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La cérémonie d’intronisation au Temple de la renommée du hockey aura lieu le 13 novembre. La cuvée 2023 inclut Henrik Lundqvist, Tom Barrasso, Pierre Turgeon, Mike Vernon, Caroline Ouellette, Ken Hitchcock et Pierre Lacroix. Le chroniqueur de NHL.com Nicholas J. Cotsonika nous dresse aujourd'hui le portrait de Vernon.

Rien n’arrêtait Mike Vernon.

Le cadet de quatre frères ayant grandi à Calgary, Mike s'est naturellement retrouvé devant le filet. Son premier entraîneur? Sa mère Lorraine, qui l'a amené jouer dans une « ligue de couches » à l'âge de 4 ou 5 ans. Quand son père Martin a joué le rôle d'entraîneur pour son frère Kevin, l'équipe n'avait qu'un seul gardien, alors Martin a placé Mike devant le filet à l'autre bout de la patinoire afin qu'il reçoive des tirs des joueurs qui étaient cinq ans plus vieux.

Vernon aimait jouer à une position que les autres refusaient de jouer.

« Je me disais : "C'est super parce qu'ils ne me retireront jamais du match", a-t-il expliqué. "Je ne me retrouve jamais sur le banc". »

Ça aide à expliquer comment Vernon a accédé au Temple de la renommée du hockey. Il a remporté la Coupe Stanley avec les Flames de Calgary en 1989 et avec les Red Wings de Detroit en 1997, ainsi que le trophée Conn-Smythe, remis au joueur par excellence des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, en 1997, même s'il ne mesurait que 5 pieds 9 pouces.

« Je ne mesurais même pas 5’9’’ », a-t-il admis en rigolant. « J'étais 5’7’’. »

Vernon a surmonté les problèmes liés à son petit gabarit en apprenant à lire le jeu et en profitant de ses capacités athlétiques. Il était confiant et compétitif, fougueux et détendu, résilient et persévérant.

« J'aimais simplement jouer, et c'était moi ou lui, alors j'allais faire tout mon possible pour stopper la rondelle. J'aimais relever les défis, a-t-il dit. J'aimais jouer dans les situations à haute tension, et j'aimais que la pression soit sur moi. Ça ne me dérangeait pas. En fait, je m'en nourrissais un peu.

« C'est la compétitivité dont j'ai profité pendant ma carrière, mais je l'ai développée quand j’étais jeune. Tout le hockey que j'ai joué pendant mon enfance m'a donné les bases sur lesquelles j'ai bâti ma carrière. »

Vernon a été nommé gardien de l'année et joueur de l'année dans la Ligue de hockey de l'Ouest (WHL) avec les Wranglers de Calgary en 1982 et 1983. Il a aidé les Winter Hawks de Portland à remporter la Coupe Memorial en 1983 et été nommé gardien par excellence du tournoi.

Il a connu son éclosion dans la LNH pendant les séries de 1986, qu'il avait entamées en ayant 21 matchs d'expérience en saison régulière. Les Flames ont vaincu leurs rivaux, les Oilers d'Edmonton, en finale de la section Smythe – encore aujourd’hui la seule victoire de Calgary contre Edmonton en six duels en séries éliminatoires – et ont atteint la finale de la Coupe Stanley pour la première fois. Ils ont baissé pavillon en cinq matchs face aux Canadiens de Montréal, qui étaient aidés par un autre gardien recrue. Son nom? Patrick Roy.

Vernon a établi une marque personnelle dans la LNH avec 39 victoires et aidé les Flames à remporter le trophée des Présidents, remis à la meilleure équipe en saison régulière dans la LNH, en 1987-88, puis il a connu probablement sa meilleure campagne en 1988-89. Il a mené la LNH avec 37 victoires, a aidé les Flames à mettre la main de nouveau sur le trophée des Présidents, et a fini au deuxième rang au scrutin pour l’obtention du trophée Vézina, remis au gardien de l'année dans la LNH, derrière Roy.

L'un des moments marquants de la carrière de Vernon dans la LNH s'est produit face aux Canucks de Vancouver en prolongation du match no 7 de la demi-finale de la section Smythe en 1989. Il a effectué trois gros arrêts, dont un que les partisans des Flames appelaient simplement « L'Arrêt » ("The Save"). L'attaquant des Canucks Stan Smyl s'approchait de Vernon en échappée depuis la ligne bleue et a décoché un tir, mais Vernon a sorti la mitaine pour capter la rondelle. Alors qu'il est tombé dans le filet sur son côté gauche, Vernon a tenu la rondelle dans les airs afin de la garder de l’autre côté de la ligne rouge.

« On a retenu notre souffle pendant toute l'échappée, dès que [Smyl] a traversé la ligne bleue, essentiellement. C'était incroyable qu’il sauve la situation ainsi que notre parcours en séries », a commenté Lanny McDonald, le capitaine des Flames à l'époque, et aujourd’hui membre du Temple de la renommée du hockey et président du conseil d'administration du Temple. « C'est peut-être mon arrêt préféré de tous les temps. »

Les Flames ont ultimement remporté la Coupe en défaisant les Canadiens en six parties en finale, Vernon ayant eu le dessus sur Roy cette fois-ci. Ça demeure le seul championnat des Flames.

