Un futur resplendissant pour les Canadiens, croit Molson
Dans une entrevue en profondeur avec LNH.com, le propriétaire du Tricolore discute de sa première décennie à la barre de l'équipe et la quête d'une 25e Coupe Stanley
© David Kirouac/Icon Sportswire
« Je suis vraiment enthousiaste à propos des trois à huit années à venir », a mentionné Molson la semaine dernière. « Avec le noyau que nous avons, nos jeunes et nos espoirs, je pense qu'on va avoir une bonne équipe. Tout peut arriver. Des blessures peuvent survenir, mais si tout se passe bien, on va avoir une bonne équipe sur la glace.
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« Nous avons ajouté des éléments à notre équipe, quelques-uns sont partis, mais le noyau qui a bien fait l'an dernier, bien plus qu'on s'y attendait, est de retour et on espère qu'il aura encore plus faim. »
Parmi les changements dans la formation des Canadiens, on retrouve l'arrivée du défenseur Ben Chiarot, de l'attaquant Nick Cousins et du gardien adjoint Keith Kinkaid, qui ont tous paraphé un contrat avec l'équipe à titre de joueurs autonomes en juillet. Andrew Shaw n'est plus avec l'équipe depuis qu'il a été échangé aux Blackhawks de Chicago le 30 juin.
Molson amorce sa deuxième décennie à titre de propriétaire de l'équipe. Le 20 juin 2009, un consortium dont il était à la tête a conclu une entente de principe avec l'homme d'affaires américain George Gillett fils pour acheter les Canadiens, le Centre Bell et la compagnie de production d'événements liée à l'entreprise.
La transaction a été approuvée le 1er décembre 2009 par le Bureau des Gouverneurs de la LNH, trois jours avant le 100e anniversaire de naissance de la concession. La plus vieille équipe de la Ligue était donc de retour dans les mains de la famille Molson pour la troisième fois de sa glorieuse histoire depuis 1957.
Onze des 24 conquêtes de la Coupe Stanley remportées par les Canadiens l'ont été sous la direction de la famille Molson, ce qui inclut la plus récente et dernière de l'équipe en 1993. L'actuel propriétaire est un partisan de l'équipe depuis sa tendre enfance, alors qu'il se promenait dans tous les racoins du Forum avec son père, Eric, qui était le président du conseil d'administration de la Brasserie Molson, propriétaire de la concession.
À cinq semaines du début de sa 11e saison comme propriétaire, l'homme d'affaires de 48 ans discute dans une entrevue en profondeur avec LNH.com de cette première décennie, mais aussi de la poursuite de la 25e conquête de la Coupe Stanley du Tricolore.
Peux-tu croire que ça fait déjà 10 ans que tu es propriétaire des Canadiens?
« C'est incroyable à quel point ça passe vite. J'imagine que c'est un signe que j'ai vraiment du plaisir. À part quelques périodes occasionnelles où ç'a été plus difficile sur la glace, je n'ai rien regretté depuis le premier jour parce que je m'amuse tellement. Je me réveille chaque matin en me répétant à quel point je suis chanceux de me retrouver dans cette position. J'ai déjà hâte de vivre cette deuxième décennie. »
À l'approche de la saison, es-tu comme un joueur qui n'en peut plus d'attendre que ça commence?
