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CENTENNIAL, Colorado - Gabriel Landeskog s'est déjà imaginé en train de recevoir la Coupe Stanley, de la soulever au-dessus de sa tête et de la remettre à ses coéquipiers.

« Oui, j'ai visualisé ce moment assez souvent, surtout dans les six dernières semaines », a admis le capitaine de l'Avalanche du Colorado vendredi, en sortant de la patinoire d'entraînement. « Je ne dirais pas que c'est constamment dans tes pensées, mais c'est assurément quelque chose à quoi tu penses quand tu poses la tête sur l'oreiller le soir. Tu en rêves. Tu dois te pincer pour te sortir la tête des nuages. »
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Landeskog est pleinement concentré sur l'objectif ultime. Il comprend aussi ce que ça prend pour en arriver à ce point après 11 saisons de travail et, parfois, de déceptions. Il ne veut rien tenir pour acquis.
Il s'agit d'une occasion précieuse d'affronter le Lightning de Tampa Bay en finale de la Coupe Stanley et de transformer le rêve en réalité. Le match no 1 aura lieu mercredi au Ball Arena (20 h HE; TVAS, CBC, SN, ABC, ESPN+).
« Je me suis toujours donné le droit de rêver et de laisser mon esprit aller là, a ajouté Landeskog. Mais c'est important d'être en mesure de revenir dans le moment présent et de penser à ce que tu peux contrôler dans l'immédiat. C'est cet aspect mental qui est difficile en séries. Tout ce qu'il faut faire, c'est de ne pas se projeter trop loin dans l'avenir. C'est ce dont nous avons parlé avec notre groupe : rester dans le moment, rester concentrés sur ce que nous pouvons faire. Mais oui, je vous mentirais si je vous disais que je n'y ai pas pensé. »
Landeskog a 29 ans. Il n'y a pas de poils gris dans sa barbe rousse, et pourtant, il sonne comme un vieux sage quand il parle du parcours du Colorado.
L'attaquant est avec l'Avalanche depuis qu'elle l'a sélectionné avec le deuxième choix au total au repêchage de 2011. Il a fait ses débuts lors de la saison 2011-12 et gagné le trophée Calder, remis à la recrue de l'année dans la LNH. Le seul joueur qui est avec l'Avalanche depuis plus longtemps est le défenseur Erik Johnson, qui a été acquis des Blues de St. Louis le 19 février 2011.
L'Avalanche a raté les séries éliminatoires de la Coupe Stanley en 2011-12 et 2012-13, et à la deuxième saison de Landeskog, elle a terminé au 29e rang de la LNH, devant seulement les Panthers de la Floride. Landeskog a d'ailleurs mentionné que l'Avalanche est chanceuse d'avoir pu obtenir le premier choix au total au repêchage de 2013 pour sélectionner le joueur de centre Nathan MacKinnon.
Landeskog a goûté aux séries pour la première fois en 2013-14. Le Colorado a remporté le titre de la section Centrale, et MacKinnon a gagné le Calder. Patrick Roy, le légendaire gardien qui en était à sa première saison derrière un banc de la LNH, a gagné le trophée Jack-Adams à titre d'entraîneur de l'année. Semyon Varlamov a terminé au deuxième rang du scrutin pour l'obtention du trophée Vézina, remis au meilleur gardien de la LNH, derrière Tuukka Rask des Bruins de Boston. Malgré tout ça, l'Avalanche a perdu en sept matchs contre le Wild du Minnesota en première ronde.
Le gardien auxiliaire du Colorado était Jean-Sébastien Giguère, qui disputait la dernière campagne d'une carrière de 16 saisons dans la LNH. Il avait disputé un match no 7 en finale avec les Mighty Ducks d'Anaheim en 2003 et remporté le trophée Conn-Smythe, remis au joueur le plus utile à son équipe en séries, même si les Devils du New Jersey avaient gagné la Coupe Stanley. Il avait plus tard soulevé la Coupe avec les Ducks, en 2007.
« Je me rappelle qu'il disait : "Tu n'as pas ces occasions très souvent", s'est remémoré Landeskog. Nous amorcions les séries en tant que favoris. Nous avions une bonne équipe. Nous avions un gardien en Varlamov qui jouait très bien, et tout le monde était en confiance. Beaucoup de nos joueurs venaient de connaître la meilleure saison de leur carrière. Tu ne réalises pas à quel point c'est difficile de gagner en séries. J'ai toujours dit que ce n'est pas facile et que ce n'est pas censé être facile non plus. »
L'Avalanche a raté les séries trois saisons de suite entre 2014 et 2017, et en 2016-17, elle a conservé un dossier de 22-56-4 et terminé au dernier rang de la LNH. Seuls les Red Wings de Detroit de 2019-20 (,275) ont affiché un pourcentage de points inférieur à celui de l'édition 2016-17 de l'Avalanche (,293) depuis que la LNH a instauré le plafond salarial en 2005-06. À ce moment-là, on croyait que le mauvais sort s'acharnait sur le Colorado quand il a glissé au quatrième rang du repêchage 2017 à la suite de la loterie, mais l'Avalanche ne savait pas encore la chance qu'elle avait de pouvoir mettre la main sur le défenseur Cale Makar.
« Quand on parle de moments difficiles, c'est exactement ce à quoi on fait référence, a dit Landeskog. Il s'agissait de la première année de [l'entraîneur Jared Bednar]. Nous avions maintenu une fiche parfaite de 6-0 en matchs préparatoires. Nous pensions que nous avions une bonne équipe. Nous pensions que nous allions être bons. Les choses sont allées de mal en pis, même quand nous pensions que c'était impossible que ce soit pire. Nous espérions seulement revenir parmi les équipes qui font partie de la moyenne. Jouer pour plus ou moins ,500 aurait été génial à ce moment-là, afin de ne pas être la risée de la LNH. »
L'Avalanche a pris part aux séries lors des quatre campagnes suivantes, mais elle a perdu contre les Predators de Nashville (six matchs en première ronde en 2017-18), les Sharks de San Jose (sept matchs en deuxième ronde en 2018-19), les Stars de Dallas (sept matchs en deuxième ronde en 2019-20) et les Golden Knights de Vegas (six matchs en deuxième ronde en 2020-21). La plus récente élimination a fait particulièrement mal. L'Avalanche avait gagné le trophée des Présidents à titre de meilleure équipe de la LNH en saison régulière, uniquement pour s'incliner au deuxième tour dans une troisième année consécutive.
« Nous pensions que nous étions prêts, a souligné Landeskog. Nous pensions que nous avions une très bonne équipe, et c'était le cas. Mais ça te montre que tu as besoin d'expérience d'abord et avant tout. Les gars doivent expérimenter à quel point c'est difficile et apprendre à gagner en séries, à gagner à l'étranger en séries, à clouer le cercueil de l'adversaire dans un match et à venir de l'arrière parfois. Ce sont plusieurs petites choses qui ne sont pas faciles à faire. Parfois, on pense que les séries ne sont que le prolongement de la saison régulière, mais non. Une série, c'est extrêmement exigeant sur le plan mental. Peu importe le score dans une série, l'aspect mental est un défi, et il est difficile de garder la tête froide. »
L'Avalanche a conjuré le mauvais sort cette saison, balayant les Predators en première ronde, défaisant les Blues en six rencontres au deuxième tour et balayant les Oilers d'Edmonton en finale de l'Association de l'Ouest.
MacKinnon brille; Makar joue comme l'un des meilleurs défenseurs de l'histoire du hockey. L'équipe possède plus de profondeur et, surtout, d'expérience.
Les joueurs gardent leur calme quand les décisions des arbitres ne vont pas en leur faveur, ils se tiennent loin des mêlées après le coup de sifflet et ils sont capables de rebondir lorsqu'il le faut. Même si l'Avalanche montre un dossier de 12-2 en séries, ce n'est pas comme si elle n'a pas fait face à de l'adversité. Landeskog souligne que l'équipe est venue de l'arrière huit fois pour gagner. Ils ont aussi dû composer avec des blessures.
« Je considère que ça aide tout le monde d'avoir un peu plus d'expérience et de savoir qu'il ne faut pas paniquer, mais plutôt faire confiance à ce que nous sommes en mesure d'accomplir, faire confiance à notre système de jeu », a dit Landeskog.
Enfin, la finale de la Coupe Stanley.
Après tout ce travail acharné et ces cruelles leçons, le plus difficile est peut-être à venir.

