Zach Morin badge Lepage

DRUMMONDVILLE – Zachary Morin et son clan ont priorisé le présent plutôt que de penser à l’avenir quand est venu le temps de prendre la décision la plus importante de sa jeune carrière.

Au tout début de son année d’admissibilité au repêchage de la LNH, et alors que son engagement envers l'Université de Boston en hockey et à la crosse était en jeu, l’attaquant québécois a choisi de quitter les Phantoms de Youngstown, de la USHL, pour se joindre aux Sea Dogs de Saint-Jean, dans la LHJMQ.

Il a ainsi fait une croix sur un potentiel parcours au pays de l’Oncle Sam – à moins que les voies d’accès s’ouvrent bientôt entre la Ligue canadienne et la NCAA, un dossier en développement.

« Il y avait beaucoup d’autres implications autour de la décision », a-t-il admis en entrevue avec LNH.com, trois semaines après être débarqué à Saint-Jean. « C’est difficile de mettre ça de côté, mais c’est pour le mieux. »

Morin voyait bien que sa situation n’était pas sur le point de changer à Youngstown. Relégué à un rôle de profondeur à sa première saison là-bas, l’an dernier, il a constaté que le plan était à peu près le même pour lui à ses quatre premiers matchs, cet automne.

L’option de rentrer au bercail avec les Sea Dogs, qui détenaient ses droits, est vite devenue attrayante.

« On me demandait de jouer une game "tough", d’être un genre de goon, a expliqué celui qui a passé 114 minutes au cachot, l’an dernier. J’ai un bon gabarit et j’ai pu l’utiliser pour être efficace en échec avant et terminer mes mises en échec. Ça fait partie de ma game, mais je sais que je peux en amener plus. »

Surtout au chapitre offensif. Le patineur de 6 pieds 1 pouce et 181 livres avait fait parler de lui à son année de 15 ans en amassant un faramineux total de 58 buts et 130 points en 77 matchs au niveau U15 AAA dans le Michigan. Ça ne s’est pas exactement traduit dans la USHL.

Sa production a chuté à huit buts et 19 points en 54 rencontres, un résultat du rôle et du faible temps de jeu qu’on lui avait confié. À ses huit premiers matchs avec les Sea Dogs, il a récolté trois buts et 10 points.

« Notre philosophie à Saint-Jean, c’est de donner au moins 11 minutes de temps de jeu à nos attaquants, peu importe leur rôle – à condition qu’ils travaillent pour le mériter, a expliqué l’entraîneur et directeur général Travis Crickard. Ils ont besoin de sentir qu’ils contribuent aux succès de l’équipe.

« Zach est venu ici en sachant qu’il allait avoir un temps de jeu raisonnable, et je suis convaincu que ç’a été rafraîchissant pour lui. On a rapidement vu les résultats offensifs avec les opportunités qu’on lui offre. »

Le natif de Lachenaie ne voit pas ce passage aux États-Unis comme quelque chose de négatif dans son parcours. Il a été placé devant beaucoup d’adversité, loin de la maison, et il a développé des outils pour se relever. Il était prêt à amorcer un nouveau chapitre dans la LHJMQ.

« Du côté mental, ç’a été très dur, a-t-il avoué. J’ai appris beaucoup au niveau psychologique. Sur la glace, j’ai quand même joué des rôles différents. Ça va me permettre d’être à l’aise dans toutes les situations. »

Une histoire de confiance

Crickard n’est pas revenu sur les derniers mois avec son nouveau poulain, et n’a pas eu besoin de l’aider à se rebâtir une confiance. Tout s’est fait naturellement avec le changement d’air et le nouveau départ.

« Tout est nouveau, il y a beaucoup plus d’opportunités pour lui et il voit qu’il a la chance de se relancer, a observé le pilote. Ça augmente la confiance d’un joueur automatiquement sans même avoir à dire quoi que ce soit. Il est conscient de ce qu’il est en mesure de réaliser avec nous. »

Morin pourrait effectivement redorer son blason dans le circuit québécois et s’établir comme l’un des meilleurs espoirs en vue du prochain repêchage. Il n’y a pas si longtemps, plusieurs le voyaient comme un candidat de premier plan.

Il a récemment obtenu la cote de B, décernée à un potentiel espoir de deuxième ou de troisième tour, sur la liste des joueurs à surveiller du Bureau central de dépistage de la LNH. Il vise encore plus haut.

« Il approche cette année en se disant que c’est ce qui est censé se produire, a conclu Crickard. Il est très en vue depuis plusieurs années. Je ne ressens pas qu’il se met plus de pression pour être cet espoir de premier plan. C’est ce qu’il veut depuis longtemps. »