Ce n’est pas parce que Spencer Gill est encore un peu chétif que son entraîneur Joël Perrault n’est pas en mesure de voir qu’il a déjà l’un de ses piliers défensifs sous la main.
À un peu plus d’un an de la participation de sa troupe au tournoi de la Coupe Memorial comme équipe hôtesse, le pilote de l’Océanic de Rimouski a de la facilité à se projeter dans l’avenir. Ce que lui a démontré l’arrière de 17 ans à sa deuxième saison dans la LHJMQ l’a convaincu.
« Il est déjà un de nos piliers, a fait valoir Perrault en entrevue téléphonique avec LNH.com. On connaît tous son talent. On sait que la force physique ne vient pas en claquant des doigts. Tout ce qu’il a de la difficulté à faire en ce moment, c’est relié à son manque de maturité physique.
« Quand il remplira ses 6 pieds 3 pouces, le ciel sera la limite pour lui. C’est une chose qui va venir avec la patience et les efforts dans le gym. Il veut être un joueur de premier plan et il a tous les atouts pour le faire. »
Pour l’instant, le natif de Riverview, au Nouveau-Brunswick, fait osciller la balance à 179 livres. Il peut utiliser son intelligence et sa longue portée dans les batailles pour la rondelle, mais il ne dispose pas encore d’un avantage physique qui lui permettrait d’être encore plus difficile à affronter.
Ça ne l’a tout de même pas empêché de faire des pas de géant à son année d’admissibilité au repêchage de la LNH – sa première saison sous les ordres de Perrault, nommé entraîneur au cours de l’été après le congédiement de Serge Beausoleil.
Gill totalise 39 points, dont 10 buts, en plus d’afficher un différentiel de plus-6 en 58 matchs. Le nom du droitier vient au 38e échelon sur la liste des patineurs nord-américains du Bureau central de dépistage.
« Spencer a un QI hockey plus élevé que la moyenne, a décrit l’entraîneur. Il affiche de la patience avec la rondelle et il est capable de faire des jeux que d’autres ne réussiraient pas. Il est capable de faire beaucoup de bonnes choses malgré qu’il ne soit même pas proche d’atteindre sa maturité physique. »
Tout ça mis ensemble a fait en sorte que Perrault a pu lui confier de plus grandes responsabilités après une première saison au cours de laquelle il a souvent dû sauter son tour en étant limité à 41 rencontres. Il joue maintenant d’importantes minutes et dirige la première vague du jeu de puissance.
« Il y a eu un peu d’adaptation à faire parce que ce sont entraîneurs au style différent », a expliqué Gill, dans un très bon français qu’il a appris en arrivant à Rimouski. « L’an dernier, j’étais encore jeune et on voulait que je m’améliore beaucoup à l’entraînement en jouant moins de matchs.
« Joël a un style plus offensif et ça m’a beaucoup aidé. Mon identité a toujours été plus offensive, c’était comme ça dans le bantam et dans le midget. L’an dernier, je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu en avantage numérique. Cette année, Joël m’a donné l’occasion de le faire, et ça explique ma production. »
De l’expérience en banque
Ça ne veut pas dire que tous ces changements ne comportent pas leur lot de défis. Gill a dû s’habituer au rythme effréné d’une saison complète en plus d’apprendre à jouer autour de 20 minutes par match contre des adversaires posant des défis de plus en plus imposants.
Il a également été utilisé légèrement en désavantage numérique en raison des blessures qui ont frappé l’Océanic, une autre facette de son jeu sur laquelle il continue de travailler.
« L’an passé, il a raté des matchs parce qu’il n’était pas rendu là dans son développement, a expliqué Perrault. Il faut continuer de le mettre dans des situations où il peut avoir du succès et prendre confiance. Il doit aussi vivre des moments plus difficiles et apprendre de ça. »
À l’instar de la majorité de ses coéquipiers, l’expérience que Gill met en banque sera très profitable au printemps prochain quand la campagne s’étirera jusqu’à la Coupe Memorial. L’Océanic (32-24-5) affiche une bonne progression et occupe présentement le septième rang du classement général.
« On sait tous où on en est dans notre cycle de reconstruction, a conclu le défenseur. En même temps, on veut se rendre le plus loin possible. On sait qu’on peut battre toutes les équipes. On ne regarde pas trop vers l’an prochain, notre attention est sur ce qu’on peut réaliser cette année. »