Ça me ramène loin en arrière, à mes propres débuts dans la LNH il y a 27 ans, surtout dans le cas de Dobson parce que j'avais le même âge que lui - 19 ans.
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En 1992, j'avais connu un camp extraordinaire et je n'avais pas donné le choix aux Sabres de me garder pour le début de la saison. Tout allait à merveille, j'avais même réussi un tour du chapeau dans un match préparatoire, en plus d'amasser une passe, dans une défaite de 6-4 contre les Islanders.
J'étais on ne peut plus content d'avoir gagné mon pari. Le problème, c'est que les Sabres n'avaient pas de plan précis pour moi. L'équipe avait commencé la saison avec environ 28 joueurs, en incluant une dizaine de défenseurs.
Entre le premier match de la saison et la date de mon renvoi à mon équipe junior en février, je n'ai joué que 18 matchs dans la LNH, qui ont été entrecoupés par un séjour de remise en forme de deux semaines dans la Ligue américaine de hockey (LAH).
La réalité, c'est qu'on ne savait pas trop comment me gérer. Pour être franc, j'étais laissé seul à moi-même. Je me gardais en forme en jouant des mini-matchs à trois contre trois avec le groupe de réservistes après les séances d'entraînement.
Je ne blâme pas les entraîneurs ni les Sabres. C'était une autre époque. Dans ce temps-là, l'encadrement des jeunes n'était pas ce qu'il est aujourd'hui. Ce n'était même pas proche.
Première chose : aujourd'hui, les équipes sont limitées à 23 joueurs, ce qui facilite le suivi de chacun, et elles ne laissent absolument rien au hasard avec leurs jeunes. Elles établissent des plans et elles savent exactement où elles s'en vont. On ne lésine sur rien. Les jeunes bénéficient d'un suivi quotidien rigoureux et ils disposent d'une armada d'intervenants sur le terrain -- entraîneurs, directeurs du développement et préparateurs physiques -- pour s'occuper d'eux.
En 2019, c'est possible pour un jeune de poursuivre son développement même en ne jouant pas tous les matchs. Les amateurs et les observateurs peuvent penser qu'une longue période d'inactivité peut être néfaste pour un jeune, ce n'est pas nécessairement le cas. Cela étant dit, les jeunes doivent finir par jouer. Chacun est différent et chacune des situations est différente, mais c'est partie intégrante de leur développement.
Avec le recul dans mon cas, je ne peux pas avancer que le manque d'encadrement des Sabres ait pu retarder ma progression. Je n'irais pas jusqu'à dire ça parce que j'ai connu une très belle fin de saison avec le Titan, qui était dirigé par Bob Hartley avec Michel Therrien comme adjoint. J'ai joué en masse et j'ai appris à gagner, nous avons atteint le tournoi de la Coupe Memorial.
Pour revenir à Fleury et à Dobson, si dans le cas du premier, qui est âgé de 20 ans, je m'attends à ce qu'il fasse la navette entre la Ligue nationale et la Ligue américaine cette saison, je vais surveiller ce que les Islanders vont faire avec le second. Ils auront une décision à prendre, dans le contexte où il y a un repêchage d'expansion à venir.