Patrick Roy sera confortablement installé dans son domicile de Québec, à plus de 3000 kilomètres de Denver, lorsque la finale de la Coupe Stanley va se mettre en branle la semaine prochaine au Ball Arena, et il sera probablement le plus grand partisan de l'Avalanche du Colorado à l'est des Rocheuses.
Le parcours de l'Avalanche rappelle de beaux souvenirs à Roy
L'ancien gardien, qui a gagné la Coupe Stanley deux fois avec le Colorado, a démissionné de ses fonctions d'entraîneur en 2016
« Je suis un partisan de l'Avalanche », a déclaré Roy, l'ancien gardien et entraîneur du Colorado. « J'ai tellement de respect pour "Landy" (le capitaine Gabriel Landeskog) et Nate (MacKinnon).
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« Ç'a été un privilège de diriger ces joueurs-là. Joe (Sakic, le directeur général de l'Avalanche) m'a donné cette chance. J'ai tellement de respect pour Joe. Il a fait du très bon travail pour bâtir cette équipe. »
Roy a été un pilier des deux conquêtes de la Coupe Stanley du Colorado - en 1996, seulement six mois après l'éclatante transaction du 6 décembre 1995 qui l'a fait passer des Canadiens de Montréal à l'Avalanche, et en 2001, un championnat dont on se souviendra parce qu'il a été le seul du vétéran défenseur Raymond Bourque à la fin d'une carrière de 22 saisons dans la LNH.
Roy a également savouré deux championnats avec les Canadiens - en tant que recrue en 1986 et de nouveau en 1993. Il a remporté le trophée Conn-Smythe à titre de joueur le plus utile à son équipe en séries éliminatoires en 1986, 1993 et 2001, le seul joueur à avoir remporté le trophée trois fois. Sakic l'avait gagné avec l'Avalanche en 1996.
Roy a pris sa retraite à la suite de la saison 2002-03, retournant au Colorado une décennie plus tard pour s'installer derrière le banc comme entraîneur et dans les bureaux administratifs à titre de vice-président des opérations hockey.
En trois saisons après avoir été embauché en 2013 par Sakic, qui venait d'être promu au poste de vice-président principal des opérations hockey, Roy a conservé un dossier de 130-92-24. Il a conduit le Colorado au titre de la section Centrale en 2013-14 avec une récolte de 112 points. Ç'a égalé un record de concession et ça lui a valu le trophée Jack-Adams, remis à l'entraîneur de l'année dans la LNH.
Mais le Colorado a été surpris par le Wild du Minnesota dans le match no 7 de leur série de première ronde en 2014, puis l'équipe a raté les séries éliminatoires lors des deux campagnes suivantes. Roy a abruptement démissionné de ses fonctions en août 2016, prétextant des différences de philosophie avec la direction de l'équipe. Il a été remplacé par l'entraîneur Jared Bednar, qui a conduit l'Avalanche à une première présence en finale de la Coupe Stanley depuis les prouesses de Roy devant le filet lors du championnat de 2001.
On ne sait pas s'il y a eu mésentente avec Sakic, mais si oui, ça semble résolu, alors que Roy espère voir son ancienne équipe rapporter la Coupe Stanley à Denver.
Il a été particulièrement élogieux à l'endroit de MacKinnon, qu'il avait également vanté à l'approche du repêchage de 2013 lorsqu'il était avec l'Avalanche. Cette dernière avait ultimement repêché l'attaquant avec le premier choix au total. Il a également eu de bons mots pour le défenseur Cale Makar, soutenant qu'il « pourrait devenir le meilleur défenseur de l'histoire du hockey. »
« Au final, ils sont plaisants à regarder et ils sont bons pour le hockey », a dit Roy au sujet de MacKinnon et de Makar. « Ils représentent ce dont notre sport a besoin, pas seulement chez les professionnels, mais dans les rangs juniors également. Ils jouent avec beaucoup de rythme et ils sont des modèles pour les jeunes joueurs. Ils vont apporter notre sport à un autre niveau, et c'est ce dont nous avons besoin. »
Roy a tenté sans succès d'échanger quelques mots avec Sakic dans l'immense foule présente aux funérailles de la légende des Canadiens Guy Lafleur, le 3 mai dernier à Montréal.
