Plutôt que de s’en aller, Campbell a redoublé d’ardeur pour rendre le hockey meilleur et lui donner plus de visibilité.
La salle de révision vidéo à Toronto, là où chaque seconde de chaque match est diffusée et décortiquée et où les reprises vidéo sont analysées, est une création de Campbell.
Il dit avoir eu l’idée de cette salle quand il jouait à Detroit. La famille d’un de ses amis possédait un magasin d’électroménagers, avec une pièce fermée au fond du magasin dans laquelle il y avait toutes les télévisions dernier cri.
« Nous allions là-dedans pour regarder les matchs, a raconté Campbell. Mon ami avait l’une de ces immenses antennes satellites, donc nous pouvions regarder un peu plus de matchs, en plus de ceux qui étaient diffusés à la télévision. »
En 1998, ce ne sont pas toutes les rencontres qui étaient disponibles, car elles n’étaient pas toutes télévisées lorsque Campbell s’est joint à la Ligue. Personne n’était affecté à l’enregistrement et à la surveillance des matchs.
« Il fallait que les vidéos des matchs nous soient envoyées par NHL Productions, à Tappan, dans l’État de New York, ou que les équipes nous envoient des séquences vidéo s’ils voulaient que nous révisions quelque chose », s’est remémoré Damian Echevarrieta, le vice-président principal de la sécurité des joueurs et des opérations hockey que Campbell a engagé peu de temps après son arrivée. « C’est la raison pour laquelle vous entendez parfois des anciens du hockey dire : "Ils vont envoyer la vidéo à la Ligue." »
Campbell, Echevarrieta et Claude Loiselle ont mis en place la première salle de révision vidéo dans les anciens bureaux de la LNH à New York sur la 6e Avenue, à un jet de pierre du Radio City Music Hall.
Dire qu’il s’agissait d’une salle de fortune serait un euphémisme.
« La pièce était remplie de divers moniteurs et magnétoscopes qui enregistraient les matchs, que nous arrivions à diffuser dans l’édifice grâce à un petit satellite que l’on pointait vers la fenêtre dans l’une des salles de conférence, a raconté Echevarrieta. Un soir, je surveillais et enregistrais sept ou huit matchs, puis tout est devenu noir. Je n’avais aucune idée de ce qui s’était produit. L’équipe de ménage avait accidentellement baissé les rideaux, bloquant le signal satellite. »
À l’époque, Campbell occupait aussi les fonctions de préfet de discipline. Si un jeu était remis en question, il devait le voir.
Occasionnellement, il retournait à la maison en Ontario la fin de semaine pour rendre visite à sa famille. Les téléphones cellulaires et les courriels en étaient à leurs balbutiements, mais vous ne pouviez pas encore envoyer une vidéo. Donc, les rares fois où Echevarrieta avait une séquence que Campbell devait voir et qu’il n’était pas à New York, il devait improviser pour trouver une façon de la lui faire parvenir.
Echevarrieta apportait alors une cassette vidéo avec un enregistrement du jeu à l’aéroport LaGuardia. Il trouvait la porte d’embarquement du prochain vol d’Air Canada vers Toronto et remettait la cassette à un préposé en lui indiquant qu’un homme du nom de Colin Campbell attendrait à la porte de débarquement à Toronto pour l’obtenir.
Campbell devait retourner à la maison, glisser la cassette dans son magnétoscope et regarder la séquence avant de prendre une décision. Ce qui prend aujourd’hui quelques secondes prenait des heures à l’époque, sans compter les quelques obstacles à surmonter parfois.
« Si vous voyez la salle de révision vidéo du Département de la sécurité des joueurs ici à New York ou la nouvelle salle des opérations hockey à Toronto, qui sont à la fine pointe de la technologie, vous réaliserez à quel point nous avons progressé grâce au leadership de Colin », a dit Echevarrieta.
Regardez les matchs et vous le verrez également.
Campbell a supervisé de nombreux changements aux règlements à la suite de l’arrêt de travail dans la LNH en 2004-05. Ces modifications ont réduit l’obstruction et ouvert le jeu, permettant au talent et à l’attaque de s’exprimer, et aux joueurs plus petits d’avoir un plus grand impact.
Durant cet arrêt de travail, il a tenu des réunions avec les DG Don Waddell, Poile, Bob Gainey et Kevin Lowe, l’ancien propriétaire des Flyers de Philadelphie Ed Snider, les joueurs Trevor Linden, Martin Brodeur, Brendan Shanahan, Rob Blake et Mike Gartner ainsi que le commissaire de la LNH Gary Bettman.
« Nous avions des discussions importantes à propos de changements aux règlements, a dit Waddell. Malheureusement, nous avions beaucoup de temps pour en parler parce que nous ne jouions pas au hockey. Je dois dire que pour quelqu’un qui provenait de ce que nous appelons l’ancienne garde, il était très ouvert sur les façons de rendre le hockey meilleur et plus rapide. »
Campbell se souvient d’une conversation précise qu’il a eue avec Holland.
« Je me souviens d’avoir demandé à Kenny : "Qu’est-ce qu’une pénalité pour avoir accroché? Est-ce que tu dois accrocher deux ou trois fois avant que la pénalité soit décernée?", s'est remémoré Campbell. Il m’a répondu : "Deux si le joueur tombe, trois s’il reste debout." C’est fou, ce que nous laissions passer à l’époque et les pénalités que nous voulions voir être décernées. Ce qui m’a fait le plus peur en 2004-05, c’est quand j’ai entendu des joueurs dire qu’ils n’éprouvaient pas de plaisir à pratiquer le hockey avec les paramètres que j’avais mis en place. Nous avons dû trouver une façon de rendre le hockey divertissant. »