Un envol tardif mais prolifique pour Thompson
L'attaquant des Sabres a de nouveau explosé avec une récolte de cinq buts et six points, mercredi
© Graham Stokes/Icon Sportswire
C'est la question que l'attaquant des Sabres s'est fait poser la semaine dernière alors qu'il était assis à son casier du KeyBank Center. Marquer des buts semble plus facile pour lui que de trouver une réponse à cette intrigante question.
Après quelques secondes de réflexion, il a haussé les épaules.
« Comment savoir? Je ne sais pas si quelqu'un connaît réellement tout le potentiel que possède une personne », a-t-il dit.
« Même si les choses vont bien en ce moment, tu te poses la question : ''Comment puis-je être meilleur? Qu'est-ce que je peux faire de plus pour aider l'équipe à gagner? Il faut avoir faim, ne jamais être satisfait d'où tu en es et tout faire pour t'améliorer. »
Sa sortie de mercredi démontre bien que c'est ce qu'il est en train de faire.
Thompson a offert une performance dont la plupart des joueurs de la LNH ne peuvent que rêver. Il a amassé six points, dont cinq buts, dans une victoire de 9-4 des Sabres contre les Blue Jackets de Columbus au Nationwide Arena. Une soirée qui lui a permis de se joindre à un groupe select du livre des records.
Thompson est ainsi devenu le quatrième joueur de l'histoire de la LNH à marquer quatre buts lors de la première période d'un match de saison, rejoignant du même coup Peter Bondra (1994), Grant Mulvey (1982) et Joe Malone (1921).
Il est aussi devenu le sixième joueur depuis 40 ans à inscrire quatre buts lors d'une période. Patrick Marleau (2017), Mario Lemieux (1997), Bondra (1994), Joe Nieuwendyk (1989) et Al Secord (1987) ont aussi réalisé l'exploit.
Ses cinq points lors du premier engagement font aussi de lui un des cinq joueurs depuis 30 ans à avoir atteint ce plateau lors d'une même période, en compagnie de Mika Zibanejad (six en 2021), Sam Gagner (cinq en 2012), Peter Forsberg (cinq en 1999) et Cliff Ronning (cinq en 1993).
L'entraîneur-chef des Sabres Don Granato a aussi dirigé Thompson alors qu'il était avec le Programme de développement de l'équipe nationale de USA Hockey en 2014-15, et il sait très bien ce que l'attaquant de 25 ans a dû accomplir pour atteindre ce niveau.
« J'ai pu voir Tage à l'œuvre alors qu'il était adolescent, et j'ai été témoin de sa croissance et de son développement. C'est vraiment spécial pour moi de faire partie de ces succès et de le voir aller », a dit Granato lorsqu'il a rencontré les médias après le match. « Quand vous voyez un jeune comme lui investir énormément d'efforts et de le voir être récompensé, ça fait de cette soirée quelque chose de spécial. »
Thompson, qui a rejoint Dave Andreychuk à titre de seul joueur des Sabres à avoir inscrit cinq buts en un match, n'en était pas à une première explosion offensive cette saison. Il avait aussi connu une soirée de trois buts et trois passes contre les Red Wings de Detroit le 31 octobre, ce qui fait qu'il est maintenant l'un des deux seuls joueurs de l'histoire de la concession, avec Pat Lafontaine, à avoir connu au moins deux matchs de plus de six points dans la même saison.
« Les beaux jeux ne cessent de s'accumuler, a souligné le défenseur Rasmus Dahlin. Chaque fois qu'il est sur la glace, il en réalise de beaux. C'était impressionnant à voir lors de ses premiers matchs, mais maintenant, c'est devenu de la routine. »
Malgré cette folle soirée, Thompson croit qu'il y a encore place à amélioration. Il a faim et il en veut plus.
« Je peux en faire encore plus », a-t-il affirmé.
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C'est un moment que Thompson n'oubliera pas de sitôt.
Le 12 novembre, Patrice Bergeron s'est approché de lui au centre de la glace pour la mise en jeu initiale du duel entre les Bruins de Boston et les Sabres à l'occasion de la soirée « Le hockey pour vaincre le cancer » au KeyBank Center. Avant que la rondelle soit déposée sur la glace, Bergeron a regardé Thompson et lui a offert quelques mots d'encouragement.
« Il savait que ma femme avait combattu un cancer dans le passé et il m'a dit qu'il était au courant que les choses allaient mieux et qu'il pensait à nous, a raconté Thompson. Ça en dit long sur sa grande classe. »
En 2019, Rachel Thompson a reçu un diagnostic de chondrosarcome, une forme de cancer des os, et a été immédiatement opérée pour retirer une masse cancéreuse dans sa jambe droite. Chaque examen d'imagerie médicale subséquent a révélé qu'il n'y avait plus de trace de cancer dans son système. Le prochain examen, prévu l'été prochain, déterminera si une surveillance additionnelle est nécessaire.
