Quinn Hughes

VANCOUVER – Avec des performances en lever de rideau que nous n’avons pas vues chez les défenseurs depuis Bobby Orr, Quinn Hughes se bat pour le sommet des marqueurs de la LNH.

Mais pour le défenseur de 24 ans, ce qui compte, c’est que les Canucks de Vancouver connaissent le meilleur début de saison de leur histoire.

« C’est un bel honneur, mais ça ne représente pas énormément pour moi honnêtement », a dit Hughes après avoir été nommé la première étoile de la semaine dans la LNH, lundi. « Notre début de saison veut dire beaucoup plus pour moi. Nous avions beaucoup de… je ne veux pas dire pression, mais dans les dernières années, nous n’avons pas toujours bien amorcé nos saisons, et maintenant, notre groupe est sorti fort et a fait preuve de résilience. Je suis davantage fier de ça. »

Plusieurs éléments peuvent expliquer le début de saison de 9-2-1 des Canucks, qui ont remporté leurs quatre dernières sorties à l’approche de leur match contre les Sénateurs d’Ottawa, jeudi (19 h HE; RDS2, SNP, TSN5). L'attaquant Elias Pettersson mène la LNH avec 21 points (six buts, 15 passes) en 12 matchs; le joueur de centre J.T. Miller connaît du succès dans un rôle plus défensif aux côtés de l’attaquant Brock Boeser, deuxième dans la LNH avec 10 buts. Il y a aussi le gardien Thatcher Demko et son pourcentage d'arrêts de ,948 en neuf parties, sans oublier leur jeu de puissance, qui a marqué sur 32,6 pour cent de ses occasions, au troisième échelon de la LNH.

Et au centre de tout cela, il y a le nouveau capitaine, Hughes. Il a récolté un but et trois passes dans le gain de 6-2 contre les Oilers d’Edmonton lundi, ce qui lui donne 12 points (deux buts, 10 passes) lors de ses quatre dernières parties, pour un total de 20 points (cinq buts, 15 passes) en 12 matchs cette saison. Des statistiques qui le placent au premier rang du circuit chez les défenseurs et à égalité avec son frère Jack, des Devils du New Jersey, et Nikita Kucherov, du Lightning de Tampa Bay, à la deuxième place du classement des marqueurs.

Hughes mène aussi la Ligue avec un différentiel de plus-16. Il devient ainsi le premier défenseur depuis Orr en 1973-74 à amorcer la saison avec une récolte de 20 points et un différentiel de plus-15 ou mieux après 12 matchs. Il est aussi le sixième défenseur de l’histoire de la LNH à connaître quatre matchs de trois points ou plus lors de ses 12 premières sorties de la saison. Orr avait aussi réussi l’exploit en 1974-75.

Hughes se dirige ainsi vers une saison de 136 points. Tout ça est bien beau, mais ce qui impressionne encore plus à Vancouver, c’est l’intérêt montré par les joueurs afin d’offrir un jeu défensif solide dans un système concocté par l’entraîneur-chef Rick Tocchet, qui en est à sa première saison complète à la barre de l’équipe. Voilà qui explique que Vancouver mène la LNH avec un différentiel de plus-30 pour les buts.

« Quand je suis arrivé ici, je savais à quel point il peut avoir des statistiques impressionnantes, mais ce que je ne savais pas, c’est à quel point il est un joueur complet », a souligné le défenseur Ian Cole, qui en est à sa première saison avec les Canucks et à sa 14e dans la LNH. « Dans le cas de plusieurs défenseurs productifs, le jeu dans leur propre zone, c’est un peu de patienter en attendant d’avoir la chance de se porter à l’attaque. Mais pour lui, c’est important d’affronter les meilleurs trios, de jouer un maximum de minutes et que chacune d’elles soit de qualité. Et il produit. Il fait tout pour nous et c’est ce qu’il désire, ce qui est génial. »

Hughes, le septième choix du repêchage 2018, a toujours été un patineur de niveau élite, mais il est peut-être même encore meilleur cette année.

« Il se déplace sur la ligne bleue mieux que quiconque, a souligné Tocchet. Il obtient ses points grâce à ses déplacements le long de la ligne bleue, mais son talent pour relancer la rondelle ne se voit que chez très peu de joueurs. Ce sont les (Cale) Makar de ce monde, (Miro) Heiskanen, des gars vraiment spéciaux dont le jeu permet de déjouer l’échec avant de l’adversaire. »

La hausse de son nombre de buts peut aussi s’expliquer par son régime d’entraînement estival, lui qui avait promis d’améliorer cette facette. Il a décoché 45 tirs cette saison, une moyenne de 3,75 par rencontre, ce qui est près du double de celle qu’il a maintenu (1,89) lors de ses cinq premières saisons dans la LNH.

Quant à son jeu défensif, Hughes fronce les sourcils lorsqu’on lui dit qu’il s’agit d’une nouveauté pour lui, soulignant son différentiel plus-moins de plus-15 l’an dernier au sein d’une équipe qui a terminé avec un différentiel de buts négatif de moins-22. Hughes refuse aussi de croire qu’il doit évoluer avec un gros arrière défensif pour connaître du succès en raison de son physique (5 pieds 10 pouces, 180 livres) ou encore qu’il ne soit pas très bon dans sa propre zone. Il attribue ses succès à l’arrivée de son nouveau partenaire, Filip Hronek.

« Je pense que je sais jouer défensivement, a dit Hughes. ‘Fil’ et moi, on ne se fait pas beaucoup marquer. Il va y avoir des soirées où nous allons être [moins-3], mais la majorité d’entre elles vont être bonnes. »

Le duo qu’il forme avec Hronek, qui a récolté 10 passes au cours d’une séquence de sept matchs avec un point et qui est le troisième meilleur marqueur de la LNH grâce à ses 13 points en 12 parties, fonctionne parce que le jeu du Tchèque permet à Hughes de passer plus de temps avec la rondelle en zone offensive.

« Fil me permet de toucher à la rondelle trois ou quatre fois de plus par rencontre, a expliqué le capitaine. Il me trouve davantage avec la rondelle. Il est capable d’ouvrir ses hanches et de me l’envoyer et je suis capable de faire la même chose, ce qui fait que nous avons très souvent la possession. Et quand ça arrive, ça nous donne une chance de plus. J’ai plus d’opportunités de tir en raison de cela. »

Et qui dit plus de temps en possession dit moins de temps à devoir défendre.

« Les gros défenseurs qui peuvent couper les lignes de passes, c’est génial, mais dans le cas de Quinn et Filip, leur jeu défensif est efficace parce qu’il est rapide, intelligent, et qu’il se fait avec la possession de la rondelle, ce qui est tout aussi bon, a analysé Tocchet. Ces deux gars ont une excellente chimie. »