Le «Monsieur Positif» du Lightning
Pierre-Édouard Bellemare le dit lui-même : « J'ai une grande gueule »
C'est lui qui le dit : « J'ai une grande gueule ». Quand on lui pose la question pour l'étriver, Pierre-Édouard Bellemare assure que ce n'est pas parce qu'il est Français.
« C'est de l'arrogance », rétorque-t-il en plaisantant au représentant de LNH.com.
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Bellemare est un des joueurs les plus fascinants à interviewer dans la LNH, également un des plus affables. C'est un étudiant du jeu -- il réfléchit sans arrêt -- et un sacré pédagogue. Ses analyses sont toujours pertinentes et ses interventions jamais inintéressantes.
Un trait de personnalité qu'on connaît moins de l'attaquant de soutien au parcours atypique, c'est son grand positivisme.
« "Belly" est inspirant », affirme l'entraîneur du Lightning Jon Cooper. « Il a toujours quelque chose de positif à dire, même si la situation paraît sombre. C'est principalement sur le banc des joueurs qu'il se fait le plus entendre.
« Dans le cours d'un match, tout n'est pas toujours rose. Les occasions de baisser la tête et de vous décourager sont parfois nombreuses, mais "Belly" voit à ce que ça n'arrive pas. Son positivisme est contagieux. »
Bellemare a joint le Lightning avant cette saison, mais il a vite fait sa place dans le groupe grâce à sa « grande gueule », comme il le dit.
« Primo, la plupart des gars ont plus de temps de jeu que moi. J'ai donc plus d'énergie qu'eux à dépenser », fait-il remarquer.
« Secundo, je suis positif de nature. J'ai dû l'être pour me rendre où je suis. Je suis arrivé dans la LNH tout juste avant la trentaine en âge. On n'en arrive pas là en étant négatif, ou en blâmant tout le monde autour de soi.
« J'ai compris les bienfaits d'être positif, peu importe les situations. Personnellement, le positivisme dans les moments difficiles m'a aidé à apprendre et à grandir, à surmonter toutes les embûches. »
L'enseignement de maman
Il raconte que l'enseignement vient de sa mère Frédérique, qui lui a fait réaliser la chance qu'il avait au début de la vingtaine. Sa mère a exercé une grande influence sur lui et ses quatre autres enfants, qu'elle a élevés seule.
« Je dois ma carrière à ma mère », lui attribue-t-il d'ailleurs tout le mérite. « Ce n'était pas facile quand je jouais en Ligue élite en Suède, à l'âge de 21 ans. Il n'y avait jamais eu un hockeyeur de mon pays qui avait fait sa place dans ce pays. On scrutait mon jeu à la loupe. Par de grands bouts, j'avais juste envie de partir. Je pensais à appeler ma mère pour lui dire que je rentrerais à la maison bientôt.
« Lors d'un coup de fil, elle m'a dit que tous ces enfants gâtés avec lesquels je jouais ne réalisaient pas à quel point ils l'ont facile.
« Elle a ajouté : "À compter de maintenant, assure-toi que les gens de ton entourage voient que tu n'es pas là pour l'argent, mais pour l'amour du hockey. Montre-leur que tout ce qu'ils ont est exceptionnel". Dès lors, j'ai commencé à me présenter à l'aréna tous les jours en étant positif. Avec un grand sourire au visage, en réalisant la chance que j'avais. »
Le changement d'attitude a vite rapporté de gros dividendes. L'équipe pour laquelle il évoluait a décidé de prolonger sa période d'essai avec elle.
« L'explication qu'on m'a donnée, c'était en raison de l'énergie que j'amenais dans le vestiaire, relate Bellemare. On m'a dit qu'on voulait voir si je pouvais continuer d'être aussi énergique et j'ai continué, en poursuivant mon chemin.
« J'ai réalisé par la suite que dans toutes les équipes pour lesquelles j'ai joué, que ce soit en équipe nationale ou dans la LNH, même avec l'équipe double championne de la Coupe Stanley, on en vient toujours à oublier toute la chance qu'on a. J'essaie d'être positif tout le temps. C'est de là que la grande gueule vient. Et aussi parce que je suis le plus vieux de l'équipe. Je me fous de dire des niaiseries! »
Le patineur natif de Le Blanc-Mesnil, en banlieue de Paris, ne se prive jamais d'exprimer des formules positives dans le feu de l'action.
« Je répète aux gars qu'il n'y a rien que nous ne puissions pas contrôler. Je vois à ce qu'ils restent tous ultras motivés, mentionne-t-il. Je meuble le temps quand je ne suis pas sur la glace pour tenter d'avoir une influence sur le jeu et que ça fasse boule de neige chez mes coéquipiers. »
Au premier tour des séries, au moment où les Maple Leafs de Toronto ont fait flirter le Lightning avec l'élimination, l'attaquant Alex Killorn confie que Bellemare a joué un rôle appréciable sur le banc avec le score 3-3 en prolongation dans le match no 6.
« Il encourageait tout le monde, en disant de continuer de nous accrocher et que notre saison était loin d'être terminée », rapporte Killorn.
Comme un joueur/entraîneur
Bellemare incarne ce qu'on peut qualifier de prototype le plus proche du joueur/entraîneur dans la LNH. Il ne serait d'ailleurs pas surprenant qu'il devienne entraîneur dans la LNH, au terme de sa carrière. En attendant, sa mise sous contrat pour deux saisons, avant cette saison, a été un autre judicieux coup du directeur général Julien BriseBois.
« Nous avions fait nos recherches, a indiqué Cooper. On nous avait dit que "Belly" était un bon coéquipier, mais on ne peut pas le savoir tant qu'il est avec nous. Après une saison, on peut dire qu'il est tout ce qu'on espérait, et mieux même. »
Bellemare continuera d'être utilisé sporadiquement en finale de la Coupe Stanley contre l'Avalanche du Colorado. Il aura la « grande gueule » plus que jamais, on peut compter sur lui.
Cela dit, il n'est pas tout de même qu'un meneur de claque. Il a fourni deux buts et une passe jusqu'à maintenant en 17 matchs, incluant un premier but gagnant en séries pour un Français pure laine au deuxième tour face aux Panthers de la Floride.
Il possède de plus un bagage d'expériences fort rempli, dans tous les calibres de jeu et même comme porte-couleurs de l'Avalanche pendant deux saisons. Il y a quatre ans, il a été partie prenante du parcours inespéré jusqu'en finale de la Coupe Stanley des Golden Knights de Vegas, à leur première saison d'existence en 2017-18.