OTTAWA – Il aura fallu que le Canada tire de l’arrière par deux buts après une période en quarts de finale du Championnat mondial junior pour que Dave Cameron se décide enfin à envoyer la jeune sensation Gavin McKenna sur son premier trio en compagnie de Calum Ritchie et d’Easton Cowan.
Comme si les voyants d’urgence venaient tout juste de s’allumer. Mais après une ronde préliminaire au cours de laquelle sa troupe a eu toute la misère du monde à acheter un but, il s’agissait pourtant d’une évidence.
À l’instar de la formation canadienne, McKenna a connu ses deux meilleures périodes de la compétition – et il a, en fin de compte, été l’attaquant le plus utilisé (18:41) dans ce revers de 4-3 contre la Tchéquie. Si c’était la solution de dernier recours, elle a été prise trop tard.
Avec ses 60 points, dont 19 buts, en 30 matchs dans la Ligue de l’Ouest (WHL), McKenna s’est pourtant présenté à Ottawa avec la fiche la plus impressionnante chez les joueurs canadiens.
« J’ai changé mes trios tout au long du tournoi », a répliqué Cameron, lorsque défié à ce sujet. « J’ai inséré des gars dans la formation et tout le reste. J’ai bougé les gars pendant tout le tournoi. Ça s’est poursuivi ce soir. […] On a songé à chaque combinaison possible. »
Pour une deuxième année de suite, le Canada fait donc ses valises avant même la ronde des médailles, une première depuis l’instauration du tournoi à la ronde, en 1996. Et comme ce fut le cas l’an dernier avec Alan Letang, Cameron aura à prendre sa part du blâme.
Parce qu’il n’est pas tout à fait vrai qu’il a tenté plusieurs choses, malgré les difficultés offensives rencontrées par sa troupe. L’unifolié a inscrit 13 buts au total en cinq matchs, dont seulement cinq à forces égales. Trois de ces cinq réussites sont survenues dans le gain de 4-0 contre la Finlande au premier match.
Après cela, nada. Et ce, malgré la force de frappe qu’elle affichait sur papier. Quelque chose ne cliquait tout simplement pas sur les trios de Cameron, et les solutions ne sont jamais venues.
« C’est la nature de la compétition », s’est-il défendu, lui qui en était à sa cinquième présence derrière le banc d’ÉCJ. « Si je connaissais la réponse à nos problèmes, je l’aurais partagé avec les gars. »
Pour ce match d’élimination, le pilote est revenu à la charge avec une première unité formée par Ritchie, Cowan et Bradly Nadeau même s’ils n’avaient rien fait de particulièrement bon au tour préliminaire. Ils n’ont pas été meilleurs, jeudi, jusqu’à ce que Cameron les sépare à nouveau.
« Nous avons mis de la circulation devant le filet adverse, mais on aurait pu en mettre plus, a reconnu Nadeau. Les gardiens adverses ont pu voir la rondelle tout le tournoi. S’ils voient la rondelle, ils font les arrêts. Avec du trafic, les buts auraient probablement été au rendez-vous. »
Il est quand même surprenant d’entendre ça de la bouche d’un joueur après toutes les fois où l’état-major a dit miser, cette année, sur l’aspect combatif, hargneux et énergique de ses joueurs. Ils sont plusieurs dans cette équipe à avoir refusé de payer le prix pour aller chercher le but qui aurait fait la différence.
Ils ont peut-être aussi été utilisés dans les mauvaises chaises.
« Ce n’est pas que ça ne cliquait pas, c’est qu’on ne marquait pas, a rectifié Cameron. Le fait de marquer génère des émotions. Ça met les partisans dans le match. C’est ainsi. On créait des chances. On aurait pu en créer davantage, mais les statistiques avancées nous montrent qu’on en faisait assez pour gagner.
« Ça n’a tout simplement pas rentré. C’est la nature du sport, parfois. »
Décisions douteuses
Il y a peut-être un petit côté malchanceux, mais il y aurait pu y avoir plus d’ajustements.
La décision de Cameron d’insérer Carson Rehkopf dans la formation au détriment de Porter Martone, et vice-versa, deux fois dans le tournoi, a été douteuse. Les deux évoluent ensemble sur l’un des meilleurs trios de la Ligue canadienne (LCH) à Brampton, et l’expérience n’a jamais été tentée.
Au sein d’une attaque qui ne démontrait aucune chimie, en plus.
Chaque fois qu’il procédait à ce changement, il faisait entrer un attaquant de plus de 6 pieds et de plus de 200 livres avec du talent offensif en remplacement d’un joueur du même profil. Il n’y gagnait rien au final.
Cameron n’a aussi dirigé aucun entraînement pendant le tournoi. La seule fois que le groupe a touché à la glace entre les matchs, c’était le 30 décembre, pour prendre une photo d’équipe. Il aurait probablement été utile de revoir quelques notions, et peut-être de faire des expériences sur les différents trios.
« Nous sommes épuisés, a répondu Cameron. Il n’y a pas de système pour des joueurs fatigués. »