Tête à tête avec... Barry Trotz

Dans le cadre des textes de la série « Tête-à-tête avec… », nous nous entretenons avec des acteurs du monde du hockey afin d'en apprendre plus sur leur vie sur la glace et à l'extérieur. Cette édition met en vedette le nouveau directeur général des Predators de Nashville Barry Trotz.

BUFFALO - Barry Trotz veut mettre l'aspect spectacle de l'avant dans une ville plus que reconnue en la matière.

En 24 ans d'histoire, aucun joueur des Predators de Nashville n'a été en mesure d'atteindre les plateaux de 100 points ou de 50 buts en une saison. Le record pour les points, qui est de 96, appartient à un défenseur, Roman Josi, qui a établi cette marque en 2021-22. Seulement deux joueurs ont déjà dépassé le cap des 40 buts.

« Cette équipe a toujours été reconnue pour ses gardiens et sa défensive », a expliqué le nouveau directeur général des Predators lorsque rencontré à la Séance d'évaluation de la LNH récemment. Les gens pensent avant tout aux Pekka Rinne devant le filet, Shea Weber et Roman Josi à la ligne bleue. Mais nous avons eu plusieurs excellents attaquants.

« Mais maintenant, ce que nous désirons est de mettre la main sur un joueur qui fera la différence en attaque. Nous sommes à Nashville, une ville reconnue pour son divertissement, n'est-ce pas?

« Je l'ai dit publiquement. Je veux que nos dépisteurs visent le coup de circuit. Je veux qu'ils tentent leur chance avec un joueur qui a le potentiel pour faire lever les gens de leur siège. Bien sûr, c'est possible de dénicher des joueurs de troisième trio en première ronde. Ce n'est pas ce que nous cherchons. »

À l'approche du repêchage de la LNH 2023, qui se tiendra à Nashville les 28 et 29 juillet, les amateurs qui seront sur place verront leur équipe locale être très active lors de ces deux journées. Nashville possède 13 choix, un sommet à travers la Ligue, dont deux sélections de première ronde, deux lors du tour suivant et trois en troisième ronde.

« Avec autant de choix, ça risque d'être intéressant pour les amateurs, c'est assuré! », a lancé Trotz.

Le 27 février, les Predators ont annoncé que Trotz deviendrait le deuxième directeur général de l'histoire de la concession, lui qui prendra officiellement la place de David Poile le 1er juillet. L'homme de hockey de 60 ans avait été embauché par Poile le 8 août 1997 pour devenir le premier entraîneur-chef de la concession, et il a maintenu une fiche de 557-479-100 et 60 matchs nuls en 1196 parties comme pilote à Nashville. Il a par la suite poursuivi son chemin chez les Capitals de Washington de 2014 à 2018, remportant la Coupe Stanley à sa dernière saison avec l'équipe. Il a finalement dirigé les Islanders de New York de 2018 à 2022.

Dans cette entrevue avec LNH.com, Trotz a accepté de discuter de son nouveau rôle, des décisions difficiles qui seront à prendre et la vision qu'il a pour l'équipe et son avenir.

David est encore officiellement le DG de l'équipe jusqu'à la fin du mois, mais les décisions sont en majeure partie prises par toi depuis 14 semaines. Quelles sont les différences entre le rôle d'entraîneur que tu as toujours eu et ta nouvelle vie comme DG?

« Je dirais que j'apprécie encore plus tout le travail que David a fait au fil des années. C'est certain que je compte modifier plusieurs choses et créer ma propre vision. Mais avant, tout, j'ai passé les 90 premiers jours à apprendre à connaître tout le monde et leur boulot, à évaluer tous les aspects de ce poste, que ce soit l'équipe, le département de dépistage et tout ce qui touche le fonctionnement de l'organisation.

« Je veux m'assurer que les changements que je vais apporter vont nous permettre de nous au goût du jour, en particulier dans les facettes où je crois que ce n'était pas le cas. J'ai participé à des prises de décisions qui n'ont vraiment pas été faciles à la date limite des transactions. Je suis arrivé tout juste avant la date limite, et on m'a demandé mon opinion. Vous avez vu les transactions que nous avons faites à la date limite. Nous avons échangé cinq gros morceaux, dont Mattias Ekholm, Nino Niederreiter, Tanner Jeannot et Mikael Granlund. Nous avons décidé que si nous voulons gagner la Coupe Stanley, nous devions prendre un pas en arrière. C'est difficile de gagner quand tu es une équipe simplement moyenne, et c'est ce que nous étions. »

« Nous avons maintenant sept choix parmi les 83 premiers cette année. Ce sera relativement similaire l'an prochain. Nous avons aussi de la marge de manœuvre sous le plafond, ce qui vaut beaucoup. »

Comment atteindre l'équilibre fragile entre la patience et l'envie de gagner immédiatement? Après tout, tu ne veux pas redevenir qu'une équipe simplement moyenne.