Chaque fois que Thompson pense à la notoriété qu'il a acquise dans le hockey et à ce qu'il a dû traverser pour en arriver là, Rachel occupe ses pensées. Et c'est compréhensible.
« C'était très difficile lorsqu'elle traversait cet épisode, a-t-il dit. Tu fais face aux dures réalités de la vie.
« L'aréna était la seule place où je pouvais temporairement m'évader et penser à autre chose. »
Pour Thompson, ç'a toujours été le cas.
Après tout, le hockey coule dans le sang du natif de Phoenix, en Arizona. Son père, Brent, a récolté 11 points (un but, 10 passes) en 121 matchs dans la LNH avec les Kings de Los Angeles, les Jets de Winnipeg et les Coyotes de Phoenix de 1991 à 1997. Par conséquent, Tage a grandi dans des arénas en étant habitué aux odeurs de l'équipement de hockey mouillé et du chocolat chaud.
Lorsque Brent, aujourd'hui entraîneur de Bridgeport dans la Ligue américaine de hockey, évoluait pour Providence dans la LAH en 2004-05, sa dernière saison chez les professionnels, il était coéquipier avec un jeune Bergeron. C'est là que Tage a fait connaissance avec l'ami de son père qui allait éventuellement devenir le capitaine des Bruins.
« Je me souviens qu'il venait à la maison pour jouer au hockey dans la rue et pour souper une fois de temps en temps, a dit Thompson en parlant de Bergeron. C'est vraiment 'cool'. Le monde du hockey est tellement un petit monde.
« Avoir un père impliqué dans le hockey m'a beaucoup aidé. Nous avons toujours été capables de parler de choses reliées au hockey. Peu de gens ont ce type de connaissance ou de soutien sur lequel s'appuyer. »
Il allait en avoir besoin.
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Thompson a été repêché au 26e rang total par les Blues de St. Louis en 2016, mais il a été relégué à un rôle sur les deux derniers trios là-bas. En 2017-18, sa première saison dans la LNH, il a inscrit neuf points (trois buts, six passes) en 41 matchs et cherchait à faire sa place comme joueur permanent.
Le 1er juillet 2018, il a été échangé à Buffalo, en compagnie des attaquants Patrik Berglund, Vladimir Sobotka, un choix de première ronde au repêchage de 2019 et une sélection de deuxième tour en 2021, en retour de l'attaquant Ryan O'Reilly. Moins d'un an plus tard, Rachel a reçu son diagnostic.
« Ç'a été un parcours un peu fou, vraiment, a-t-il dit. Ce n'est pas facile d'être échangé. Il y a beaucoup d'émotions lorsque tu es échangé à une nouvelle équipe, puis à ta première année avec l'équipe, ton épouse reçoit un diagnostic de cancer.
« Ç'a été des moments difficiles. J'ai gardé la foi et ça m'a aidé. Quant au hockey, peut-être que le mot "exutoire" n'est pas le bon, mais c'était bien d'avoir une petite pause mentale durant laquelle je pouvais mettre de côté tout ce qui se passait à l'extérieur de la patinoire et simplement me concentrer sur le hockey pendant deux ou trois heures à l'aréna. Quand tu reviens à la maison, tu délaisses le hockey et tu penses à ta famille et à comment tu peux l'aider à la maison.
« Oui, ç'a été difficile, mais heureusement, les choses sont rentrées dans l'ordre au final. »
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Si les choses n'étaient pas réjouissantes il y a quelques années, elles ont changé en mieux.
Le 30 août, Thompson a signé une prolongation de contrat de sept ans d'une valeur de 50 millions $ (salaire annuel moyen de 7,14 millions $), un vote de confiance des Sabres après qu'il eut établi des sommets en carrière au chapitre des buts (38), des passes (30) et des points (68) la saison dernière. Il a élevé son jeu d'un cran cette saison. Avant les matchs de jeudi, il était le quatrième meilleur pointeur de la LNH avec 40 points (21 buts, 19 aides). Seul Connor McDavid (24), des Oilers d'Edmonton, et Jason Robertson (23), des Stars de Dallas, ont inscrit plus de buts que lui.
À la maison, la maladie de Rachel continue d'aller dans la bonne direction, et le couple se croise les doigts. En juillet, ils ont accueilli leur premier enfant, un petit garçon nommé Brooks.
« Je suis choyé dans tellement d'aspects », a lancé Tage.
« Parfois, je vais regarder les faits saillants et dire : "Wow! Quel jeu ou quel but je viens de marquer" », a-t-il admis. « Mais c'est éphémère. J'essaie toujours de m'améliorer et d'aider l'équipe à être meilleure.
« Je ne sais pas quel niveau je peux atteindre. Mais je ne vais jamais cesser de travailler pour tenter de le découvrir. »