LAS VEGAS -T.J. Oshie a dû s'arrêter. Les larmes ne voulaient pas cesser de couler. Elles ont rempli ses yeux et sont descendues sur son visage, qui était couvert d'un mélange de sueur séchée et d'eau salée, le résultat d'entrevues et de larmes précédentes. Il a saisi le coin de la serviette des champions de la Coupe Stanley qu'il portait autour du cou et s'est essuyé les yeux. Il s'est excusé.
Sa voix était éraillée, en raison de l'émotion, en raison des cris, en raison de tout ce qui s'était passé et qui continuait de se passer.
Oshie très émotif après avoir gagné la Coupe Stanley avec les Capitals
L'attaquant passe un moment avec sa famille sur la glace, et effectue un tour de patinoire avec son père
© Patrick McDermott/Getty Images
« Cette victoire - désolé - elle doit être dédiée à ma famille, a lâché Oshie, avant d'éclater en sanglots. C'est pour mes deux petites filles. J'ai mon nom sur quelque chose de gros, alors elles vont savoir que papa a joué au hockey lorsqu'elles seront grandes. C'est pour mon père, qui est atteint de la maladie d'Alzheimer. Sa mémoire lui fait défaut depuis quelque temps. Je pense qu'il s'agit d'un souvenir qu'il ne va pas oublier. »
Le père d'Oshie, Tim, est arrivé à Las Vegas depuis Seattle au cours de l'après-midi, avec l'espoir et la foi que les Capitals de Washington, en avant 3-1 dans la Finale de la Coupe Stanley, allaient venir à bout des Golden Knights de Vegas au T-Mobile Arena dans le match no 5. Ils l'ont fait, l'emportant 4-3 pour procurer une première conquête de la Coupe Stanley aux Capitals à leur 44e année d'existence, et à Oshie la chance de célébrer avec son père.
« C'est tout un être un humain. Tout un homme. Tout un père, a décliné Oshie. Certaines choses lui sortent de la mémoire récemment. Mais ça, ce sera bien ancré. Je ne pense pas qu'il existe une maladie qui puisse lui faire perdre ce souvenir.
« Il sait [ce qui se passe]. Il va prendre une longue gorgée dans ce gros truc qui se trouve là-bas. »
Oshie fouillait la glace des yeux alors qu'il répondait patiemment aux questions, et qu'il mettait son âme à nu. Il n'avait pas encore trouvé sa famille, ses deux filles, Lyla et Leni, son épouse Lauren, et son père. Il cherchait désespérément à les retrouver.
Oshie a tenté de faire venir Tim, qui est dans la mi-cinquantaine, à des matchs des Capitals tout au long des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, mais il n'a pas été en mesure de le faire en raison des limites imposées à son père par la maladie. Il a reçu un diagnostic d'Alzheimer en 2012, selon ce que rapportait un article d'ESPN.com en 2014.
Mais au cours de ce qu'Oshie a qualifié de « parfait concours de circonstances », Tim été en mesure d'effectuer le voyage en compagnie de la tante et de la sœur d'Oshie jeudi.
Alors il se trouvait sur place, lorsque la sirène a retenti et que les joueurs ont envahi la glace et que les émotions ont pris le dessus. Il était là en personne, témoin d'un moment qu'Oshie avait attendu toute sa vie, et où il avait en plus été l'un des catalyseurs de cette conquête par les Capitals.
Oshie, qui a été acquis par Washington dans une transaction avec les Blues de St. Louis en 2015, a conclu les séries éliminatoires au quatrième rang de l'équipe avec une récolte de 21 points (huit buts, 13 passes), derrière Evgeny Kuznetsov (32), Alex Ovechkin (27) et Nicklas Backstrom (23). Il a aidé à amener cette équipe plus loin, comme le lui avait enseigné Tim, surtout dans le match no 4 (un gain de 6-2) alors qu'il avait obtenu un but et deux passes.
« Quel gars positif, a déclaré Oshie. Malgré tous les obstacles qu'il doit surmonter sur une base quotidienne, il demeure positif. Il me dit après chacune des rencontres à quel point il est fier de moi. Une grande partie de mon caractère et des choses que je tente d'amener à cette équipe, je les tiens de lui. »
Oshie a finalement trouvé son père sur la glace. Les deux hommes se sont étreints. Plus tard, après encore plus d'entrevues, de larmes et de mots qui pouvaient à peine décrire ce qu'ils ressentaient et ce qu'ils vivaient, ils se sont approchés de la Coupe Stanley. La famille s'est réunie, et ils ont posé pour une photographie avec la Coupe devant eux.
Son épouse et ses filles se sont ensuite éloignées. Il ne restait que Tim et T.J. Ils ont soulevé la Coupe ensemble, leurs mains de chaque côté, et les deux hommes l'ont transporté, chacun des deux hommes aidant l'autre à transporter un fardeau qui était à la fois solide et léger comme l'air.
Alors qu'il s'éloignait, les yeux de Tim brillaient, comme ceux de son fils. On entendait des cris qui appelaient « Coach », le surnom que T.J. donne à son père, qui provenaient des estrades et de la patinoire, de la part de ceux qui connaissaient son histoire, et peut-être même de ceux qui ne la connaissent pas.
Les yeux de T.J étaient remplis, eux aussi.
« C'est simplement le meilleur sentiment possible, a-t-il souligné. J'ai travaillé pour connaître ce moment depuis 27 ans. De finalement le vivre, c'est un rêve qui devient réalité. »
Cela l'a frappé alors qu'il était assis sur le banc, en attendant que les dernières secondes s'écoulent au cadran. Les larmes lui sont montées aux yeux. Il y avait du sang sur sa manche gauche.
C'est pour tout cela qu'il avait travaillé. C'est tout ce qu'il avait toujours voulu. C'est ce qu'il souhaitait partager avec sa famille. C'était pour son père atteint d'Alzheimer. Pour sa fille Lyla, née avec une anomalie congénitale, la laparoschisis, qui a fait en sorte que ses intestins se trouvaient à l'extérieur de son corps. Pour Leni et Lauren. Pour son frère et son beau-père, qui fêtaient leur anniversaire jeudi. Pour sa sœur et sa tante. Pour ses coéquipiers.
Pour lui-même.
« Il y a eu trois journées incroyables dans ma vie : celle de mon mariage, et la journée de la naissance de chacune de mes filles, a énuméré Oshie. Il y en a une quatrième maintenant. »