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Quand il a pris la décision de rester une saison de plus à l'Université Northeastern plutôt que de signer un premier contrat professionnel avec les Sabres de Buffalo, Devon Levi savait exactement où il s'en allait.

Sur un tableau blanc accroché à l'un des murs de sa chambre, le gardien québécois avait écrit en grosses lettres : TAMPA. C'est là qu'aura lieu, dans un peu moins de deux mois, le Frozen Four, où se réuniront les quatre équipes toujours en lice pour l'obtention du titre national de la NCAA.
« C'est écrit là depuis la fin de la saison dernière, a raconté le jeune homme de 21 ans, en français. Il y a un mois et demi, personne ne pensait qu'on avait la moindre chance de s'y rendre. On était loin au classement, et maintenant, on est en train de remonter. Le travail n'est pas encore terminé.
« Se rendre là-bas serait un rêve et ce serait encore plus significatif à cause de l'adversité qu'on a traversé pendant la saison. Ce serait tout un 'feeling' de s'y rendre. »
L'adversité dont le jeune homme parle semble bel et bien derrière. Après un début de saison tout à fait décent, les Huskies ont plongé au cœur d'une difficile séquence (2-6-1) qui les a fait reculer au classement national, déterminé par un système de pointage plutôt complexe.
Depuis le début du mois de janvier, Levi et ses coéquipiers sont parvenus à redresser la barque. Ils ont remporté neuf de leurs dix derniers matchs (9-0-1), et viennent tout juste d'être sacrés champions du Beanpot - un tournoi qui réunit les équipes des quatre grandes universités bostoniennes.
En finale, le portier de 21 ans a repoussé 30 lancers en plus d'être parfait en tirs de barrage pour permettre aux siens de l'emporter 3-2 face à Harvard, dans un match présenté dans un TD Garden plein à craquer. Il a ainsi pu cocher un autre item de sur sa liste d'objectifs à atteindre.
« C'était incroyable, a lancé celui qui a été nommé le joueur le plus utile du tournoi. C'est l'un des plus beaux jours de ma vie, et je vais longtemps me souvenir de toutes les émotions que j'ai vécues. On a joué notre meilleur hockey quand c'était le temps de le faire et je suis très fier des gars.
« Je voulais qu'on se rende en tirs de barrage. Je savais que tout le travail avait été fait avant ce match, que j'étais prêt pour ce moment. Je voulais juste m'amuser. J'ai joué librement, sans pression, et je ne pensais qu'à arrêter la rondelle. Quand je m'amuse, les résultats sont bons la plupart du temps. »
On ne pourra pas le contredire là-dessus. Après une saison exceptionnelle au cours de laquelle il a mis la main sur le trophée Mike-Richter, remis au meilleur gardien du circuit, en plus d'être en lice pour le prestigieux Hobey-Baker, l'espoir des Sabres est en voie de rééditer ces exploits.
Malgré une campagne un peu plus difficile au chapitre collectif (15-10-5), et des statistiques personnelles légèrement moins impressionnantes - il maintient une moyenne de buts alloués de 2,24 et un taux d'efficacité de ,933 - Levi est encore en mesure d'affirmer sa supériorité en vivant de nouvelles expériences.
C'est exactement ce qu'il avait en tête quand il a choisi de passer une saison de plus dans la NCAA, même si ses chiffres (1,54 - ,952) laissaient croire qu'il n'avait plus rien à prouver à ce niveau.
« Je savais que ça n'allait pas être facile cette année, a souligné Levi. Je savais que je pourrais tirer plus de leçons de cette saison-là et que ce serait important pour mon futur dans le hockey professionnel. C'est une année à laquelle je pourrai repenser quand j'aurai à gérer de l'adversité. »
Toujours s'améliorer
À ce stade de sa carrière, on aura compris que tout ce que fait Levi est dans le but de s'améliorer, dans n'importe quelle sphère de sa vie. Le natif de Dollard-des-Ormeaux insiste d'ailleurs chaque fois pour faire l'entrevue en français « pour se pratiquer » avec les médias francophones de la province.
« Je suis déjà meilleur qu'il y a 20 minutes », laissera-t-il tomber au terme de la discussion. Chaque situation difficile ou inconfortable est une occasion d'avancer. C'est son approche, et il n'en démord pas.
« L'adversité est un mal pour un bien, affirme-t-il. Quand ça ne va pas bien, tu dois trouver des façons de faire mieux, et c'est ce que j'ai fait cette saison. J'ai fait des pas de géant et j'ai beaucoup appris sur moi-même, sur ce que je dois faire pour connaître du succès. Ça n'a pas de prix et ça ne s'oublie pas. »
Les Sabres auraient probablement préféré l'avoir dans le giron de l'organisation cette saison, mais ils auront un gardien mieux outillé sous la main quand il jugera qu'il est prêt à faire le saut. D'ici là, Levi se concentre sur sa fin de saison et sur le mot inscrit sur son tableau depuis près d'un an.
« Cette saison était une occasion de prouver que notre équipe est la meilleure et on est en train de le faire, a-t-il conclu. En ce moment, je veux seulement être le meilleur gardien que je peux pour mes coéquipiers et faire tout ce que je peux pour jouer le dernier match de la saison à Tampa. »