« Nous allons faire des pas vers le futur assez rapidement, mais en même temps, il faut penser à l'élément humain. Nous repêchons des jeunes de 18 ans. Nous devons nous en souvenir. Ces jeunes vont prendre leur envol entre l'âge de 22 à 24 ans. Et je veux construire une formation qui va faire que tout le monde va être dans sa fenêtre de performance à ce moment, donc des joueurs de 22 à 26 ans.

« Nous voulons que ce développement se fasse à l'aide de notre club-école à Milwaukee autant que possible. Nous pourrions avoir jusqu'à six choix de première ronde à Milwaukee l'an prochain, ce qui est presque impossible à notre époque. Nous voulons aussi que les jeunes se développent dans le grand club, ce qui est un peu plus difficile à réaliser. Mais comme nous serons une jeune équipe, ce sera possiblement un peu plus facile. »

Avec autant de choix en ta possession, est-ce possible que les Predators s'avancent dans l'ordre du repêchage?

« Oui, nous pourrions réaliser une transaction pour nous avancer. C'est toujours plus difficile de faire un bond vers l'avant, mais comme j'ai dit, nous avons une nouvelle philosophie. J'ai mis nos recruteurs au défi. Je leur ai dit que nous avions besoin de quatre gars de grand talent lors de nos deux prochains repêchages. On vise le circuit. »

Tu as récemment montré la porte à l'entraîneur-chef John Hynes afin de le remplacer par Andrew Brunette. Est-ce que cette décision est liée à ce changement de philosophie dont tu nous as parlé?

« Une des raisons qui ont mené à l'embauche d'Andrew Brunette est qu'il est un peu plus porté sur l'attaque. Et nous voulons changer la philosophie à Nashville, ou du moins, la perception que les gens ont par rapport à notre style de jeu. Je crois toujours en la défensive, mais je crois aussi en l'équilibre, en plus d'avoir d'excellents choix au repêchage. J'aimerais avoir un modèle où tous les joueurs du top-9 sont des menaces. »

Comme ancien entraîneur, à quel point est-ce que cela a été difficile de procéder à un changement derrière le banc comme première décision?

« Écoutez, ils ont fait un bon travail dans des circonstances difficiles. Nous avons échangé plusieurs éléments clés à la date limite des transactions, et malgré tout, nous étions dans la course pour les séries jusqu'à la dernière semaine. J'ai donc indiqué au groupe d'entraîneurs que j'allais analyser la situation. J'ai rencontré le groupe de propriétaires, les partisans, les joueurs. Je me suis par la suite dit que si je trouvais le gars parfait, alors il pourrait y avoir des changements.

« La bonne nouvelle, c'est qu'il restait un an de contrat à tout le monde dans le personnel. Je me suis déjà retrouvé dans cette position, et je sais à quel point ça aurait pu être différent s'ils avaient été à leur dernière année de contrat, parce que tu ne veux pas te retrouver dans une situation où tu ne connais pas ton avenir. Mais comme j'ai dit à tout le monde, si je n'avais pas trouvé le gars parfait, j'aurais été très à l'aise de poursuivre avec John Hynes, parce que c'est un très bon entraîneur. Mais j'ai pris cette décision parce que je voulais que nous ayons une philosophie différente.

« Je connais Andrew depuis longtemps. Je sais le lien qu'il a avec les joueurs, surtout ceux de talent. J'ai fait mes recherches. Au final, j'ai senti que ces changements étaient nécessaires. Ce sera un vent de fraicheur à Nashville. »

Finalement, qu'as-tu le plus hâte de vivre lorsque Nashville sera l'hôte du repêchage à la fin du mois?

« La cérémonie de départ de David Poile. Il mérite toutes les félicitations qu'il recevra, et ce sera une façon parfaite pour lui de quitter le domaine. Cette concession ne serait rien sans lui. »