OTTAWA – Ryan Leonard sait très bien ce qui attend son équipe au Centre Canadian Tire, mardi.
Le capitaine de la formation américaine a vu neiger. Il a bien remarqué que la foule était hostile face à son équipe depuis le début du Championnat mondial junior. La situation ne risque pas de s’améliorer quand lui et ses coéquipiers se mesureront au Canada, dans la capitale fédérale, avant le passage à 2025.
Surtout que la première place du groupe A sera à l’enjeu.
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« Ce sera cool, surtout en sol canadien », a lancé l’espoir des Capitals de Washington. « Le monde est contre nous. On l’a bien vu dans les autres affrontements, mais ce sera une coche de plus contre le Canada. Ce sera un match plaisant à jouer et nous devons profiter du moment. »
L’Allemagne, la Lettonie et la Finlande ont tous bénéficié du soutien des amateurs canadiens quand ils ont fait face aux États-Unis. Il y a eu de forts cris d’encouragement destinés à chacune de ces nations, même envers la Lettonie, au lendemain de la surprise monumentale qu’elle a causée en défaisant les favoris locaux.
Les éternels rivaux du sud de la frontière sont les ennemis numéro un. Et rien ne peut changer ça.
« Quand le tournoi est au Canada, c’est toujours comme ça, a rigolé l’attaquant Jacob Perreault. C’était la même chose l’an dernier en Suède – la foule était toute en jaune. Ici, il n’y aura que du rouge. Ce sera un bon match et l’ambiance sera très bonne. »
« Il n’y a rien de différent par rapport à l’an dernier, a plaidé le défenseur Zeev Buium. Ils nous haïssaient là-bas aussi. Honnêtement, on aime jouer les vilains. »
Il est vrai que les Américains ont l’habitude de jouer dans des environnements peu amicaux. Ça ne les a tout de même pas empêchés de remporter l’or avec une victoire de 6-2 contre la Suède dans un Scandinavium bruyant au possible, l’an dernier, à Göteborg.
« Ultimement, il faut l’utiliser à notre avantage », a dit Leonard, qui faisait partie de cette édition championne. « La foule ne sera pas silencieuse si on ne fait rien pour la réduire au silence. Il faut bloquer le bruit jusqu’à ce qu’on prenne le contrôle de l’amphithéâtre et du match.
« On va essayer de faire ça le plus tôt possible et poursuivre sur cette lancée le restant de la rencontre. »
Cet affrontement au sommet a une saveur plutôt particulière et imprévisible cette année.
Plusieurs auraient parié que les deux équipes atteindraient cette dernière étape de la ronde préliminaire sans trop de problèmes et qu’elles auraient des fiches immaculées après trois matchs. Le Canada a cependant trébuché en tirs de barrage contre la Lettonie, et les États-Unis ont perdu en prolongation contre la Finlande.
Le Canada et les États-Unis comptent sept points chacun, et le perdant de ce match est en danger de terminer au troisième rang du groupe – tout dépendant du résultat du match entre la Finlande et la Lettonie. Cela signifierait un duel de quarts de finale contre le perdant de l’affrontement entre la Suède et la Tchéquie. Moins commode.
« Je crois que tous les gars sont frustrés du résultat contre la Finlande, a prévenu Leonard. On a la chance de jouer pour la première place contre le Canada. Tout est encore possible. On sera prêts pour le défi. »
Aux antipodes
Les deux puissances ont donc la même fiche (2-0-1-0). Mais les comparaisons s’arrêtent là.
L’attaque des Américains fonctionne bien – ils ont inscrit 18 buts, dont 10 contre l’Allemagne. Défensivement, c’est un peu plus suspect. Ils ont eu toute la misère du monde à quitter leur territoire contre la Finlande, et le gardien Trey Augustine n’est pas l’ombre de lui-même. Sa mitaine semble tout simplement défectueuse.
Celui qui a conclu le dernier tournoi avec la meilleure moyenne de buts alloués et le meilleur taux d’efficacité présente une moyenne de 3,94 et une efficacité de ,879 en deux départs.
« On a besoin d’en voir plus de la part de plusieurs gars, a averti l’entraîneur David Carle. Il faut jouer de façon plus ferme et s’impliquer physiquement. Notre pression sur la rondelle n’est pas assez bonne. »
L’attaque du Canada, elle, est en panne sèche. Depuis qu’elle a inscrit trois buts à forces égales contre la Finlande en ouverture de tournoi, aucun attaquant n’est parvenu à le faire face à la Lettonie ni contre l’Allemagne – deux nations dont les Canadiens auraient dû disposer facilement.
En revanche, la brigade canadienne n’a toujours pas cédé à forces égales. Elle n’a accordé que deux buts – si l’on exclut celui inscrit par la Lettonie en tirs de barrage – et Carter George a signé deux blanchissages.
Ce sera donc un duel entre l’attaque américaine et la défensive canadienne. On verra qui aura le dessus.
« Ils forment une bonne équipe, a résumé Carle, sans s’étendre. Ils ont beaucoup de bons joueurs. De bons entraîneurs. Ce sera un gros match. »