Harvey-Pinard hat trick badge Lepage

MONTRÉAL -Rarement avait-on vu un joueur essayer aussi fort de réprimer un sourire - et échouer aussi lamentablement - que Rafaël Harvey-Pinard après le tour du chapeau qu'il a inscrit en deuxième période face aux Blue Jackets de Columbus, samedi.

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Pendant que les préposés s'affairaient à ramasser les nombreuses casquettes lancées sur la glace et que les partisans prolongeaient la bruyante ovation, l'attaquant québécois souriait à pleines dents au banc des siens. Dès qu'il tentait de retrouver un peu de sérieux, ses joues se creusaient à nouveau. Rien à faire.
« C'était juste tellement incroyable, a lancé la fierté d'Arvida, encore tout sourire, après le match. Je vivais le moment à fond. Cette ovation-là m'a fait chaud au cœur. D'avoir tout le support de la foule, c'était un beau moment pour moi. […] J'avais des frissons. J'en ai rêvé tellement souvent quand j'étais jeune. »
Avec cette râfle expéditive - exécutée en seulement 16:29 - dans un gain facile de 8-2, Harvey-Pinard a non seulement atteint le plateau des 10 buts, mais il a augmenté son total à 12 en 29 rencontres. C'est déjà bon pour le sixième rang des buteurs du Tricolore.
Il avait donc toutes les raisons de sourire. Son coéquipier Brendan Gallagher a même tenté de profiter de l'insouciance de son jeune comparse en lui disant de se lever pour saluer la foule, alors qu'il restait encore trois minutes à jouer au deuxième engagement.
« J'essayais de le convaincre de se lever pour saluer la foule, a rigolé le vétéran. Il est plus intelligent que ça, il n'est pas tombé dans le panneau. C'était plaisant de le voir avec son grand sourire. »
Alex Belzile s'est lui aussi entretenu avec son complice pendant de longues secondes à son retour au banc, mais il a été impossible de savoir ce qui avait été dit pour la simple et bonne raison que « HP » ne se souvenait de rien.
« Je ne m'en rappelle même pas, a-t-il avoué. Je vivais le moment et je regardais ce qui se passait. »
Pas de doute, l'énergique jeune homme est apprécié dans le vestiaire montréalais. Un loustic, qui n'a pas été identifié, avait modifié la plaque de son nom au-dessus de son casier en changeant « Harvey » pour « Hatty » comme dans tour du chapeau.

Hatty Pinard locker room

« Il a du plaisir, on n'a qu'à regarder son sourire, a élaboré Gallagher. C'est contagieux. Il mérite tout ce qui lui arrive, il travaille incroyablement fort. C'est un joueur très intelligent. Il aborde les choses de la bonne façon, il s'amuse et c'est vraiment beau à voir. »
Questionné à savoir si ça lui rappelait un peu ses débuts avec le grand club, le no 11 a bien pris soin de rejeter toutes potentielles comparaisons entre les deux joueurs. Pas qu'il ne s'identifie pas à ce qu'Harvey-Pinard traverse, mais il veut éviter de mettre de la pression inutile sur les épaules de ce dernier.
« Il va faire son propre chemin, a rétorqué le vétéran. Il a énormément de potentiel. Il doit simplement continuer de faire ce qu'il fait en ce moment. S'il y parvient, il sera plutôt heureux d'où il aboutira. J'essaie de l'aider quand j'en ai la chance, mais c'est un jeune très intelligent. Il fait ce qu'il doit faire. »
Mine de rien, Harvey-Pinard est en train de se magasiner un beau contrat pour les prochaines saisons. Mais il soutient avec ferveur qu'il ne pense pas à ça. Il doit être trop occupé à vivre son rêve.
« J'essaie de ne pas penser à ça, a-t-il conclu. Je veux y aller au jour le jour, ne pas voir trop loin et y aller un match à la fois. On verra ce qui va arriver à ce niveau-là. »