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Un joueur de la qualité de Bobby Orr, c'est quelque chose qu'on ne verra plus jamais, croit l'ancien attaquant des Bruins de Boston Derek Sanderson.
Pourquoi? Sanderson explique que c'est en partie parce que le légendaire défenseur des Bruins a réinventé le hockey dans les années 1960 et 1970, révolutionnant sa position et jouant d'une manière que personne n'avait été témoin auparavant… et depuis

Et malheureusement, ajoute Sanderson, c'est parce que beaucoup de séquences d'Orr sont perdues à jamais, car un réseau de télévision bostonien a jeté toute sa collection de films de nombreux matchs des Bruins lorsqu'elle a déménagé d'immeuble.
« Tout ce que nous avons l'occasion de voir, c'est quelques rediffusions où Bobby fait la même chose, a regretté Sanderson. Nous ne voyons jamais Bobby au sommet de son art. »
C'est en effet difficile à croire qu'il existe des séquences encore plus spectaculaires d'Orr que celles qui ont été amassées pour le documentaire de NHL Network « The 1970 Boston Bruins: Big, Bad & Bobby », qui sera diffusé dimanche (20h HE; NHL Network, SNE, SNO, SNW, SNP).

The 1970 Bruins: Big Bad & Bobby trailer

Avec ces images de l'époque, en noir et blanc et en couleur, on peut voir le numéro 4 à l'œuvre, s'élancer vers la zone adverse, puis arrêter, changer de direction et revenir dans son propre territoire et afin d'écouler une pénalité.
Il y a des séquences époustouflantes d'Orr à haute vitesse et au ralenti dans lesquelles il coupait entre ses adversaires avec facilité, se moquait de l'opposant, sortait un spin-o-rama de son chapeau, plongeait et enfilait des passes à travers la glace alors qu'aucune option ne lui semblait offerte.
On peut aussi le voir étendu sur la glace, blessé, puis le voir donner une entrevue en pyjama alors qu'il se remettait.
Et, bien sûr, il y a cette fameuse séquence du 10 mai 1970, lorsqu'Orr prend son envol après avoir marqué le but gagnant de la Finale de la Coupe Stanley à la 40e seconde de la prolongation du quatrième match contre les Blues de St. Louis. Un moment classique autant en vidéo qu'en photo.
Orr est peut-être au centre de ce nouveau documentaire, mais il s'agit de beaucoup plus qu'une compilation de faits saillants d'un seul joueur. C'est une célébration de l'histoire d'amour d'une ville avec ses héros du peuple, de leurs jours difficiles jusqu'à leur heure de gloire.

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« Ils ont galvanisé l'État entier », a dit Mike Eruzione, membre de l'équipe olympique américaine de 1980, à propos de l'équipe talentueuse et puissante qui allait mériter le surnom des Big Bad Bruins. « Comment voulez-vous jouer? Avec talent? Ils avaient plus de talent que vous. Vous voulez y aller avec de la robustesse? Ils étaient plus robustes que vous. Vous alliez être humiliés par leur talent ou vous alliez vous faire tabasser. »
Pendant trop longtemps, les Bruins étaient sans identité, a noté l'ancien entraîneur et directeur général des Bruins Harry Sinden. Une disette de huit saisons sans participation aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley dans une ligue de six équipes entre 1959-60 et 1966-97, ça n'aide pas non plus.
Les partisans ont quand même rempli le Boston Garden, mais presque avec un humour noir, s'attendant à l'humiliation de l'équipe locale.
Selon l'ancien journaliste du Boston Globe Kevin Paul Dupont, le vétuste Garden « était un trou, mais il avait l'air d'un palais… il y avait un certain charme chez [les Bruins], même s'ils perdaient toujours. »

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L'arrivée en 1966 d'Orr, l'espoir de premier plan des Generals d'Oshawa de la Ligue de hockey de l'Ontario, s'est avérée l'étincelle dont la concession avait besoin. On lui apposait déjà l'étiquette de sauveur de l'équipe, un fardeau lourd à porter pour les épaules d'un joueur de 18 ans.
Le jeune homme a inspiré « un nouveau sentiment d'espoir », a raconté Sinden.
Alors qu'Orr épatait la galerie et trouvait son rythme, le directeur général des Bruins Milt Schmidt a soufflé sur les braises. Le 15 mai 1967, Schmidt a fait l'acquisition du joueur de centre Phil Esposito et des attaquants Ken Hodge et Fred Stanfield des Black Hawks de Chicago en retour de l'attaquant Pit Martin, du défenseur Gilles Marotte et du gardien Jack Norris. Une transaction majeure et, au final, un vol en plein jour!
Les Bruins ont été balayés par les Canadiens de Montréal en première ronde des séries en 1968, mais un retour dans le tournoi printanier représentait une grosse victoire morale.

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Esposito a dit qu'il se souvient d'avoir pris Sinden à part après l'élimination pour lui assurer qu'ils « allaient gagner la Coupe dans trois ans. »
Esposito, qui est finalement devenu le meilleur franc-tireur de son ère, a même battu sa propre prédiction. Boston a été à nouveau éliminé par les Canadiens en six matchs au deuxième tour en 1969, mais les Bruins ont couronné la saison suivante avec un championnat qui avait échappé à Boston depuis 1941.
Les Bruins patinaient maintenant la tête haute, avec une confiance contagieuse.
« Nous étions confiants, nous étions arrogants, a dit Hodge avec un sourire. Et nos bottines suivaient nos babines. »

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Les partisans des Bruins ont rempli le Garden, campant à l'extérieur de l'aréna dans un village improvisé de carton et contreplaqué pendant les séries afin de s'assurer d'être témoins du spectacle de l'heure. Leurs héros n'étaient plus le paillasson de la ligue; au contraire, les ours bruns ne faisaient désormais qu'une bouchée de leurs adversaires.
Le mémorable but gagnant d'Orr qui fêtera ses 50 ans dimanche -- la Fête des mères en 1970, comme elle l'est un demi-siècle plus tard --, est devenu mythique à Boston, mais plus loin encore.

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« Je ne sais pas s'il y a un bar ou un restaurant au Massachusetts qui n'a pas cette photo », a affirmé Eruzione à propos de l'image du défenseur en vol.
Esposito offre le parfait résumé de ces moments pour ceux qui ont vécu cette accession à la gloire, mais aussi pour les partisans qui en apprennent davantage sur le championnat de 1970, possiblement le plus grand moment dans l'histoire de la concession.
« À mon avis, a-t-il dit, c'était le moment parfait, l'endroit parfait et l'équipe parfaite. »