Avec Spencer Knight, le futur, c'est maintenant

Envoyer dans la mêlée un gardien recrue qui détient quatre maigres matchs d'expérience dans la LNH pour sauver la saison de son équipe, voilà une décision que peu d'entraîneurs auraient osé prendre. Un pari que Joel Quenneville a tenté, lundi, dans le match no 5 de la série contre le Lightning de Tampa Bay, en faisant appel à Spencer Knight. Il a touché le gros lot.

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Knight a été spectaculaire dans cette rencontre. Il a stoppé 36 rondelles pour donner aux Panthers une victoire de 4-1 et leur permettre de forcer un sixième match qui aura lieu mercredi. Il a effectué 21 arrêts en première période uniquement, et il a réservé son plus beau larcin pour le dangereux Nikita Kucherov avec deux minutes à faire au match, quand le Lightning avait retiré son gardien avec un score de 3-1.
Après avoir jonglé avec l'identité de leur gardien partant depuis le début de la série, les Panthers n'auront pas à se poser de question pour la suite des choses.
« Nous savons tous ce qui est en train de se passer », a résumé Quenneville lorsque questionné à ce sujet.
Les attentes étaient grandes envers le gardien de 20 ans lorsque la Floride l'a sélectionné au 13e rang du Repêchage 2019. Jamais la concession qui a vu le jour en 1993 n'avait repêché un gardien à un rang aussi élevé.
Knight n'a rien fait pour diminuer les attentes. Ses performances ont permis aux États-Unis de battre le Canada en finale du Championnat mondial de hockey junior de la FIHG en janvier dernier. Puis, avec les Eagles de Boston College, il a été nommé le gardien de l'année cette saison dans la NCAA en plus d'être finaliste au trophée Hobey Baker à titre de joueur par excellence au pays.
Mais ça, c'était dans les rangs inférieurs. Les Panthers ont décidé qu'il était prêt, et ils l'ont mis sous contrat afin qu'il puisse terminer la saison dans la grande ligue. Il ne devait disputer qu'un seul match, juste pour se tremper les pieds dans le bain.
« C'était le plan, a souligné Quenneville. On voulait qu'il soit avec les gars et qu'il découvre ce que c'est d'être un 'pro'. Il pourrait voir ce que c'est, et faire face à de bons tirs lors des entraînements. »
Puis, le plan a pris le bord quand le gardien Chris Driedger s'est blessé. Knight a finalement amorcé trois matchs, et il a signé quatre victoires, dont une en relève. Sa moyenne de buts accordés a été de 2,32 alors que son pourcentage d'arrêts était de ,919.
Knight ne devait toutefois pas jouer en séries éliminatoires. Le plan était que Sergei Bobrovsky amorce la série, avec Driedger comme adjoint.
Le plan a encore pris le bord, puisque les deux gardiens n'ont pas livré la marchandise - et ils ont rarement été appuyés en défensive comme l'a été Knight lors de son premier match. C'est ce qui a ouvert la porte à la recrue pour ce cinquième duel.
Au final, cette jeunesse et ce manque d'expérience dans la LNH auront peut-être été bénéfiques pour l'espoir no 1 de l'équipe, qui semblait incapable de ne pas sourire en entrevue après sa première victoire en éliminatoires.
« C'est sûr que j'étais un peu nerveux pour mes débuts en séries, a-t-il dit. Tampa, c'est une excellente équipe, mais tout ce que je tentais de faire, c'était d'avoir du plaisir. Vous savez, ça reste du hockey. J'y joue tous les jours, sauf qu'ici, c'est plus gros. »
Le curriculum vitae de Knight, son style de jeu et sa confiance sont ce qui a mené à la décision du pilote de l'envoyer dans la mêlée, lundi.
« Il a prouvé qu'il était capable de faire face à toutes les situations, et nous sommes dans une situation où nous n'avons rien à perdre, a affirmé Quenneville. Il peut aller sur la glace et avoir du plaisir. C'est ce qu'il a fait ce soir et il a été excellent.
« On va vu des choses pas mal folles dans les dernières années avec des troisièmes ou quatrièmes gardiens. Dans ce sport, tu ne sais jamais! »
La montée en flèche de Knight risque de causer un embouteillage devant le filet de la Floride. C'est Driedger qui occupait le rôle d'adjoint, lundi, lui qui a maintenu les meilleures statistiques chez les gardiens des Panthers cette saison. Il pourrait toutefois devenir joueur autonome sans compensation au terme de la saison. Pendant ce temps, Bobrovsky, qui a signé un contrat de sept ans d'une valeur de 70 millions avec les Panthers le 1er juillet 2019 afin de devenir le cerbère no 1 de l'équipe pour plusieurs années, était dans les estrades. Knight et lui pourraient devoir cohabiter la saison prochaine et pendant celles qui suivront.
Mais ça, c'est un problème qui pourrait attendre avant d'être réglé si Knight décide de porter les Panthers loin en séries.