Daigle_1993-NHL-Draft

Initialement, Alexandre Daigle ne voyait pas l’intérêt de participer à un documentaire à propos de sa carrière dans le hockey.

« Je ne pensais pas que ça allait changer ma vie d’une quelconque façon », a expliqué Daigle.

Il lui a fallu du temps pour se faire à l’idée. Mais ce faisant, cet ancien premier choix au total des Sénateurs d’Ottawa, qui n’a jamais joué à la hauteur de l’engouement qu’il y avait à son endroit avant le repêchage 1993, a été transformé.

Chosen One: Alexandre Daigle, un documentaire d’Amazon produit en collaboration avec NHL Productions, sera lancé vendredi sur la plateforme Prime Video.

Le documentaire retrace la vie de Daigle : le phénomène qu’il était à l’âge de 15 ans, sa sélection au premier rang du repêchage, son statut de supervedette au Canada, l’espoir qu’il incarnait chez les Sénateurs et l’étiquette de flop qu’il portait à l’âge de 25 ans. L’œuvre traite également des impacts psychologiques qui sont venus avec le fait d’échouer à répondre aux attentes que le monde du hockey avait placées en lui.

Daigle se joint aux auditeurs pour ce parcours. On le voit regarder des faits saillants et des entrevues ainsi que discuter de ses difficultés à composer avec l’argent et la célébrité comme jeune joueur.

« Beaucoup de gens m’en parlent, donc c’est un sujet de conversation, a ajouté Daigle. On me questionne beaucoup sur mon passé et ma carrière, donc c’est une occasion de raconter mon histoire au public. C’est la raison pour laquelle je l’ai fait. Je voulais expliquer comment j’ai vécu tout ça. Et c’est fait. Nous n’en parlons plus maintenant. En fait, nous pouvons, mais vous n’avez qu’à aller regarder le documentaire sur Prime. »

Daigle a admis avoir été émotif en revivant sa carrière de joueur lors du tournage du documentaire.

Dans le film, on retrouve plusieurs moments marquants ainsi que des commentaires de l’ancien directeur général des Sénateurs Randy Sexton qui n’ont jamais été vus ou entendus auparavant.

On y voit l’ancienne journaliste d’ESPN Lindsay Berra qui raconte avoir rendu visite à Daigle en Suisse en 2007, après son départ de la LNH, et ce dont elle a été témoin pour son article qui a paru dans le magazine d'ESPN.

Elle mentionne avoir vu un joueur avec une passion et un amour pour le hockey, à un moment où la plupart des gens gravitant autour de la LNH se demandaient si c’était bel et bien le cas.

« Il y a beaucoup de perspective, a renchéri Daigle. Plusieurs personnes parlent dans le documentaire, et je ne savais pas qu’elles avaient ce point de vue sur la situation. J’avais l’impression que je devais expliquer sans cesse que j’avais 18 ans et beaucoup d’argent, et que j’étais au Canada au sein de l’une des pires équipes de l’histoire de la Ligue. Je me disais : "Combien de fois vais-je devoir expliquer ça?" Les intervenants dans le documentaire disaient essentiellement la même chose que moi et ils ont le même point de vue sur ce que j’ai vécu. Ça m’a ouvert les yeux et j’ai réalisé que je ne voyais pas les choses de la mauvaise façon. »

Son père, Jean-Yves Daigle, fait aussi partie du documentaire. Il est décédé peu de temps après la fin du tournage.

« À ce moment-là, mon père avait six mois à vivre et nous avons eu la chance de l’intégrer au documentaire pendant une semaine où il était en forme, a dit Daigle. Le timing était bon. Mais quand je regarde le documentaire maintenant, je revis le moment où on me posait toutes ces questions devant les caméras et c’est stressant. J’ai des sueurs froides parfois.

« C’est insensé parce que ça fait 30 ans, mais ton corps et ton esprit te ramènent à cette époque. Souvent, tu te remets en question en tournant un documentaire et en revivant ces moments, mais quand tu rassembles tous ces gens et que tu entends les différentes choses qu’ils ont à dire… Lindsay a dit plusieurs choses que je ne voyais pas à l’époque. De toute évidence, elle savait ce que je vivais à ce moment de ma vie. Je ne voyais pas les choses de cette manière, mais aujourd’hui, je sais qu’elle avait raison. Ça fait en sorte que je me sens bien, mais lors du tournage et des entrevues, c’était beaucoup d’émotion. »

Daigle a mentionné qu’au fil du tournage et du montage du documentaire, les choses sont devenues plus faciles pour lui.

« C’est plus facile de le voir aujourd’hui que de l’avoir tourné, a-t-il admis. En le faisant, je ne comprenais pas ce que le produit final allait donner. Je comprends que vous voulez parler de ma vie et de ma carrière, mais que dois-je dire et pourquoi est-ce que je fais tout ça? Je ne comprenais pas. »

C’est différent aujourd’hui.

« C’est un immense soulagement », a conclu Daigle.