L'Heureux Preds badge Duhamel

Jouer un premier match dans la LNH, à domicile, devant famille et amis, alors que son équipe est au cœur d’une longue séquence de défaites inattendue. Le contexte entourant les débuts du Québécois Zachary L’Heureux chez les Predators de Nashville aurait pu être lourd à porter, mais l’attaquant en a fait fi dès ses premiers coups de patin.

« Honnêtement, je croyais que j’allais être nerveux lorsque la game allait commencer, mais je me suis finalement senti vraiment à l’aise dans les situations où on m’a mis », a-t-il confié en entrevue téléphonique avec LNH.com.

La nervosité s’est estompée avec la préparation. L’année qu’a passée L’Heureux avec les Admirals de Milwaukee dans la Ligue américaine (LAH) l’a grandement aidé lors de ses premières présences sur la glace du Bridgestone Arena, dans un match remporté 4-0 par les Predators contre les Bruins de Boston, mardi dernier. Nashville mettait fin à une série de cinq revers pour amorcer la campagne.

La saison dernière, sa première chez les professionnels, L’Heureux s’est classé au deuxième rang chez les Admirals avec 48 points (19 buts, 29 aides) en 66 matchs. En séries éliminatoires, il a transporté l’équipe avec 15 points (10 buts, cinq aides) en autant de rencontres.

« La saison à Milwaukee m’a permis de définir mon jeu chez les professionnels, à apprendre à être un professionnel, a-t-il expliqué. Je me suis bien adapté à leur système de jeu, qui est environ le même à Nashville. »

Après cette campagne à la hauteur des attentes et un camp d’entraînement dont il dresse une évaluation positive, L’Heureux pensait avoir mérité un poste avec l’équipe dès le jour 1. Il a dû prendre son mal en patience, mais la déception a rapidement fait place à l’extase.

« Je ne mentirai pas, je pensais en avoir assez fait pour mériter ma place, mais c’est une business, a rappelé l’attaquant. J’étais un peu déçu en apprenant la nouvelle, mais dès mon arrivée à Milwaukee, je savais que j’allais continuer mon développement pour prouver que je peux jouer au prochain niveau et que je peux être le premier rappelé quand le moment allait venir. Je ne croyais pas que ça viendrait aussi rapidement.

« Quand j’ai appris mon rappel, mes parents étaient à Milwaukee pour le match d’ouverture des Admirals. J’ai pu aller les voir directement et leur donner un gros câlin », a-t-il ensuite raconté.

Le reste s’est enchaîné à vitesse grand V. Après quatre matchs, L’Heureux a notamment eu l’occasion de récolter son premier point dans la LNH, une aide sur le but d’Alexandre Carrier samedi, contre les Blue Jackets de Columbus. Mais c’est surtout en dérangeant l’adversaire que le Montréalais reconnu pour son style teigneux a su se faire valoir jusqu’à maintenant. Il a distribué un total de 17 mises en échec, le septième plus haut total de la LNH depuis son arrivée.

CBJ@NSH: Carrier marque, L'Heureux obtient un premier point dans la LNH

« Je me suis bien adapté au niveau de jeu jusqu’à présent, a-t-il évalué. C’est seulement quatre matchs et j’ai encore beaucoup de travail à faire, mais je m’adapte bien. »

Déjà, L’Heureux ne se laisse pas impressionner. Mais lorsqu’interrogé sur son nouveau coéquipier Steven Stamkos, qui en est lui aussi à une première saison à Nashville, il n’a d’autre choix que d’évoquer le surréalisme de côtoyer au quotidien une idole de jeunesse.

« Je me rappelle les moments où je le regardais jouer quand j’avais 10-11-12 ans, et là, non seulement j’ai joué sur la même patinoire que lui, mais je suis également dans la même équipe que lui, je le côtoie tous les jours, a-t-il souligné. S’il fallait que je parle au Zachary de 10 ans, je ne me croirais pas.

« Je veux apprendre de Steven Stamkos, apprendre à être un professionnel comme lui, voir ce qui l’a mené vers un tel succès. La présence de leaders comme lui rend mes débuts dans la ligue plus facile. J’apprends d’eux tous les jours. »

L’Heureux a notamment assisté au retour de son nouveau coéquipier à Tampa, lundi. Stamkos a disputé 16 saisons avec le Lightning avant de se joindre aux Predators cet été. L’équipe et ses partisans lui ont réservé un hommage. Une autre scène surréaliste pour ponctuer les premiers pas du Québécois dans la LNH.

« Faire partie de ce moment-là, être sur la glace, voir les émotions, voir la foule… C’était vraiment quelque chose d’incroyable », a-t-il assuré.

De la grande visite

De la trentaine de personnes venues du Canada afin d’encourager L’Heureux pour son premier match avec les Predators, Tyler Long et sa mère Joanne ont fait le voyage d’Halifax, où l’attaquant a fait son stage junior chez les Mooseheads.

Tyler, atteint de trisomie 21 (syndrome de Down), est assistant au préposé à l’équipement chez les Mooseheads. L’Heureux et lui se sont liés d’amitié à Halifax. Lorsque Joanne et son fils ont appris qu’il allait disputer une première rencontre dans la LNH, ils ont tenu une vieille promesse.

« Elle m’a toujours dit que quand mon tour allait venir dans la LNH, ils allaient tout faire pour se rendre au match. Tyler, c’est un de mes bons chums. J’ai vraiment pu développer mon amitié avec lui à Halifax, mais ça ne s’est pas arrêté là. On se parle encore souvent.

« Il a toujours le sourire au visage, il n’a jamais une mauvaise journée. Je suis content de l’avoir eu près de moi pour mon premier match. »