Ça fait maintenant deux semaines que Jacob Perreault a appris qu’il était échangé aux Canadiens de Montréal. Il y a bien sûr eu l’effet de surprise d’être impliqué dans une première transaction en carrière, et aussi toute l’émotion en lien avec le retour à la maison près de la famille et des amis.
Mais l’enthousiasme d’une transaction s’estompe toujours rapidement, et on en revient vite à l’essentiel : performer sur la patinoire. Non seulement s’agit-il d’une relance pour la carrière du jeune homme de 21 ans dans une nouvelle organisation, il y a aussi l’importance de bien faire sur la glace pour essayer de conduire le Rocket de Laval à une qualification en séries éliminatoires.
Après quatre matchs, Perreault n’a toujours pas noirci la feuille de pointage et n’a pas particulièrement tiré son épingle du jeu. L’ailier droit qui a grandi en partageant son temps entre l’Estrie et la banlieue de Chicago trace un bilan un peu tiède de ses débuts dans son nouvel uniforme.
« Je pense que j’ai assez bien fait dans les circonstances, a commencé par dire Perreault. C’est la première fois que j’étais échangé et malgré le fait que j’ai été appelé à déménager souvent dans ma vie, c’est un peu différent cette fois-ci. C’est un nouveau vestiaire, de nouveaux coéquipiers, un nouvel environnement… C’est beaucoup à apprivoiser en même temps, sans compter le nouveau système de jeu. Je pense que je peux être meilleur que ça. »
La capacité de Perreault à marquer des buts grâce à un tir qu’il peut décocher à une vitesse élevée avait séduit les Ducks d’Anaheim, qui ont fait de l’attaquant une sélection de premier tour en 2020, la 27e au total de l’encan en provenance du Sting de Sarnia dans la Ligue junior de l’Ontario. La pandémie a permis aux Ducks de le faire progresser rapidement vers le hockey professionnel alors qu’il a intégré le club-école de San Diego à 18 ans à peine, ce qui aurait été impossible si le circuit junior ontarien avait pu tenir une saison.
« J’étais très jeune quand j’ai commencé à jouer dans la Ligue américaine et ç’a pris un petit bout de temps avant que je trouve mes repères, a dit Perreault. Je réalise aujourd’hui que pour faire carrière, ça prend beaucoup de sérieux sur et en dehors de la patinoire. Je pense que je prends plus soin de moi maintenant. Je vois vraiment mon transfert à Montréal comme une page blanche et je veux montrer qu’ils ont fait le bon choix de venir me chercher. »
On l’a d’ailleurs vu avoir une bonne conversation avec l’entraîneur du Rocket, Jean-François Houle, pendant l’entraînement de l’équipe mardi matin.
« Je suis allé voir l’entraîneur pour lui demander à quel endroit il souhaite que je me place plus souvent afin de marquer des buts, explique celui qui aimerait bien retrouver cette touche offensive qu’il n’a pas encore réussi à amener chez les professionnels. J’essaie de m’améliorer tous les jours et j’ai très hâte de marquer mon premier but avec le Rocket. »
Le meilleur conseiller n’est qu’à un coup de fil près…
Impossible de discuter avec Jacob Perreault sans lui faire part de la relation qu’il entretient avec son père Yanic, qui a disputé 859 matchs dans la LNH en 13 saisons complètes. Le jeune Perreault est d’ailleurs né à Montréal au milieu du passage de trois saisons du paternel avec les Canadiens. Même s’il n’a pas de souvenirs précis de cette époque, Jacob trouve très spécial de faire partie d’une des anciennes organisations pour lesquelles son père a joué.
« Mon père est la première personne que j’ai appelée quand j’ai appris la nouvelle, a-t-il raconté. Au début, je pense qu’il ne le réalisait pas vraiment et il m’a même demandé si j’étais bien sûr de mon coup! Ça nous a tous les deux pris quelques minutes pour réaliser que je m’en venais à Montréal, et on était tous les deux bien excités. Je suis content de revenir ici. Même si j’ai évolué au hockey ailleurs qu’au Québec, je considère que c’est encore la maison. Toute la famille est super contente de me voir à l’œuvre plus souvent. »
Alors que ses enfants poursuivent leur progression dans le monde du hockey – le plus jeune de ses fils, Gabriel, est un espoir de premier plan des Rangers de New York alors que sa fille Liliane s'est entendue avec l'équipe de Montréal de la LPHF, mardi – Yanic fait partie de l’organisation des Blackhawks de Chicago au développement des joueurs et comme spécialiste des mises au jeu, un aspect où il a excellé pendant toute sa carrière dans la LNH, non seulement à Montréal, mais aussi à Toronto, Los Angeles, Nashville, Phoenix et Chicago.
Quand le besoin se fait sentir, c’est toujours au paternel que Jacob fait appel lorsqu’il a besoin d’un conseil pour améliorer un aspect de son jeu. Bien qu’utilisé majoritairement à l’aile droite, il aime beaucoup qu’on lui rajoute des responsabilités sur les mises au jeu. Il s’est d’ailleurs retrouvé au centre à quelques occasions sur la deuxième vague de l’avantage numérique du Rocket la semaine dernière, une unité formée de quatre ailiers naturels et d’un défenseur.
« Ce n’est pas rare qu’il me lâche un coup de fil et me partage des trucs, surtout sur les mises au jeu, avoue Perreault. Il m’envoie des séquences afin que j’étudie les tendances de mes adversaires. Je prends fierté à m’améliorer là-dessus et je veux constamment avoir un taux d’efficacité supérieur à 50 pour cent. Ça peut tellement aider un club quand on peut avoir le contrôle de la rondelle. »
Avec 12 matchs à jouer d’ici la fin de la saison, Jacob Perreault espère contribuer à sa façon aux succès du Rocket, qui vise à se qualifier en éliminatoires pour la troisième année de suite. Et s’il veut savoir vraiment à quoi ressemble la frénésie des séries quand elle s’empare du marché montréalais, il n’a qu’un coup de fil à passer.