« Il y a deux ans (2017-2018), nous avons probablement connu la saison la plus difficile des dix dernières années (les Canadiens ont terminé au 28e rang de la LNH avec une fiche de 29-40-13, en plus d'avoir vu le gardien Carey Price et le défenseur Shea Weber subir d'importantes blessures). On pourrait trouver différentes raisons pour expliquer cela, mais au final, notre équipe avait vraiment sous-performé. Mais à partir de la fin de cette saison jusqu'à aujourd'hui, beaucoup de choses ont changé, pour le mieux la plupart du temps. »
« Quand je vois notre noyau de joueurs qui sont avec nous depuis longtemps - notre groupe de ''capitaines'' : Price, Weber, Paul Byron, Brendan Gallagher, Jeff Petry - mais aussi nos nouveaux joueurs - Max Domi, Jonathan Drouin, Philip Danault, c'est excitant. Et ceux qui poussent, les jeunes, en commençant par [Jesperi Kotkaniemi]. Depuis que nous avons eu cette mauvaise saison, le futur est beaucoup plus prometteur et ça s'est passé tellement rapidement. »
Avant le début de la dernière saison, les Canadiens ont échangé deux des visages de l'équipe. L'attaquant Alex Galchenyuk est passé aux Coyotes de l'Arizona en retour du joueur de centre Max Domi alors que l'attaquant Max Pacioretty, qui était ton capitaine depuis trois saisons, a été transigé aux Golden Knights de Vegas pour l'attaquant Tomas Tatar et l'espoir Nick Suzuki. Tout ça après une saison où Price et ton nouveau capitaine, Shea Weber, ont été victimes des blessures. Même si les partisans n'avaient pas de grandes attentes, l'équipe est restée dans la course aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley jusqu'au dernier week-end de la saison, et n'est passée qu'à deux points de se qualifier.
« Il y avait plusieurs questions au sujet de notre équipe, mais tous les astres se sont alignés l'an dernier. C'est une combinaison de plusieurs choses. Les joueurs devaient élever leur jeu d'un cran, ils l'ont fait. Les blessés devaient revenir en force. Nos nouveaux joueurs nous ont donné une nouvelle vie. Nous avons effectué quelques bonnes transactions. Nous n'avons rien gagné encore, mais je suis vraiment impressionné par la manière dont nous avons fait tourner les choses et à quel point c'est arrivé rapidement. J'ai parlé à tous les joueurs à la fin de la saison et tout le monde était déçu d'être passé si proche [de participer aux séries éliminatoires]. Ils ont tous hâte d'être de retour en septembre et bâtir là-dessus. Je pouvais le voir dans leurs yeux. »
© Alain Brouillard
L'équipe est à la chasse de sa 25e conquête de la Coupe Stanley depuis 25 saisons. Peut-on dire que si le CH parvient à se qualifier pour les séries, tout peut arriver, comme l'ont prouvé les Blues de St. Louis l'an dernier?
« En [2015-2016], nous avons commencé l'année avec une fiche de 10-2-0, puis Carey s'est blessé et tout a changé. Faites le tour de la Ligue, et si on enlève le meilleur joueur à une équipe, ce sera difficile pour elle de participer aux séries parce que la parité est immense. C'était plaisant de voir les Blues à l'œuvre, c'est une belle histoire. Mais ils ont affronté les Bruins (de Boston) lors du septième match de la Finale avec une équipe très en santé, en pleine confiance et avec un gardien en feu. Tous les astres étaient alignés. »
« Chaque saison, je touche du bois en espérant que les joueurs restent en santé. Je sais que le désir est là, que les entraîneurs sont en place, que nous allons soutenir l'équipe de toutes les manières possibles afin qu'elle connaisse du succès, mais il y a des choses qu'on ne peut contrôler. Si on avait remporté un match de plus l'an dernier, nous aurions été des séries. Ce n'est pas une excuse, mais on se dit que si nous avions été un peu meilleurs dans une facette ou une autre, peut-être que nous aurions pu gagner quelques matchs de plus. »
© Richard Wolowicz/Getty Images
En 1957, lorsque le sénateur Hartland de Montarville Molson et Thomas Molson ont acheté les Canadiens, Hartland a dit : « nous ne sommes pas propriétaires des Canadiens. L'équipe appartient au public de Montréal, à toute la province de Québec. Ce club, c'est plus qu'une organisation sportive. C'est une institution, ça fait partie de la vie des gens. » Tu as souvent parlé de la confiance que les gens te donnent pour être propriétaire de cette équipe. Même si les Canadiens sont devenus une entreprise immense, plus que ta famille n'aurait jamais pu se l'imaginer, est-ce que ce principe guide encore tes décisions?
