GÖTEBORG, Suède – Radek Bonk nous rejoint dans le lobby d’un hôtel adjacent au Scandinavium, l’un des arénas de Göteborg, où se tient le Championnat mondial junior. Partout où l’on regarde, impossible de ne pas croiser quelqu’un vêtu d’un chandail aux couleurs du Canada.
C’est une véritable mer rouge qui s’active, à quelques heures du premier duel entre le Canada et la Finlande.
« On dirait que des milliers de Canadiens ont fait le voyage ici pour assister au tournoi, s’exclame l’ancien attaquant des Sénateurs d’Ottawa et des Canadiens de Montréal, notamment. Je commence à réaliser l’ampleur et l’importance de cet évènement, spécialement au Canada. C’est complètement fou. »
Bonk adore le tournoi – « le Mondial junior et les séries éliminatoires de la LNH, tu ne peux pas manquer ça! » – mais il n’a pas fait le voyage en provenance d’Ottawa comme un simple amateur. Il est ici parce que son fils Oliver a réussi à se tailler un poste au sein de la brigade défensive de la formation canadienne.
Après sa sélection par les Flyers de Philadelphie en première ronde lors du dernier encan, celui qui évolue avec les Knights de London a encore réussi à faire vivre de grandes émotions à son père.
« J’ai eu la larme à l’œil quand il m’a appelé pour m’annoncer qu’il avait été retenu par l’équipe, a-t-il admis. J’ai vécu toutes les étapes qu’il traverse et je sais à quel point c’est de l’investissement et du travail. Plusieurs joueurs travaillent fort et n’obtiennent jamais une occasion comme celle-ci.
« Oliver me répète depuis qu’il est jeune qu’il va devenir un joueur de la LNH, comme moi. Je l’ai toujours encouragé en sachant que ce n’est qu’une infime minorité qui y parvient. C’est tellement dur. Il a encore du chemin à faire, mais cette expérience va l’aider dans sa quête. »
Radek a lui-même dû faire une croix sur une participation au Mondial junior, et ce n’était pas par manque de talent - on parle quand même d’un ancien troisième choix au total. Il s’alignait à l’époque avec le Thunder de Las Vegas, dans la Ligue internationale, et l’équipe avait refusé de prêter ses services à la Tchécoslovaquie.
Trente ans plus tard, il pourra finalement goûter à l’expérience grâce à son fils. Il le fera d’ailleurs entouré de plusieurs membres de la famille, dont son père Jaroslav, qui a fait le trajet de la Tchéquie.
Ce dernier verra le jeune Bonk évoluer sous ses yeux pour la première fois depuis que Radek et sa famille ont quitté sa ville natale, là où il a conclu sa carrière, pour revenir s’installer à Ottawa. Oliver avait à peine 10 ans à l’époque, et rien encore ne le prédestinait à un destin similaire à celui du paternel.
« C’est énorme pour mon père d’être capable de venir ici pour voir jouer son petit-fils dans l’uniforme du Canada », a évoqué Bonk, qui a quitté son pays à l’âge de 17 ans dans l’espoir de faire carrière dans la LNH.
Comme la Tchéquie n’évolue pas dans le même groupe que le Canada, il n’y a pas de conflit d’intérêts à l’horizon pour la famille – en ronde préliminaire du moins. Ils pourront encourager les deux nations jusqu’à un éventuel affrontement lors de la ronde éliminatoire.
Si cela survient, comme ce fut le cas en finale l’an dernier, il n’y aura aucun doute sur leur allégeance.
« J’ai passé la moitié de ma vie au Canada alors je me considère à moitié Canadien, a-t-il rigolé. Chaque année, je suis derrière le Canada et la Tchéquie. Si les deux pays s’affrontent, je penche habituellement plus vers la Tchéquie, mais ce ne sera pas le cas cette année (rires).
« Je souhaite voir les deux équipes en finale avec le même résultat qu’au dernier tournoi! »