WeberChaumontLNH062724

LAS VEGAS – Dans son rôle de capitaine avec les Predators de Nashville et avec les Canadiens de Montréal, Shea Weber parlait toujours plus de l’équipe que de lui-même. Il ne raffolait pas de se placer sous les réflecteurs.

Deux jours après l’annonce de son intronisation au Temple de la renommée du hockey, à sa première année d’admissibilité de surcroît, Weber a ouvert son cœur pour discuter d’une multitude de sujets lors d’une visioconférence.

Celui qu’on surnommait l’homme montagne a parlé sans filtre de sa fin de carrière où il jonglait constamment avec la douleur, de ses plans pour l’avenir et du bonheur d’ajouter son nom parmi les immortels du hockey.

« Je ne le réalise pas encore à 100%, je suis encore sous le choc, a dit Weber au sujet de son entrée au Temple de la renommée. Je reçois un paquet de messages et j’ai encore de la difficulté à y croire. Je n’avais aucune idée que ça pouvait s’en venir. Quand je regarde les noms de ceux qui ont reçu cet honneur et quand je pense aux gars et aux filles qui feront leur entrée en même temps que moi, je reste bouche bée. »

« Je me retrouvais sur un terrain de golf quand j’ai reçu l’appel, a-t-il poursuivi. Je suis pratiquement tombé sur mes genoux. Je n’en revenais pas. Et je n’en reviens toujours pas. C’est un immense honneur.

« J’ai téléphoné mon père après le 10e trou, a-t-il continué. Je ne parvenais pas à lui parler. Je pleurais. Mon père est assez stoïque, il me disait de regagner mes émotions. Je lui ai reparlé plus tard en soirée. Nous avons eu une longue discussion. Ma mère n’est plus là. Ils ont tellement donné de bonnes valeurs à mon frère et moi. C’est un beau moment pour toute notre famille. »

Weber, qui était reconnu comme l’un des défenseurs les plus physiques de son équipe et qui était doté de l’un des plus puissants tirs, a joué 1035 matchs dans la LNH, avec les Predators et les Canadiens. Il a marqué 224 buts et obtenu 365 passes pour un total de 589 points.

S’il n’a jamais gagné la Coupe Stanley, le Britanno-Colombien a un coffre-fort bien garni de médailles sur la scène internationale avec l’équipe canadienne : deux médailles d’or aux Jeux olympiques, une médaille d’or au Championnat du monde, une médaille d’or à la Coupe du monde et une médaille d’or au Championnat du monde junior.

Malgré ce palmarès, Weber ne s’attendait pas à entrer aussi rapidement au Temple de la renommée.

« Je n’avais jamais réellement pensé à cela, a-t-il raconté. Quand tu es jeune, tu rêves d’atteindre la LNH et c’est l’objectif ultime. J’ai été chanceux pour jouer au sein de très bonnes équipes au niveau international et au sein de la LNH. J’ai atteint la finale avec les Canadiens en 2021. Mais même vers la fin, je n’ai jamais songé à cette option. C’est pour ça que j’étais surpris d’obtenir l’appel. »

CGY@MTL: Le tir de Weber dévie sur Valimaki

Dans la douleur

Weber a joué son dernier match dans la LNH lors du cinquième match de la finale contre le Lightning de Tampa Bay en 2021. On savait qu’il endurait des blessures à un genou et à sa cheville. Mais c’était plus que ça.

« Ce n’était pas très bon, mais ce n’était pas juste en séries, a-t-il expliqué. Depuis un peu plus d’un an, je jonglais avec plusieurs blessures. Nous avions un horaire condensé en raison de la pandémie de COVID-19. J’avais de la misère à sortir du lit et à marcher, mais je devais jouer au niveau de la LNH. J’avais besoin de prendre bien des médicaments. Quand je guérissais à un endroit, j’avais mal ailleurs. Deux semaines après la finale, je dirais que c’était encore pire. Je venais de perdre l’adrénaline. J’avais le sentiment que je m’étais fait renverser par un autobus. »

Weber n’a pas caché qu’il a fait difficilement son deuil du hockey.

« Ma première année sans jouer hockey était extrêmement difficile, en particulier mentalement. J'avais le sentiment que je pouvais encore jouer, mais que mon corps ne me le permettait pas. Ce n'était plus possible pour moi de continuer. La première année a été très difficile et j'ai essayé d'aider un peu Montréal du côté du dépistage. Puis j'ai été échangé à Vegas et j'ai aussi tenté de les aider à l’égard du développement des joueurs et des défenseurs. J'étais dans mes valises sans pouvoir jouer. Je vais me présenter au camp de développement de l'Utah la semaine prochaine et voir de quelle façon je peux m’impliquer pour demeurer dans ce milieu. »

S’il n’a pas joué au hockey depuis le mois de juillet 2021, Weber s’est quand même retrouvé impliqué dans deux transactions. Les Canadiens l’ont échangé au mois de juin 2022 aux Golden Knights de Vegas contre Evgenii Dadonov. Au mois de février 2023, les Knights l’ont échangé aux Coyotes de l’Arizona. Les deux fois, il s’agissait de transaction administrative.

Sur papier, Weber est donc un membre de l’équipe de l’Utah puisqu’il lui reste encore deux autres années à son contrat. L’ancien numéro 6 du CH offrira un coup de pouce à Bill Armstrong, le DG de l’Utah.

« J’irai au camp de développement en Utah pour voir s’il peut y avoir un rôle pour moi, a-t-il précisé. Je ne sais pas quel serait le rôle idéal. J’ai parlé souvent avec Bill. C’est pour ça que je voyagerai là-bas pour voir si on peut trouver un rôle.

« Je ne m’imagine pas dans un rôle d’entraîneur. Je dirige mes jeunes au hockey et c’est déjà assez. Je souhaite passer du temps avec ma famille, je ne veux pas sacrifier ça. Je n’ai pas l’intention de voyager tout le temps, comme à l’époque où je jouais. »

S’il n’y a pas un bon mariage avec l’équipe de l’Utah, Weber a toujours de bons liens avec l’organisation des Predators. Barry Trotz, qui est le DG depuis la saison 2023-2024, est un bon ami de Weber.

Mais avant de songer à un retour à Nashville, Weber a encore un contrat de deux saisons à Salt Lake City.