« On ne le dit pas forcément en public, mais à l'interne, ce qu'on se dit entre nous, c'est que nous sommes l'équipe du peuple. C'est très important. Les temps ont changé. Dans le passé, avant que je ne sois ici, on entendait des histoires à propos des joueurs qui allaient à la taverne ou dans un restaurant et tout le monde les saluait. C'est maintenant plus difficile pour les joueurs. Avec les médias, les égoportraits… qui sait si quelqu'un n'est pas en train de nous prendre en photo pendant qu'on mange en ce moment. Les joueurs n'ont plus droit à la même vie privée et c'est plus difficile pour eux.
« Ce que nous voulons réussir, c'est que nos joueurs soient aussi proches que possible de nos partisans puisque, ultimement, nous sommes l'équipe du peuple. Plus les amateurs vont aimer l'équipe et l'encourager, plus nos joueurs vont être motivés pour performer. Il y a beaucoup de pression à Montréal, ça vient avec beaucoup de visibilité et parfois, ça peut être risqué. »
Y'a-t-il eu un moment qui t'a marqué, personnellement, dans la dernière décennie?
« C'est difficile d'en nommer seulement un. Ce que j'aime le plus, c'est lorsque nous gagnons, parce que toute la ville célèbre. Je n'oublierai jamais ma première expérience en séries éliminatoires comme propriétaire. Nous tirions de l'arrière 3-1 dans la série face aux Capitals de Washington (en première ronde des séries de 2010). Je traversais la rue et un homme dans une camionnette a baissé sa vitre pour me dire '' vous êtes mieux d'arranger cette équipe, M. Molson''. C'était de cette façon que les gens se sentaient. Puis, soudainement, nous avons gagné la série, avant de battre les Penguins de Pittsburgh en deuxième ronde. Ce sont des moments dont je me souviendrai toujours, même si nous n'avons pas remporté la Coupe Stanley.
« Les émotions ressenties par nos partisans et tout le monde, c'était si puissant, et je veux vire cela à nouveau. Je peux offrir plus de choix dans les concessions alimentaires, ouvrir des bars sportifs, installer de nouveaux sièges, ou encore améliorer les loges, l'éclairage, le son ou l'expérience client lors du match, mais il n'y a rien qui bat la victoire. »
Personnellement, comment le fait d'être propriétaire des Canadiens a eu un impact sur ta vie, et qu'est-ce qui te motive chaque jour?
« J'y mets tout mon cœur tous les jours de ma vie. Je veux avoir du succès. Non seulement pour moi, mais pour les partisans. Je sais à quel point ce sera incroyable lorsqu'on remportera la Coupe Stanley pour la 25e fois. Je l'ai vécu souvent dans ma jeunesse, mais ça fait longtemps. Très longtemps.
« C'est difficile pour moi de ne pas encore avoir atteint cet objectif, mais en même temps, durant ces 10 années, j'ai appris que tu ne peux plus acheter une Coupe Stanley. Tu dois reconstruire. Tu dois être patient, accepter que ce ne sera pas facile et que tes actions pourraient te mener à l'excellence, mais peut-être pas aussi. C'est difficile de vivre avec cette incertitude parce qu'on veut cette 25e conquête pour nos partisans. Il n'y a pas de garantie, aucune. On n'a qu'à regarder ce qui s'est passé cette année. La meilleure équipe de la Ligue (le Lightning de Tampa Bay) a été balayée en première ronde (par les Blue Jackets de Columbus). Imaginez si ça s'était passé à Montréal.
« Ce que je sens de la part des partisans, que je vois tout le temps et je n'hésite jamais à discuter avec eux, c'est un vent de positivisme. Ils sont heureux des changements qui ont été apportés et ils ont hâte à la prochaine saison et pour le futur. C'est plaisant de se retrouver dans cette situation. »