Antonin Verreault se souvient encore des premières listes d’espoirs publiées au début de son année d’admissibilité au repêchage de la LNH, en 2021-22.
Un an après avoir été sélectionné au deuxième rang au total à l’encan de la LHJMQ, les attentes étaient élevées envers le petit attaquant. Certains le voyaient même comme un éventuel choix de première ronde.
« Sur la première liste de (l’analyste) Craig Button, je pense que j’étais classé 22e, s’est-il souvenu au bout du fil. Je me faisais des idées. Ça devait être la plus belle année de ma vie. Finalement, ç’a été la pire. »
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Ennuyé par une blessure au poignet qui a éventuellement nécessité une opération, Verreault n’a pas répondu aux attentes et a été ignoré au repêchage. Il a été invité au camp de développement des Oilers d’Edmonton, mais n’a pu y participer puisque son poignet était toujours dans le plâtre.
Après une dernière saison en dents de scie avec les Olympiques de Gatineau, où il s’est retrouvé dans un rôle secondaire au sein d’une équipe aspirante, voilà qu’il est de retour en force avec les Huskies de Rouyn-Noranda. Là-bas, il est l’homme de confiance de l’équipe et il s’émancipe plus que jamais.
Avec un mois à faire à la saison régulière, Verreault trône au sommet du classement des pointeurs du circuit junior québécois grâce à sa récolte de 86 points en 54 matchs.
« Je n’ai jamais perdu confiance en moi, a affirmé le patineur de 19 ans. À 17 ans, je n’avais pas la bonne mentalité. Oui, le repêchage est important, mais tout ce que tu fais après pour décrocher un contrat et ultimement jouer ton premier match dans la LNH l’est encore plus.
« À 5 pieds 8 pouces, je savais de toute façon que ma chance viendrait plus tard, si jamais je l’ai. D’ici là, c’est le travail que je fais qui importe. Je regarde des matchs, je m’entraîne fort. Je ne mets pas l’accent sur ce qui s’en vient. Je veux juste avoir du fun à jouer au hockey. »
Ce plaisir, il ne l’a jamais perdu, mais il s’est un peu atténué quand il passait l’essentiel de son temps à attendre que son poignet guérisse en étant limité à des séances de patinage à 7h du matin. « C’est sûr que c’est moins le fun quand tu regardes les matchs en mangeant du pop-corn », a-t-il souligné avec justesse.
Heureusement pour lui, cette époque est révolue. Avec la saison qu’il connaît, il prouve sa véritable valeur à ses détracteurs et place ses pions pour la suite des choses. En produisant à un rythme de près de 110 points, il pourrait convaincre une équipe professionnelle de lui donner une chance malgré son petit gabarit. Il a d’ailleurs (finalement) participé au camp de développement et au camp des recrues des Oilers, l’été dernier.
« C’est sûr que ça ne peut pas lui nuire, rigole l’entraîneur Steve Hartley, qui a pris la barre des Huskies il y a deux semaines. Je pense qu’il peut quand même aller chercher une autre coche en ayant encore plus la mentalité d’attaquer et de jouer plus vite.
« C’est une question de pousser ça à un autre niveau. Tu regardes les petits joueurs dans la LNH; leur force principale, c’est leur dynamisme et leur rapidité. Plus vite il va jouer, plus il va avoir la mentalité d’attaquer, plus il va mettre les chances de son côté d’avoir une chance chez les pros. »
Rien au hasard
Ces concepts, Hartley tente de les inculquer non seulement à Verreault, mais à l’équipe en entier depuis qu’il a pris la relève de Martin Dagenais derrière le banc. Selon ce qu’il a vu jusqu’à maintenant, son meilleur attaquant ne devrait pas prendre trop de temps à les assimiler et à les mettre en pratique.
C’est une bonne chose parce que le temps presse légèrement. Les Huskies (35-14-5) n’ont que 14 matchs à disputer avant le début des séries, et ils occupent le quatrième rang au classement général.
« Je remarque à quel point c’est un compétiteur qui remarque tous les détails, a expliqué Hartley. Ce n’est pas pour rien qu’il est au sommet. Si tu lui dis quelque chose, c’est mieux d’être vrai. Il est intelligent, il voit bien le jeu. Je le vois quasiment comme un autre entraîneur adjoint. »
Tout ça n’est pas un hasard. Verreault est un mordu. On l’a d’ailleurs dérangé dans son visionnement du match d’après-midi entre le Kraken de Seattle et les Red Wings de Detroit, lundi – on s’en est évidemment excusé.
« Je regarde toujours du hockey. Le soir, j’ai un match sur mon ordi et un autre sur ma télé, a-t-il conclu. C’est rare que j’écoute des séries, et si j’en écoute, c’est sur le hockey! C’est pour ça que je suis capable d’analyser mon jeu et celui de l’équipe. Je suis ben passionné de la game. »