Chaque semaine, notre chroniqueur Anthony Marcotte revient sur la dernière semaine du Rocket de Laval, ainsi que sur l'actualité de la Ligue américaine de hockey (LAH). Comme il suit le club-école des Canadiens de Montréal sur une base quotidienne, il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde, ainsi que la progression des nombreux Québécois qui évoluent dans cette ligue.
Marcotte : Le plus grand défi de Joël Bouchard
Avec Kotkaniemi et Fleury dans la formation, l'entraîneur du Rocket tentera de mener son équipe en séries pour la première fois
En trois ans d'histoire, jamais l'attention médiatique montréalaise ne s'est déplacée autant du côté de Laval. Alors que les Canadiens de Montréal s'accrochent désespérément au mince espoir d'une qualification aux séries éliminatoires, c'est à Laval qu'on a préféré envoyer les jeunes espoirs Cale Fleury et Jesperi Kotkaniemi pour poursuivre leur apprentissage. Au milieu de tout ça, un groupe de vétérans qui ont tous eu leur chance de s'établir dans la LNH par le passé, mais qui doivent se résoudre à accepter leur sort et pousser dans la même direction. Un méchant contrat!
Victorieux dans seulement trois de ses dix derniers matchs, le Rocket est très irrégulier. Tantôt excellent, tantôt franchement ordinaire. Rarement cette équipe est capable de se tenir pendant 60 minutes, et nous en avons eu un autre exemple samedi. En avant 4-1 avec moins de six minutes à jouer face aux Sénateurs de Belleville, le Rocket a trouvé le moyen de perdre en prolongation. C'était l'état de choc généralisé, que ce soit dans les gradins ou dans le vestiaire après le match.
Comme c'est souvent la coutume, l'entraîneur Joël Bouchard ne s'est pas défilé en admettant l'ampleur du défi qui l'attend pour conduire cette équipe en séries éliminatoires pour la première fois.
« Il ne faut jamais oublier une chose, dans la Ligue américaine, ce sont tous des contracteurs indépendants. Qu'une telle chose nous arrive ce soir, c'est une bonne chose. Je préfère partir du fond du baril puis remonter tranquillement. Dernièrement, on gagne un match puis on perd le suivant. Depuis le début de la saison, je donne de la corde, puis encore de la corde. On travaille avec eux autres. Mais là c'est le temps de (tirer) », a-t-il mentionné en mimant le geste.
« C'est un résultat complètement embarrassant, a déclaré un Phil Varone furieux après la rencontre. Je ne sais même pas comment expliquer ça. Les gars essaient, mais ce n'est clairement pas assez bon. Il faut montrer plus de maturité… Je ne sais pas. C'est absolument terrible. Épouvantable. »
Avec la plus grande masse salariale de la Ligue américaine et l'arrivée soudaine de jeunes talents prometteurs pour la grande ligue, le Rocket se retrouve sur la sellette avec la pression de gagner. Du jamais vu en trois ans à la Place Bell. Une exclusion des séries n'est pas une option, certainement pas avec la qualité de la formation actuelle. C'est dans cet environnement que vont se retrouver Fleury et Kotkaniemi dans les prochaines semaines, et Bouchard devra peser sur les bons boutons pour sortir le meilleur de sa troupe.
« Je pense que KK comprend pourquoi il est ici, estime Bouchard. Il sait qu'il va jouer beaucoup et qu'il aura plus de responsabilités. Mais n'oubliez pas une chose, c'est une ligue qui ne pardonne pas. Si les gars ont de la misère à jouer ici, ce ne sera pas plus facile quinze minutes plus au sud au Centre Bell. Il se retrouve maintenant dans une situation d'essais et erreurs. Il a fait quelques erreurs aujourd'hui (samedi) et je suis allé le voir pour lui dire que s'il fait ça dans la Ligue nationale, Claude (Julien) ne le fera pas jouer. »
Kotkaniemi a connu une bonne entrée en la matière dans les circonstances, lui qui avait appris le matin qu'il allait jouer le soir même à Laval. Dans le cas de Fleury, son premier week-end a été ardu, surtout dans son territoire. Il le termine avec fiche de moins-3 et deux tirs au but.
Devant le filet, le duo Cayden Primeau - Keith Kinkaid n'a pas donné beaucoup de répit à leurs coéquipiers. Le plus jeune a été battu par des tirs de qualité vendredi, mais termine tout de même son match avec un pourcentage d'arrêts de ,765 après avoir accordé quatre buts sur 17 tirs. Dans le cas du vétéran, après un excellent début de match samedi, ça s'est sérieusement gâté en fin de match alors qu'il a mal paru sur le but égalisateur de Rudolfs Balcers avec huit secondes à écouler, puis sur le but vainqueur de Jordan Murray en prolongation. Les deux portiers lavallois se retrouvent tous les deux avec un taux d'efficacité inférieur à ,900 d'efficacité cette saison (Primeau à ,899 et Kinkaid à ,880).
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Les Sénateurs de Belleville continuent de donner de sérieux ennuis au Rocket de Laval. En reculant jusqu'à la fin de la saison dernière, la troupe de Troy Mann est invaincue en temps régulier à ses neuf derniers affrontements contre Laval (fiche de 7-0-0-2).
L'avenir semble brillant à Ottawa avec autant de jeunes qui produisent à un haut rythme dans la Ligue américaine. Le géant Logan Brown est finalement en train de remplir ses promesses avec au moins un point à ses neuf derniers matchs. La recrue Josh Norris a déjà 45 points au compteur, dont 24 buts, ce qui le place au cinquième rang des meilleurs marqueurs du circuit. Alex Formenton est un superbe patineur et il est en train de faire taire les doutes quant à sa production offensive avec une récolte de 21 buts en 45 matchs.
En ce début de février, les Sénateurs forment la meilleure formation de la section Nord et filent directement vers une première participation aux séries avec une des formations les plus jeunes du circuit. Ils pourraient même obtenir du renfort dans la dernière ligne droite alors que Drake Batherson et Filip Chlapik sont toujours à Ottawa.
Il reste encore six affrontements entre le Rocket et les Sénateurs d'ici la fin de la saison. Jusqu'à maintenant, la troupe de Joël Bouchard ne revendique que quatre points sur une possibilité de 12. Après un affrontement face aux Comets d'Utica mercredi à la Place Bell, le Rocket quittera son domicile pour 10 jours consécutifs et il croisera de nouveau Belleville sur son chemin pour amorcer son voyage, samedi. La semaine de l'équipe se terminera en après-midi dimanche face aux Marlies à Toronto.