« Je lui ai donc envoyé un message pour lui souhaiter bonne chance, a-t-il raconté. Je lui ai dit : "Vous avez une équipe le fun à regarder. C'est très divertissant. Les gens de Denver sont chanceux d'avoir une aussi bonne équipe, une équipe aussi électrisante à regarder." »
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On pourrait dire la même chose des éditions championnes de l'Avalanche de 1996 et 2001.
« Je ne sais pas si je veux comparer les conquêtes de la Coupe Stanley, mais celle de 2001 était très spéciale, s'est remémoré Roy. Toute l'année, nous avons joué pour Ray (Bourque). »
Bourque était débarqué avec l'Avalanche via transaction en mars 2000, après avoir joué presque 21 saisons avec les Bruins de Boston. L'échange au Colorado, qui était alors une puissance de la LNH, avait de toute évidence été préparé pour donner une chance au vétéran de gagner la Coupe Stanley pour la première fois.
L'Avalanche est passée proche en 2000, perdant le match no 7 de la finale de l'Association de l'Ouest contre les Stars de Dallas. Mais avec le retour de Bourque au camp d'entraînement l'année suivante, le message était clair pour tout le monde.
« Nous voulions gagner la Coupe (en 2001) pour Ray, a dit Roy. Nous utilisions le terme "Mission 16" (en référence au nombre de victoires nécessaires en séries pour gagner la Coupe Stanley), et du camp d'entraînement jusqu'aux séries, nous jouions d'une seule façon, c'est-à-dire pour gagner tous les soirs.
« Nous savions pourquoi Ray était venu à Denver en 2000. Nous étions tous vraiment déçus de ne pas avoir pu gagner la Coupe cette année-là. Son retour l'année suivante a signifié beaucoup pour nous tous. Ça nous a motivés à être à notre mieux et à connaître la meilleure saison possible. »
Ce fut une saison historique pour Roy, qui a dépassé Terry Sawchuk avec sa 446e victoire en saison régulière pour devenir le gardien le plus victorieux de l'histoire de la LNH.
« J'étais très heureux et fier de détenir ce record, surtout parce qu'il avait tenu longtemps (depuis 1970), a souligné Roy. Évidemment, les règles ont changé. À l'époque de Terry, il y avait des matchs nuls. Maintenant, il y a la prolongation et les tirs de barrage. C'est plus facile pour les gardiens d'aujourd'hui de signer des victoires, et gagner des matchs est ce que veulent toutes les équipes. »
Roy a pris sa retraite avec 551 victoires en saison régulière et il a plus tard été dépassé par Martin Brodeur, qui a accroché ses patins avec 691 gains. Marc-André Fleury est actuellement troisième avec 520 victoires. Le record de 151 victoires de Roy en séries devrait tenir longtemps. Fleury est troisième avec 92, le plus haut total chez les gardiens actifs.
« Marc-André connait une carrière extraordinaire, a noté Roy. Je suis certain qu'il dirait la même chose que moi : tu dois jouer au sein de bonnes équipes avec de bons leaders pour connaître du succès, et j'ai été très chanceux d'avoir ce privilège. »
Le parcours en séries de l'Avalanche en 2001 n'a pas été facile, après qu'elle eut réglé le cas des Canucks de Vancouver en quatre petites rencontres au premier tour. Le joueur de centre Peter Forsberg est tombé au combat dans la victoire lors du match no 7 contre les Kings de Los Angeles en deuxième ronde. Il a été conduit à l'hôpital pour soigner une rupture de la rate.
« Nous avions suffisamment de caractère et de profondeur pour trouver une façon de gagner, a mentionné Roy. Nous l'avons fait contre les Blues de St. Louis (victoire en finale d'association en cinq rencontres) et nous sommes venus de l'arrière contre les Devils du New Jersey à partir du match no 6 de la finale. »
En effet, le Colorado faisait face à l'élimination dans le match no 6, tirant de l'arrière 3-2 dans la série contre le New Jersey avec un match à jouer à l'étranger.
Roy avait encore frais en mémoire ses déboires du match no 4.
