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CLEVELAND - Tous les chemins mènent à Rome, a-t-on déjà entendu. Sauf que rares sont ceux qui ont atteint les rangs professionnels après avoir évolué dans le midget BB à 17 ans, puis dans la Ligue collégiale du Québec à 18 ans.
C'est pourtant ce qu'a réussi Samuel Vigneault, un natif de Baie-Comeau qui évolue aujourd'hui dans la Ligue américaine de hockey avec les Monsters de Cleveland, club-école des Blue Jackets de Columbus.

Le parcours de Vigneault est, disons-le, assez exceptionnel. D'abord, il a réussi de peine et de misère à se tailler un poste dans la Ligue Midget AAA à l'âge de 16 ans chez les Élites de Jonquière. Grand bonhomme de 6 pieds et 5 pouces, Vigneault n'avait pratiquement jamais touché au hockey organisé sur la Côte-Nord. Il avait énormément de choses à apprendre, se souvient son entraîneur à Jonquière, Claude Bouchard.
« Sam arrivait du Bantam BB à Baie-Comeau. La marche était très haute entre le calibre de jeu qu'il connaissait et celui du Midget AAA », s'est remémoré Bouchard, aujourd'hui entraîneur adjoint avec les Saguenéens de Chicoutimi dans la LHJMQ. « Tu voyais tout de suite qu'il avait de bonnes habiletés et un certain potentiel à développer et c'est pour ça qu'on l'avait gardé. Mais je te mentirais si je te disais qu'on anticipait un tel parcours. C'est vraiment incroyable! »
« Je n'avais pas beaucoup de temps de glace à Jonquière, se souvient Vigneault. Les équipes du junior majeur n'avaient pas souvent la chance de bien m'évaluer. J'avais cependant pris cinq pouces entre 15 et 16 ans. J'avoue que je n'étais pas très habile!
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Les Cataractes de Shawinigan avaient jeté leur dévolu sur lui au 12e tour du repêchage de 2012 à Québec. Déjà loin d'être assuré de se tailler un poste au camp des Cataractes, Vigneault se casse un poignet pendant l'été. Incapable de se faire justice, il rentre donc à la maison pour s'aligner avec les Vikings de Baie-Comeau dans le Midget BB. La saison suivante, il connaît une brillante campagne chez le Boomerang d'André-Laurendeau dans la Ligue collégiale AAA. La prestigieuse Université Clarkson, située à Potsdam dans l'État de New York, lui offre une bourse d'études complète.
« Les études ont toujours été super importantes pour ma famille et moi, affirme le sympathique attaquant de 23 ans. Même si j'avais joué junior majeur, ce serait demeuré une priorité. Par la suite, le chemin s'est ouvert à moi après une grosse saison au Cégep André-Laurendeau. J'ai passé à Clarkson les trois plus belles années de ma vie. »
C'est vraiment chez les Golden Knights (oui, oui, le même nom que l'équipe de la Ligue nationale de hockey) que Vigneault commence à atteindre son plein potentiel. Se qualifiant lui-même de « late bloomer », il estime avoir vraiment décollé à André-Laurendeau devant quelques recruteurs de la LNH qui venaient voir jouer l'équipe à l'occasion.
« Quand j'ai reçu ma bourse d'études pour évoluer à Clarkson, il y a eu un déclic dans ma tête, a expliqué Vigneault. Je me sentais de plus en plus en confiance sur la patinoire. Quelques recruteurs m'avaient vu jouer à André-Laurendeau, et c'est à partir de ce moment-là que je me suis dit que ça pourrait être possible d'en faire une carrière. »
Le diplômé en finances de l'Université Clarkson en est maintenant à sa deuxième saison complète chez les professionnels. Mis sous contrat par les Blue Jackets comme joueur autonome jamais repêché après sa carrière universitaire, Vigneault souhaite continuer sa progression, question de décrocher un nouveau contrat.
« Je connais un lent départ, malgré un bon camp de perfectionnement à Traverse City, puis à Columbus, a reconnu Vigneault. J'espère que ça va débloquer pour moi prochainement. Nous avons beaucoup de profondeur présentement ici à Cleveland, et je devrai profiter de ma chance lorsqu'elle se présentera. »
Avec un tel parcours, peut-on vraiment douter de ses chances? Bien que méconnu du grand public québécois, Samuel Vigneault est un bel exemple de détermination. Son ancien entraîneur ne peut que lui lever son chapeau d'avoir réussi à atteindre les rangs professionnels malgré un chemin aussi tortueux.
« Ce qu'a réussi à faire Samuel, c'est vraiment digne de mention, a vanté Bouchard. Tu ne vois pas ça tous les jours! Habituellement, quand un joueur comme lui rentre à la maison, il met sa carrière en veilleuse et va s'amuser avec ses chums et décide de mettre la "switch à off". C'est une belle fierté pour moi aujourd'hui de voir où il est rendu. Tout le crédit lui revient. »