STL@COL, #5: Landeskog redirige le tir de Makar

« Lors de tes premières années - et je pense que ça prend plus de temps qu'on voudrait l'admettre - ça te prend du temps avant de comprendre la Ligue et de voir comment tu peux t'imposer et connaître du succès sur le plan individuel, a poursuivi Landeskog. Tu penses que c'est plus facile que ce que c'est en réalité. Mais ce n'est pas facile, et tu as besoin de beaucoup de bonnes personnes autour de toi pour y arriver et même pour atteindre les séries.
« Et pour en arriver à ce point, tu dois y mettre les efforts, et c'est ce que notre groupe a fait. Je suis très fier de cette équipe, surtout des joueurs qui étaient ici dans les années difficiles. C'est emballant d'être ici au mois de juin et de jouer au hockey encore. C'est quelque chose dont tu rêves.
« En ayant cette occasion, je comprends ce que les joueurs plus vieux avaient l'habitude de dire dans mes premières années. Ce n'est pas facile, et la chance de jouer en séries ne se présente pas chaque année. La chance d'évoluer au sein d'une bonne équipe ne se présente parfois même jamais pour certains joueurs. Il s'agit donc d'une belle occasion pour nous, et nous avons beaucoup de pain sur la planche, mais le parcours pour en arriver ici a été long. »