« Je ne vais pas te mentir, le match no 4 a probablement été l'un des moments les plus sombres de ma carrière, s'est-il remémoré. Je suis allé derrière mon filet en milieu de troisième période, la rondelle a bondi par-dessus mon bâton et les Devils ont marqué dans un filet désert pour créer l'égalité. Auparavant, nous maîtrisions totalement la situation, nous voguions vers la victoire, puis tout d'un coup, tout a basculé. Ils ont marqué de nouveau en fin de partie pour gagner 3-2 et créer l'égalité 2-2 dans la série, alors que nous retournions à Denver. Ils ont remporté le match no 5, et je me sentais misérable en retournant au New Jersey pour faire face à l'élimination. »
Roy a bouilli à l'intérieur pendant quelque temps, puis il a décroché le téléphone.
« J'ai appelé Ray et je lui ai dit : "Ray, livre-nous le meilleur discours avant le match no 6, et je vais faire les gros arrêts au début de la rencontre, puis nous allons revenir à Denver pour le match no 7", a raconté Roy. Ray a été excellent avec son discours. Je me rappelle qu'il avait dit : "Faites-le pour moi les gars". Il le répétait en s'adressant au groupe, et je pense que nous avons tous compris le message. C'était génial de gagner ce match (un jeu blanc de 4-0), puis de remporter le match no 7.
« Quand "Footer" (Adam Foote) a marqué vers la fin de la première période du sixième affrontement, j'ai sauté si haut que je pense que j'ai presque touché le plafond de l'aréna. C'est dire à quel point j'étais heureux que nous ayons pris les devants 1-0.
« En deuxième période, Ville Nieminen et Chris Drury ont marqué, et je me disais que nous étions de retour dans la série. Mais nous savions que tout ne tenait qu'à un fil dans le match no 7. Alex Tanguay a marqué deux buts, et Joe (Sakic) a inscrit le troisième (dans une victoire de 3-1). Je ne vais pas mentir, ç'a été un moment très spécial de gagner cette Coupe Stanley pour Ray. »
Roy a été brillant pour remporter le trophée Conn-Smythe pour la troisième fois. En séries cette année-là, il a conservé un dossier de 16-7 avec un pourcentage d'arrêts de ,934, une moyenne de buts alloués de 1,70 et quatre blanchissages. Il s'agissait de son meilleur taux d'efficacité et de sa meilleure moyenne en séries. En 1996, il a maintenu une fiche de 16-6, avec un pourcentage d'arrêts de ,921, une moyenne de 2,10 et trois jeux blancs.
Une autre similitude lie Roy et Sawchuk, en ce sens qu'ils ont tous les deux été impressionnants pendant une période de 15 ans entre leur première et dernière conquête de la Coupe Stanley - Roy entre 1986 et 2001; Sawchuk entre 1952 et 1967.
Pour le moment, Roy, DG et entraîneur des Remparts de Québec dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), est heureux de rester chez lui et de regarder l'Avalanche compétitionner de nouveau pour la Coupe Stanley. Le repos d'au moins 10 jours dont bénéficiera l'Avalanche entre la finale de l'Ouest et la grande finale n'inquiète pas celui qui a été intronisé au Temple de la renommée du hockey.
« Je pense que les gars sont affamés, et pour connaître Landy et Nate, ils vont s'assurer que les autres soient prêts, a indiqué Roy. Il n'y a aucun doute dans mon esprit qu'ils le seront. Landeskog est un très bon capitaine. Il est un leader phénoménal qui joue bien sur 200 pieds. Il a une tête sur les épaules et je suis sûr qu'il va s'assurer que ses coéquipiers soient prêts.
« Je parle par expérience. J'ai travaillé avec lui pendant trois ans là-bas. Il était déjà le leader de l'équipe à ce moment-là. Il était intelligent, il prenait de bonnes décisions et il était capable de parler aux gars. Maintenant, il est encore plus expérimenté. Et MacKinnon, quand il vole sur la patinoire, mon Dieu qu'il est plaisant à regarder.
« Je suis convaincu qu'ils sont en mission, comme nous l'étions en 2001 pour Ray. C'est impressionnant. Je suis heureux pour les partisans à Denver et je suis heureux pour Joe, qui a fait du très bon boulot. Je vais m'installer les deux pieds sur le pouf et regarder ça à la télévision. Ça va être le fun. La finale va nous donner du bon hockey et ce sera bon pour le sport. »
Photos: Temple de la renommée du hockey (Jeffrey T. Barnes; Dave Sandford; Chris Relke); Getty Images