desharnais chaumont

MONTRÉAL – Le numéro 73 avec les Canucks de Vancouver, le 7 avec les Penguins de Pittsburgh et maintenant le 5 avec les Sharks de San Jose. Échangé à deux reprises en l’espace de seulement cinq semaines, Vincent Desharnais a compris une cruelle réalité du hockey.

« En neuf mois, j’ai joué pour quatre équipes quand on compte les Oilers et les séries de l’an dernier. C’est beaucoup. Je comprends que c’est la business du hockey. Tu restes juste un numéro. Ils décident ce qu’ils font avec toi. »

En ce vendredi après-midi, Desharnais sortait d’un entraînement avec les Sharks et il conduisait vers son domicile temporaire (une chambre d’hôtel munie d’une cuisine) à Campbell, en banlieue de San Jose.

Un peu moins de dix jours après son départ des Penguins pour les Sharks, le défenseur de 28 ans avait profité d’un peu de temps pour faire retomber la poussière. Les Sharks ont fait son acquisition le 5 mars dernier contre un choix de cinquième tour au repêchage de 2028. Ce deuxième échange en 32 jours seulement, il ne l’avait pas vu venir.

« Il y avait beaucoup d’émotions, a-t-il dit. Tu te fais échanger d’une place à l’autre. À mon arrivée à Pittsburgh, j’étais vraiment heureux. J’aimais l’encadrement, l’équipe et les joueurs. Il y avait plusieurs Québécois, des gars que je connaissais déjà. Ça représentait du confort pour moi. J’avais eu de bonnes conversations avec les entraîneurs des Penguins lors des premiers jours et je trouvais ça motivant. Je travaillais pour trouver ma place et je désirais m’améliorer afin de jouer comme je le souhaitais.

« J’étais à Vegas lorsque j’ai appris l’échange. Nous avions joué la veille à Denver avec les Penguins. J’ai reçu un message texte de Kyle Dubas qui me disait de lui téléphoner le plus rapidement possible. Quand tu reçois un texto de ton DG à deux jours de la date limite des échanges, tu sais qu’il ne veut pas te parler du match de la veille. Je n’étais pas fâché de l’endroit où je partais, j’étais surtout fâché de revivre une transaction. Je repartais à zéro avec de nouveaux coéquipiers, de nouveaux entraîneurs et un nouveau système de jeu. »

Desharnais, un défenseur de 6 pi 7 po et 226 lb, a décrit la courte conversation avec Dubas, le directeur général des Penguins.

« Comme on dit en bon québécois, il se sentait petit dans ses culottes, a-t-il répliqué en riant. Kyle ne parlait pas beaucoup et il n’avait pas le même ton de voix qu’à son appel pour me dire qu’il venait de faire mon acquisition. Tu voyais qu’il se sentait mal. Il savait que ce n’est pas une saison facile pour moi sur le plan mental et pour la confiance. Je me fais échanger pour la deuxième fois en un mois. Il avait comme message qu’il ne voulait pas que je me ramasse comme à Vancouver où je sautais souvent mon tour en jouant un rôle de 6e défenseur ou de 7e défenseur. C’était son message. Il n’avait pas grand-chose à dire. J’étais tellement surpris. Je faisais juste l’écouter et à la fin je lui ai dit : ‘’ok, bye’’. Je vivrai mes émotions de mon bord. »

De ce passage éclair à Pittsburgh, Desharnais a eu le temps d’endosser l’uniforme des Penguins pour dix rencontres. Il jouait en moyenne un peu plus de 14 minutes. Mike Sullivan l’avait rayé de la formation à une reprise, pour un match contre les Rangers de New York le 23 février.

Un rôle précis à San Jose

Avec les Sharks, Desharnais a maintenant bon espoir de changer cette saison rocambolesque en une aventure positive. À ses quatre premiers matchs avec sa nouvelle équipe, il a des responsabilités qui cadrent parfaitement avec son identité et un temps de jeu un peu supérieur à 18 minutes.

« Du côté droit avec les Penguins, il y a (Kristopher) Letang et (Erik) Karlsson. On parle de deux défenseurs qui mangent de bonnes minutes. Oui, j’avais un rôle, mais c’était assez limité, a-t-il expliqué. J’arrive à San Jose et c’est une autre histoire. J’ai eu de bonnes conversations dès le départ avec les dirigeants des Sharks. Ils veulent m’utiliser au sein du premier duo en désavantage numérique. Ils sont venus me chercher en grande partie pour cette raison. Ils ont aussi des plans de me faire jouer dans les dernières minutes d’un match où nous protégerons une avance. Ils ont l’intention de miser sur mes forces. Ils ne me demanderont pas de devenir le prochain Bobby Orr et ils ne regarderont pas si j’amasse des points. Ils veulent que je joue un style physique, que je protège les jeunes joueurs de l’équipe et que je joue du bon hockey en infériorité numérique. C’est mon pain et mon beurre. »

Dans un gain de 4-2 des Sharks contre les Blackhawks jeudi soir à San Jose, Desharnais a démontré son utilité en passant trois des cinq dernières minutes du match sur la glace.

« Nous avons gagné le match et j’ai réussi le jeu en fin de rencontre pour permettre à Tyler Toffoli de marquer dans un filet désert, a-t-il rappelé. J’ai ressenti un très bon sentiment après ce match, je n’avais pas eu ce feeling de toute l’année. J’avais un sentiment de fierté et je me disais que j’avais enfin un rôle. Je trouve ça encourageant.

« Même si l’échange était un choc et qu’elle m’a fait revivre bien des émotions, je sens qu’il en sortira du positif. Je crois beaucoup qu’il n’y a rien qui n’arrive pour rien. »

Un grand frère

À San Jose, Desharnais est maintenant le sixième plus vieux patineur de l’équipe. Il voudra aider Tyler Toffoli et Barclay Goodrow à guider les deux prodiges de l’organisation: Macklin Celebrini et Will Smith.

« Les gars des Sharks m’ont reçu comme un vétéran même si je n’ai pas 200 matchs dans la LNH, a-t-il raconté. Ils m’ont montré un beau respect. Je trouve ça agréable. J’ai encore plus le goût de défendre mes coéquipiers. Si un gars se fait frapper de dos, je lâcherai mes gants sans aucune hésitation. Je ne me dirai pas que c’est juste une nouvelle équipe.

« J’ai eu de belles conversations avec Doug Houda, notre entraîneur des défenseurs. Je ne lui ai pas raconté de mensonges. Je lui ai dit que je traversais une année difficile mentalement. Il m’a dit qu’il voulait simplement me voir jouer et que je devais rester moi-même. Ils m’ont acquis pour une raison. Je ressens que j’ai la confiance des coachs. Cette saison, j’ai le sentiment que j’ai recherché la confiance de bien des coachs. Je le remarque avec mon temps de jeu. »

D’ici la fin de saison, Desharnais aura comme mission de solidifier sa place à la ligne bleue des Sharks en vue de la prochaine saison. Et pour les prochains mois, il se promet une seule chose.

« Mon linge est à Pittsburgh. J’y retournerai à la fin de la saison avant de revenir à Montréal. Mais cet été, je resterai à Montréal et je ne bougerai pas. Je resterai à la même place! »