’est pas Crosby qui le veut.

« Il a tellement soif de victoires, a dit Sullivan. Il n’est jamais rassasié, il veut être le meilleur et il est prêt à tout pour y parvenir. Je pense que c’est un aspect important qui définit son héritage. C’est ce qui le rend si unique à plusieurs égards en comparaison avec les autres.

« C’est difficile pour moi de ne pas reconnaître et pointer cela quand on parle de tous les plateaux qu’il a atteints et de l’héritage qu’il a bâti jusqu’ici. C’est ce qui fait de lui un joueur unique parmi ceux que j’ai côtoyés. Il a cette passion et cette détermination à vouloir être le meilleur. »

PIT@NJD: Crosby marque un but en A.N. en 3e période

Cette impression ne se fait pas ressentir seulement à Pittsburgh.

« Je connais Sidney Crosby », a soutenu l’entraîneur des Blue Jackets de Columbus Pascal Vincent après la défaite de 3-2 contre les Penguins, le 28 mars, quand Crosby a récolté deux passes. « Je sais comment il s’entraîne l’été. Sa capacité à repousser ses limites afin de ne pas être confortable. C’est de cette façon qu’il s'améliore.

« Il est un mentor pour un gars qui n’est pas trop mauvais non plus, un certain [Nathan] MacKinnon. Ces deux-là s’entraînent ensemble. Et on le voit dans les matchs, ils font partie de l’élite. Il y a une raison pour ça. Ce n’est pas que du talent brut. Il y a plusieurs joueurs qui possèdent un talent brut. Ces deux-là ont trouvé une façon de repousser leurs limites. On voit le fruit de leurs efforts avec les carrières qu’ils ont. »

Crosby occupe un rôle de mentor depuis longtemps à Pittsburgh, un rôle qui est devenu encore plus important, tard cette saison, alors que des espoirs ont été rappelés du club-école de Wilkes-Barre/Scranton, dans la Ligue américaine.

L’attaquant Samuel Poulin, qui a disputé trois matchs avec les Penguins cette saison, est revenu sur sa sélection en première ronde (21e) au repêchage de 2019.

« Je me souviens d’être sorti du Rogers [Arena] à Vancouver, a raconté Poulin. Je sortais de l’aréna avec mon père et mon frère. Je regarde mon téléphone et je vois que Sid m’avait contacté. C’était génial. »

Le cas de Poulin n’est pas unique. Crosby a toujours pris soin de contacter les nouveaux joueurs, qu’ils soient des choix de repêchage, des joueurs autonomes ayant signé un contrat ou des acquisitions par le biais d’une transaction.

C’est le genre de chose qui a instauré une culture digne de ses (presque) 17 ans à titre de capitaine des Penguins, a estimé Sullivan.

« Quand tu regardes les statuts de nos joueurs, en surface, je pense que ça peut être intimidant pour un jeune de rentrer dans notre vestiaire, a dit l'entraîneur. Mais je pense que ce sentiment s’évapore rapidement parce que tous nos gars, Sid le premier, font en sorte que les jeunes ou les nouveaux joueurs se sentent bien accueillis.

« C’est important que chacun se sente important, respecté et inclus. Je pense que Sid prend les devants à ce chapitre. »

Crosby a lui aussi été le jeune joueur. Il a été accueilli par Mario Lemieux après avoir été sélectionné au tout premier rang, à l’âge de 17 ans, en 2005.

Malgré les énormes attentes, il n’y avait aucune garantie que Crosby allait remporter la Coupe Stanley à trois reprises (2009, 2016, 2017). Même chose pour le trophée Hart (2007, 2014), le trophée Art-Ross (2007, 2014), le trophée Maurice-Richard (2010, 2017) et le trophée Conn-Smythe (2016, 2017).

En tant que jeune homme, il ne savait pas que son nom finirait par sonner naturel aux côtés de ceux de Gretzky et de Lemieux.

En fait, il est ravi de ne pas s’en être rendu compte.

« Je ne serais probablement pas ici, a dit Crosby. Tu travailles et tu essaies de te rendre dans la LNH. Une fois que tu y es, tu tentes de gagner chaque soir. L’objectif et le rêve ont toujours été de jouer dans la LNH. Je suis encore reconnaissant envers cela.

« J’essaie d’en profiter au maximum chaque jour et de travailler le plus fort possible. Ça me mènera où ça me mènera. J’aime jouer au hockey. J’aime compétitionner et tenter de gagner des matchs. »