Jim Montgomery Wrigley badge Chaumont et classique

CHICAGO – Jim Montgomery se retrouve dans un escalier du Wrigley Field derrière l’abri des joueurs de l’équipe adverse. Il porte un manteau de style rétro aux couleurs des Blues de St. Louis.

En cette veille de la Classique hivernale Discover, Montgomery n’a plus 55 ans. Il retombe dans ses souvenirs de jeunesse.

« Je me sens comme un enfant de neuf ans », a-t-il lancé en entrevue avec LNH.com pendant l’entraînement des Blackhawks. « C’est incroyable comme sentiment. J’ai les deux pieds au Wrigley Field de Chicago. Je revois Tim Raines, Gary Carter et les Expos qui jouent contre les Cubs. J’ai aussi des images d’Andre Dawson avec les Cubs après ses jours avec les Expos. Je suis à la même place, c’est un stade tellement mythique. J’aurai la chance de coacher un match de la LNH derrière le banc des Blues. Je suis reconnaissant d’obtenir cette chance. »

« Il y a deux ans, je dirigeais les Bruins de Boston au Fenway Park. Je visite donc les deux stades de baseball les plus légendaires. »

« Dans ma jeunesse, j’ai regardé plusieurs matchs des Expos au Stade olympique, a-t-il continué. Mon père était un grand partisan de baseball. J’aimais le suivre pour des matchs. Je jouais aussi au baseball l’été, j’étais un assez bon arrêt-court et deuxième-but. J’ai joué jusqu’à l’âge de 14 ans environ. Je manquais parfois l’école pour l’ouverture locale des Expos au mois d’avril. »

Montgomery a l’expérience des matchs extérieurs. Le 1er janvier 2022, il était l’un des adjoints de Craig Berube dans un gain de 6-4 des Blues contre le Wild du Minnesota au Target Field, le domicile des Twins du Minnesota. Le 2 janvier 2023, il a dirigé les Bruins de Boston lors d’une victoire de 2-1 contre les Penguins de Pittsburgh au Fenway, le stade des Red Sox de Boston.

Pratiquement deux ans plus tard, il guidera les Blues contre les Hawks au Wrigley Field.

Montgomery Classique hivernale

Quand on lui demande de décrire les aspects les plus différents entre un match traditionnel dans un aréna et un match en plein air, Montgomery parle du froid et des bruits, et il ressort un juron trahissant ses origines.

« Le froid ne me dérange pas trop derrière un banc, mais à Minneapolis, c’était vraiment un froid glacial, a-t-il expliqué. J’aime l’expérience d’un match dehors. Je vivrai ma troisième Classique hivernale. Mais le seul point négatif, c’est qu’il y a une émotion différente qu’à l’intérieur d’un aréna. Le stade est beaucoup plus grand. J’aime écouter les bruits sur la glace et des bandes, mais surtout des partisans. Ça, c’est cool en tabar… »

Cinq jours de folie

Montgomery n’a pas vécu une saison typique. Il y a quelques semaines, il était encore l’entraîneur-chef des Bruins. Le 19 novembre, Don Sweeney l’a congédié. Le 24 novembre, Doug Armstrong l’a embauché avec les Blues.

« Je n’étais pas découragé, mais je pensais surtout à ce que je n’avais pas fait d’assez bien pour garder mon boulot, a-t-il expliqué. Je me regarde toujours dans le miroir. Je me demandais ce que j’aurais pu faire pour améliorer mon équipe. Mais j’ai juste eu 48 heures pour y penser. Pour vous dire la vérité, le téléphone a sonné rapidement. J’ai reçu l’appel des Blues et de Doug (Armstrong). »

« Je me posais une question assez simple : est-ce que je suis prêt pour revenir dans l’action avec une autre équipe? J’y ai pensé pendant une journée. J’ai posé la question à ma femme. Nous devions prendre une décision pour toute la famille. Mais dans mon cœur, je voulais vivre l’aventure avec les Blues. Je désirais retomber dans l’action immédiatement. C’est rare d’obtenir une autre chance aussi rapidement et en plein cœur d’une saison. »

Gagnant du trophée Jack-Adams après une saison historique de 135 points (65-12-5) en 2022-2023, Montgomery a réalisé tout un boulot avec les Bruins. Il a conservé une fiche de 120-41-23 lors de son séjour à Boston. Deux éliminations en séries, au premier tour en 2023 et au deuxième tour en 2024, et un mauvais départ cette saison lui ont toutefois coûté son poste.

