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Martin Biron a connu une carrière de 15 saisons dans la LNH et il a signé 230 victoires en 508 matchs, connaissant notamment deux saisons de 30 gains et plus. Il a également atteint la finale de l'Association de l'Est avec les Flyers de Philadelphie en 2008. Le gardien natif de Lac-St-Charles a été sélectionné au 16e rang au total du repêchage 1995 par les Sabres de Buffalo. Il a évolué avec les Sabres, les Flyers, les Islanders de New York et les Rangers de New York. Martin a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com chaque semaine afin de discuter de l'univers des gardiens et d'analyser l'actualité de la LNH.

La prolongation à 3-contre-3 offre un spectacle excitant depuis son instauration en 2015-16 et il semble que les équipes tentent de plus en plus de trouver la brèche qui leur permettra d'avoir un certain avantage sur leur adversaire. Tout indique que les gardiens peuvent faire partie de la solution.
On a eu droit à un bon exemple, samedi dernier, quand le Lightning de Tampa Bay et le Wild du Minnesota ont disputé une prolongation endiablée au cours de laquelle les deux gardiens - Andrei Vasilevskiy et Alex Stalock - ont agi comme un quatrième joueur par moments.
Chaque fois qu'ils ont touché au disque, ç'a mené à une chance de marquer, même que Stalock a éventuellement récolté une aide sur le but gagnant.

Stalock et Vasilevskiy participent à l’attaque

Le jeu qui m'a le plus marqué, c'est l'échange entre Stalock et Ryan Suter en début de prolongation. Ce que je retiens de ça, c'est que c'était un jeu programmé. C'est quelque chose que le Wild a probablement pratiqué dans les entraînements. Quand on regarde la reprise, on remarque que Stalock tient son bâton comme un joueur durant toute la séquence. Il savait très bien qu'il allait recevoir une autre passe et peut-être même une troisième avant de faire le jeu.
À 4-contre-4 ou à 5-contre-5, tu ne peux pas te permettre de faire ça parce qu'il y a un système de jeu en échec-avant, ce n'est pas de l'homme à homme. À 3-contre-3, il y a tellement d'espace sur la patinoire que si un joueur décide de mettre un peu de pression sur le gardien, ça ouvre les lignes de passes.
Dans cette situation, la passe n'a pas besoin d'être précise. Le gardien doit simplement envoyer la rondelle dans un endroit où son joueur a une possibilité d'aller la chercher et il va créer un surnombre. Quand Stalock a fait la passe soulevée en zone neutre, ce n'était pas une passe précise sur la palette de Suter, mais ç'a mené à un 2-contre-1.
Sur la séquence où Ryan McDonagh renvoie la rondelle à Vasilevskiy, il l'a initialement fait pour se donner du temps et de l'espace et permettre à ses coéquipiers de compléter le changement. Mais Zach Parise s'est retrouvé pris entre les deux en échec-avant et ç'a ouvert la ligne de passe vers Stamkos à la ligne bleue adverse.
Dans les trois situations, il y a eu des chances de marquer parce que les joueurs ne sont pas vraiment habitués à voir un gardien de but recevoir autant la rondelle. Si j'étais entraîneur, le mot d'ordre serait de mettre de la pression si le joueur est en mesure de se rendre au gardien en dedans de deux secondes. Sinon, je leur dirais de se replier pour éviter les risques d'erreurs.
Pas donné à tout le monde
Les deux gardiens ont bien fait dans cet exemple, mais ce ne sont pas toutes les équipes qui peuvent se le permettre. C'est plus facile dans une situation comme celle-là, mais il reste qu'il y a une élite à ce chapitre dans la LNH.
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Je pense à Carey Price avec les Canadiens de Montréal et à Mike Smith chez les Flames de Calgary. Mais ce n'est pas Roberto Luongo qui va commencer à faire de grosses passes, on l'a vu au Match des étoiles!
Je crois que les équipes accordent de plus en plus d'importance à ça. Quand j'étais avec les Rangers de New York avec Henrik Lundqvist et Benoit Allaire, on avait un entraînement dédié au maniement de la rondelle aux deux ou aux trois semaines. Tu peux travailler là-dessus et t'améliorer, mais certains gardiens ont des instincts de passeur que tu ne peux pas apprendre.
J'étais le genre de gardien qui pensait avoir beaucoup de talent - je croyais être aussi bon que Ron Hextall ou Martin Brodeur - mais je ne leur arrivais même pas à la cheville. J'ai fait beaucoup d'erreurs avec la rondelle, beaucoup de mauvaises passes et de mauvais jeux, mais malgré ça, je continuais à essayer parce que ça aide vraiment les défenseurs. Les gardiens qui sont capables de faire des passes facilitent la vie de leurs défenseurs.
Gibson porte les Ducks sur ses épaules
Les Ducks d'Anaheim ont vraiment de la misère en zone défensive en ce début de saison. Ils doivent remercier John Gibson et Ryan Miller qui ont vraiment été incroyables. Sans ces deux gardiens, je pense qu'ils subiraient des défaites à sens unique. Ils donnent beaucoup trop d'espace en zone défensive et les gardiens font face à des barrages de tirs de l'enclave, de déviations, de tirs voilés et de retours de lancer.

ANA@CHI: Gibson plonge pour voler Kane

Je n'avais pas Gibson dans mon top-10 en début de saison parce que c'est un gardien qui est bon dans beaucoup d'aspects, mais qui est rarement excellent. Beaucoup de choses ont affecté ma perception de lui, mais cette saison, il a vraiment monté son jeu de deux ou trois crans et il n'a pas le choix avec la défensive qu'il a devant lui.
Quick va se replacer
Jonathan Quick a joué une seule rencontre avant d'en rater cinq en raison d'une blessure au bas du corps et il connaît des difficultés depuis son retour au jeu. En quatre matchs cette saison, il affiche une moyenne de buts alloués de 4,55 et un taux d'efficacité de ,845.
Il a l'air perdu présentement, ce n'est pas le Quick qu'on est habitué à voir. Mais c'est le genre de gardien qui excelle quand le timing est parfait.
Je pense que c'est seulement le fait qu'il ne peut pas simuler une situation de match dans les entraînements en raison de son style de jeu. C'est une question de reprendre le timing. Plus il va jouer, mieux ça va être.
Hellebuyck et Fleury aux extrêmes
J'aime beaucoup Connor Hellebuyck, je trouve que c'est un gardien très technique au gros gabarit qui lit très bien le jeu, mais en regardant le match contre les Blues de St. Louis, lundi, j'ai trouvé qu'il semblait manquer de confiance en ses moyens.
Il jouait tellement profondément dans son filet qu'on aurait dit qu'il jouait avec de la crainte et de l'incertitude. Sur le but de Ryan O'Reilly en première période, il a jambière dans le fond de son filet. C'est le signe d'un gardien craintif.

STL@WPG: Perron et O'Reilly s'unissent tôt

À l'autre extrême, Marc-André Fleury a vraiment retrouvé ses repères. Il est en confiance et ça paraît. Selon moi, il doit être considéré parmi les trois ou cinq meilleurs gardiens de la Ligue présentement.
\ Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*