Lafleur Pas Lepage

QUÉBEC -Guy Lafleur n'aurait manqué ce moment pour rien au monde.

Malgré la maladie qui ne lui laisse pas de répit, le Démon blond a une fois de plus démontré la grande force qui l'a caractérisé tout au long de sa carrière en se déplaçant dans la Vieille Capitale pour recevoir l'ultime honneur : le retrait de son chandail no 4, qu'il a popularisé avec les Remparts de Québec, à travers la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
« Dans la vie, il ne faut rien laisser passer, a déclaré l'ancienne gloire des Canadiens de Montréal, aux prises avec une récidive d'un cancer du poumon. Chaque opportunité, chaque évènement auquel on peut assister, c'est important d'y être si on est capable. Il faut savourer chaque moment. »

Entouré de sa femme Lise, de sa famille et d'une dizaine de membres de l'édition championne de la Coupe Memorial de 1971, Lafleur a reçu une longue et chaleureuse ovation de 4 min 30 s de la part des quelques milliers de partisans réunis au Centre Vidéotron avant le match entre les Remparts et les Cataractes de Shawinigan, jeudi.
Il a remercié la foule à plusieurs reprises et n'a pu retenir ses larmes alors que résonnaient les « Guy! Guy! Guy! » aux quatre coins de l'amphithéâtre.
« Je veux profiter de l'occasion pour remercier mes coéquipiers du fond du cœur, a dit Lafleur quand il s'est adressé à la foule. Si les Remparts ont connu autant de succès, c'est parce que l'équipe était une famille, que les joueurs étaient fiers et qu'ils avaient un fort sentiment d'appartenance.
« Notre but était de faire des Remparts la meilleure équipe junior au Canada, et en 1971, on a prouvé à toutes les équipes que nous étions capables de les battre. »
Dans un généreux discours de quelques minutes, il a remercié sa femme et ses fils Mark et Martin pour leur soutien tout au long de sa carrière. Il a blagué à quelques occasions, notamment lorsqu'il s'est remémoré le défilé de la Coupe Memorial dans les rues de Québec, il y a 50 ans.
« On a vécu tellement de belles choses, a-t-il lancé. Il pleuvait à boire debout pendant la parade, mais ce n'était pas grave; on s'est ramassé dans les bars après! »

Plusieurs dignitaires ont pris la parole au micro, dont le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau, le maire de Québec Régis Labeaume et le premier ministre du Québec François Legault, via une vidéo diffusée sur l'écran géant.
« Je suis un grand fan de hockey, mais aussi un grand fan de Guy Lafleur, a dit le premier ministre. Le Démon blond, c'était mon idole et il a marqué le monde du hockey. Il a fait rêver tout un peuple et il a inspiré toute une génération de champions. […] Vous êtes la fierté du peuple québécois. »
Son ancien coéquipier André Savard a aussi rendu hommage à celui qui a été son voisin de casier pendant deux saisons au Colisée de Québec.
« Guy a tout donné avec les Remparts, a-t-il vanté. C'était un grand joueur, talentueux, déterminé avec du caractère et qui fournissait le même effort tant au Colisée que sur la route. C'est pour ça que ton chandail est retiré dans tous les amphithéâtres. Tu donnais l'effort à tous les matchs. »
Patrick Roy, l'entraîneur et directeur général des Diables rouges, s'est quant à lui souvenu de son premier passage chez les Canadiens, alors que Lafleur en était à sa dernière saison à Montréal. Il a aussi souligné au passage que le no 10 l'avait battu à deux reprises à son retour au jeu avec les Rangers de New York.
« Ce soir-là, ce n'est pas moi qui ai fait un clin d'œil, c'est Guy qui m'en a fait un », a-t-il dit en riant.
Lafleur a ensuite eu droit à une dernière ovation quand il a regardé sa bannière ornée du logo de la Ligue de hockey junior A - le nom de la LHJMQ à l'époque - être hissée dans les hauteurs du Centre Vidéotron, où son chandail a évidemment déjà été retiré par la formation québécoise.
Vieux et jeunes, portant des chandails des Remparts, des Nordiques et des Canadiens, se sont tous levés d'un trait pour envoyer le héros de la soirée à la maison, le cœur bien plein d'amour.
PHOTO:Jonathan Roy/Remparts de Québec