« Il y a deux choses que je retiens de mon séjour à Boston. Je suis maintenant un bien meilleur 'coach' en raison de toutes les personnes que j’ai croisées. Les Bergeron, Marchand, Pastrnak et tous les joueurs des Bruins, mais aussi Cam Neely et Don Sweeney. Pour la deuxième chose, je repense aux séries. À notre première année, c’était une grosse déception de perdre contre les Panthers. Pour notre deuxième année, nous avions eu un meilleur parcours avec un revers au deuxième tour, encore contre les Panthers. »

Des liens forts avec les Blues

Le destin semble toujours lier Montgomery aux Blues. Comme joueur, il a signé son premier contrat professionnel avec les Blues après un passage à l’Université du Maine. Il a joué ses premiers matchs dans la LNH avec les Blues.

Les Blues sont aussi l’équipe qui l’a ramené dans les cercles de la LNH en 2020-2021 en lui proposant un poste d’adjoint à Berube.

« C’est ma troisième fois avec les Blues, a-t-il rappelé avec le sourire dans le visage. J’ai marié une femme qui est originaire de St. Louis. Pour moi, c’est comme ma deuxième maison en dehors de ma jeunesse. À St. Louis, je reviens dans un environnement que je connais. J’ai travaillé avec Doug Armstrong et je connaissais la moitié des joueurs et pratiquement tout le personnel hockey. Sur le côté personnel, mes enfants ont trouvé ça dur. Quand je me suis fait congédier par les Bruins, les enfants pleuraient. Mais quand ils ont appris que je partais pour St. Louis, ils étaient heureux. Ils ont des amis et ils ont déjà fréquenté l’école à St. Louis. Mes quatre enfants ont 15, 13, 10 et 7 ans. Ils sont encore jeunes. »

À St. Louis, Montgomery aura techniquement le temps de poser ses valises pour du long terme, ayant paraphé un contrat de cinq ans.

« Je suis très reconnaissant envers Doug Armstrong. C’est un homme très important dans ma vie. Je ne suis pas dans la LNH aujourd’hui sans lui. C’est Doug qui m’a ouvert les portes de la LNH en m’offrant un poste d’adjoint à Craig (Berube). Il a cru en moi. »

« Je remercie aussi les dirigeants des Bruins à Boston. Et je remercie aussi Jim Nill, le DG des Stars à Dallas. Il avait pris une décision courageuse en me congédiant et en me disant de chasser mes démons. Il a aussi fait de moi un meilleur humain. »

Après un peu plus d’un mois avec les Blues, Montgomery a replacé tranquillement l’équipe sur les rails avec une fiche de 8-5-3. Quand on lui demande s’il est heureux du rendement de son groupe, il n’hésite pas longtemps.

« Je ne suis pas trop heureux de notre fiche pour l’instant avec 8-5-3. Mais je vois que nous pouvons atteindre d’autres niveaux. J’ai confiance que les Blues peuvent former une bonne équipe. On ne sait jamais ce qui peut survenir au hockey, mais j’aurai du temps pour modeler mon équipe. »

« Derrière le banc, je peux probablement rester plus patient. Je peux essayer un joueur pour une autre présence. Nous voulons participer aux séries, mais nous désirons surtout gagner la Coupe Stanley dans le futur. Je dois penser à long terme, pas juste à court terme. »

Montgomery Classique hivernale 2

Avec les Blues, Montgomery a aussi la chance de travailler avec un ancien entraîneur des Bruins et des Canadiens en Claude Julien.

« Je suis content de me retrouver avec Claude. Je lui pose souvent des questions. Il a gagné la Coupe Stanley avec les Bruins, il a gagné un Jack-Adams et il a une tonne d’expérience. Il a coaché aussi plusieurs vedettes dans sa carrière. »

L’échange contre Carbonneau

Avant de fouler le terrain du Wrigley Field, Montgomery a reparlé d’un autre souvenir qui date de plusieurs années : l’échange du 19 août 1994 entre les Blues et les Canadiens.

« Je croyais que c’était une blague, a-t-il affirmé en éclatant de rire. Je ne comprenais pas la transaction. C’était Guy Carbonneau, le capitaine des Canadiens. Il avait gagné la Coupe Stanley en 1993. Pour moi, ça ne faisait pas de sens. Je me souviendrai toujours de la première fois que j’ai endossé l’uniforme des Canadiens. C’était mon équipe. L’équipe de Bob Gainey, Jacques Lemaire, Guy Lafleur et Larry Robinson, tous les héros de mon enfance. Je suivais leurs traces dans le vestiaire du CH et je me retrouvais avec Patrick Roy, Mike Keane, Vincent Damphousse et Éric Desjardins. »

Montgomery a joué seulement 5 matchs avec le CH lors de la saison 1994-1995. Il a pratiquement autant d’expérience à diriger des matchs de la Classique hivernale (3) que de rencontres comme joueur avec le Tricolore.