JIRICEK BADGE LEPAGE

OTTAWA – Adam Jiricek sortait d’un entraînement et venait à peine de retirer son équipement quand il s’est présenté dans la zone mixte de la Place TD pour la rencontre qu’on avait prévue avec lui.

« J’ai encore chaud », s’est excusé le jeune défenseur tchèque avec le sourire accroché au visage.

Après l’année désastreuse qu’il a connue, le simple fait d’enfiler les patins tous les jours et de passer du temps avec ses coéquipiers au Championnat mondial junior est une raison suffisante pour sourire.

« Je ne suis pas au sommet de mon art, mais je suis en santé, a-t-il poursuivi. C’est le plus important. Après cette période difficile de ma vie, je suis heureux d’être ici avec l’équipe. On gagne des matchs, alors tout va bien. C’est le meilleur sentiment. »

Il s’agit techniquement de sa deuxième participation au tournoi, sa première ayant été plutôt brève.

À son tout premier match, l’an dernier, l’espoir des Blues de St. Louis a subi une grave blessure au genou. Il a éventuellement dû passer sous le bistouri, et il a été tenu à l’écart du jeu pour le reste de la dernière saison.

Au lieu de célébrer la conquête du bronze avec ses coéquipiers, il entamait alors une période de réhabilitation de 10 mois qui l’a mené à un retour au jeu le 1er novembre avec les Bulldogs de Brantford, dans la Ligue de l’Ontario (OHL). Quatre matchs plus tard, il se blessait de nouveau.

« C’était très décevant », s’est souvenu le frère de David Jiricek, l’espoir du Wild du Minnesota. « Mais j’ai continué de mettre les efforts dans ma réadaptation. Je n’ai pas lâché. »

Le plus frustrant dans cette histoire, c’est que cette autre blessure venait mettre en péril sa participation à l’édition 2025 du Mondial junior. Il était cependant hors de question pour lui de rater l’occasion de conclure l’année sur une note positive, après tout ce qu’il a dû traverser au cours des derniers mois.

« L’objectif était vraiment de revenir à temps pour le tournoi, a expliqué le patineur de 18 ans. Je n’ai même pas pensé à la possibilité de ne pas jouer ici. Je devais absolument retrouver la forme pour ce tournoi. J’ai failli rater la date limite pour faire l’équipe, mais j’y suis parvenu. »

L’arrière a même eu la chance de jouer deux matchs à Brantford, marquant au passage ses deux premiers buts de la campagne, avant de rejoindre ses compatriotes dans la capitale fédérale. En trois rencontres jusqu’ici au Mondial junior, il a amassé une aide et passe en moyenne autour de 17 minutes sur la glace.

« Il revient lentement mais sûrement à son identité, a observé l’entraîneur adjoint Ladislav Smid, un ancien défenseur de la LNH. Avec le temps qu’il a passé sans jouer, il doit travailler sur son contrôle de l’espace en ce moment, mais il fait tout de même sentir sa présence. Son potentiel est énorme. »

Jiricek n'a donc pas fini d’aiguiser sa patience. Il est conscient, avec le peu de matchs qu’il a joués en 2024, qu’il ne redeviendra pas, du jour au lendemain, le défenseur d’impact qu’il a toujours été.

« Après tant de temps sans jouer, c’est difficile de retrouver mes repères, a-t-il expliqué. Je sais que ça va prendre du temps. Je continue de m’y habituer. J’ai l’impression que ça s’améliore de match en match. Je me sens de mieux en mieux.

« Je dois garder les choses simples. Je n’ai quand même pas oublié comment jouer au hockey. »

Rattraper le temps perdu

C’est du moins le pari qu’ont fait les Blues en le choisissant au 16e rang au dernier repêchage, et en lui accordant un contrat de recrue, quelques jours plus tard.

Jiricek a d’ailleurs passé les dernières semaines de sa réadaptation dans la bucolique ville du Midwest américain avant de se joindre aux Bulldogs pour amorcer sa première saison dans la OHL. La décision de faire le saut en Amérique du Nord a été prise conjointement avec les Blues.

Les deux partis croient que le jeune homme rattrapera ainsi le temps perdu dans la dernière année.

« C’est probablement la meilleure option pour mon développement après avoir raté presque un an d’activités, a-t-il argué. J’aurai l’occasion de jouer plus de matchs dans le hockey junior contre des gars de mon âge. »

Et quand on lui demande quels sont ses objectifs d’ici la fin de la saison, Jiricek préfère ne pas s’avancer.

« Je ne me projette plus à long terme, parce que je sais maintenant qu’une blessure peut tout faire dérailler, a-t-il sagement conclu. Mon but est de rester en santé et de jouer tous les matchs. »

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