« Il avait la personnalité parfaite pour un gardien », a remarqué Terry Crisp, l'ancien entraîneur des Flames. « Il avait confiance en lui-même, mais il ne tardait pas à vous dire ce qu'il pensait. C'est ce que je respectais de Mike. Lui et moi avons connu quelques bonnes séances d'engueulades, entraîneur contre joueur. Mike ne se résignait pas à dire, "Oui, d’accord, c'est correct", avant de retourner se plaindre. [Il me disait] : "Non, tu as complètement tort. Moi, je suis le gardien. Je sais ce que je fais". »

Crisp s’est mis à rire.

« Chaque fois que je vois Mike aujourd’hui, je lui demande : "Bon, vas-tu m'engueuler encore une fois?" », a-t-il dit.

Les Red Wings avaient besoin de cette attitude au moment où ils ont fait l'acquisition de Vernon le 29 juin 1994. Ils avaient un bon jeune gardien en Chris Osgood, mais ils venaient d'être surpris en sept matchs au premier tour des séries pour une deuxième saison de suite, cette fois-ci par les Sharks de San Jose, qui avaient terminé au huitième rang dans l'Ouest en saison régulière.

« En séries, c'est un avantage d'avoir un gardien expérimenté qui est déjà passé par là », a noté Scotty Bowman, à cette époque l'entraîneur et le directeur du personnel des joueurs chez les Red Wings. « J'avais un bon rapport avec lui. Je le taquinais souvent. Je ne sais pas comment le décrire, mais il a toujours eu un sourire narquois au visage, vous voyez?

« Les gens disaient souvent : "Ah, Vernie n'est pas sérieux". Mais ça l'a probablement aidé plus que ça lui a fait mal. »

Vernon a admis avoir été revigoré par le déménagement à Detroit. Il a aidé les Red Wings à remporter le trophée des Présidents et à atteindre la finale de la Coupe en 1994-95, mais ils ont été balayés par les Devils du New Jersey. Il a secondé Osgood en 1995-96, quand ils ont partagé le trophée William M. Jennings, remis aux gardiens de l'équipe qui cède le moins de buts en saison régulière, et Detroit a remporté un autre trophée des Présidents. C'est Osgood qui était devant le filet quand les Red Wings ont perdu en six matchs en finale de l'Association de l'Ouest, alors qu’une féroce rivalité naissait avec l'Avalanche du Colorado et avec un ancien ennemi, Patrick Roy.

Un autre moment marquant de Vernon s'est produit le 26 mars 1997, quand Vernon et Roy se sont battus pendant une mêlée au Joe Louis Arena. Detroit a battu le Colorado 6-5 en prolongation pour donner à Vernon une 300e victoire dans la LNH. Après avoir secondé Osgood en saison régulière, Vernon a été nommé gardien partant en séries et il a mené les Red Wings à leur premier championnat depuis 1955, battant Roy et l'Avalanche en six matchs en finale de l'Ouest.

« Il a eu un impact majeur sur nous », a résumé le membre du Temple Jimmy Devellano, l'ancien directeur général des Red Wings qui occupe actuellement le poste de vice-président senior de l'équipe. « Vous ne remportez pas la Coupe Stanley sans une bonne prestation du gardien. C'est ce qu'il nous a donné. »

Vernon a avoué être surpris d'entendre le commissaire de la LNH Gary Bettman annoncer son nom comme gagnant du trophée Conn-Smythe.

« C'était un moment qui me donnait la preuve que je pouvais encore jouer dans la Ligue nationale de hockey, a dit Vernon. Je pouvais encore apporter une contribution. Même un gars de 5’7’’ pouvait encore jouer à un niveau élevé. Ce triomphe personnel m'a beaucoup satisfait. »

Vernon a continué à jouer. Il a aidé les Sharks à atteindre les séries en 1997-98 et 1998-99 avant de réussir l'exploit avec les Panthers de la Floride en 1999-2000. Les deux équipes avaient chacune raté le tournoi printanier lors des deux saisons précédant son arrivée.

Après avoir mis un terme à sa carrière de 19 saisons dans la LNH avec Calgary en 2001-02, il occupait le septième rang de l'histoire de la LNH pour les victoires en saison régulière (385) et le sixième pour les victoires en séries (77). À l'époque, il occupait également le quatrième rang parmi tous les gardiens au chapitre des matchs joués en séries (138).

« J'aimais beaucoup sa manière de jouer », a déclaré l'ancien gardien des Rangers de New York Mike Richter, qui a remporté la Coupe en 1994. « Je n’étais pas le plus grand gardien (5’10’’), mais je dois dire que j’avais l’air grand à côté de lui. Mais j'ai vraiment apprécié la précision dans son jeu et la fougue dans son approche. »

Avec la collaboration des journalistes NHL.com Amalie Benjamin et Derek Van Diest

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