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PLYMOUTH, Michigan - Bien campé dans la chaise de son vaste bureau, l'entraîneur Seth Appert hoche la tête et se met à sourire.

« Ils n'en ont absolument aucune idée », répond-il quand on lui demande si les joueurs qui mettent les pieds au Programme de développement de l'équipe nationale de USA Hockey (NTDP) à 16 ans savent réellement ce qui les attend derrière les grandes portes rouges du USA Hockey Arena.

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« Je n'ai jamais vu rien de tel. Vous savez, j'ai dirigé dans la NCAA pendant environ 20 ans avant de venir ici. Les joueurs de la NCAA travaillent très fort, tout comme les joueurs qui évoluent dans la Ligue canadienne de hockey (LCH). Je ne veux rien leur enlever, mais ce que nos joueurs font ici, c'est incroyable. »
Si on résume ce qui les attend en quelques mots, ce sont généralement des journées de 12 heures exigeantes autant physiquement que mentalement. Tout ça entrecoupé de longs voyages en autobus et de matchs disputés majoritairement la fin de semaine.
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Jusque-là, ça ne semble pas être si différent de ce que vivent les joueurs de la LCH. Toute la différence se trouve dans la charge de travail qui leur est imposée.
Comme la philosophie du programme n'est pas basée sur les victoires, les dirigeants n'hésitent pas à demander aux jeunes de tout laisser sur la table, jour après jour - sur la patinoire et dans le gymnase - quitte à disputer les matchs avec une équipe un peu plus fatiguée qu'à l'habitude.
« Je crois sincèrement que c'est l'un des endroits au monde où il est le plus difficile d'être un athlète, a fait valoir le directeur des opérations, Sean Monaghan. Ils sont à l'école à 7h, ils arrivent à l'aréna vers midi et ils sautent sur la glace à 13h.
« Ensuite, il y a l'entraînement en gymnase à 14h30 et la période d'études à 16h30, puis ils retournent à la maison vers 18h. Ce sont de très longues journées. On en a eu la preuve au cours des années, le programme les prépare pour une carrière dans le hockey, mais aussi pour la vie d'adulte. »

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C'est la routine de Thomas Bordeleau depuis presque deux ans. Même si l'attaquant québécois avait été habitué aux horaires bien remplis et aux rudiments des longs voyages en autobus dans le Midget AAA, il avoue avoir fait connaissance avec un tout autre monde à son arrivée à Plymouth.
« Si tu lâches le gaz un peu, tu vas le sentir, a-t-il commenté. Quand on finit nos journées, on rentre à la maison et on a juste le goût de s'écraser et de ne rien faire. Ils veulent qu'on apprenne à la dure. On vit tous la même chose. Ça fait en sorte qu'on bâtit des liens entre nous qui ne seront jamais brisés. »
Compétition
Les liens sont forts, mais la compétition interne est aussi bien présente. Rien de plus normal lorsqu'on réunit la majeure partie des meilleurs espoirs du pays dans la même équipe et que tout le monde se retrouve à occuper un rôle différent de celui auquel il a été habitué tout au long de sa jeune carrière.
« Les gars doivent toujours être au sommet de leur forme, a indiqué Appert. S'ils ne sont pas prêts, ils vont être embarrassés par les habitudes de travail de leurs coéquipiers. Je suis vraiment impressionné par le temps que ces gars investissent dans leur jeu ici.
« Il y a une raison pour laquelle Jack Hughes a été sélectionné au premier rang et il y a une raison qui explique pourquoi Cole Caufield est devenu le marqueur le plus prolifique du pays à cet âge. Quand tu passes environ cinq heures par jour, 10 mois par année pendant deux ans à travailler sur tes habiletés, ça te permet de franchir des pas de géant au niveau de ton développement. »
Photos : Rena Laverty / USA Hockey's NTDP