Slaf Lepage

BUFFALO - Ce n'était que le premier match du tournoi des recrues. Un duel entre les espoirs des Canadiens de Montréal et ceux des Sabres de Buffalo avec bien peu à l'enjeu, si ce n'est que la fierté de remporter un match qui permet à tous de se remettre dans le bain à l'aube du camp d'entraînement.

Et pourtant, l'engouement qui entoure la banque d'espoirs du Tricolore s'est fait ressentir jusque dans les gradins froids de l'aréna d'entraînement des Sabres, presque pleins à craquer, à Buffalo jeudi.
D'abord par la meute de journalistes de Montréal qui occupait à elle seule deux sections médias, puis chez les nombreux amateurs qui ont visiblement hâte au retour du hockey après ces longs mois d'été. Pas juste chez ceux qui arboraient les couleurs du Tricolore.
« Il est bon le 20 », a souligné un amateur local en se retournant vers nous au premier entracte.
Le 20, c'est Juraj Slafkovsky - le premier choix au total du dernier encan de la LNH. Ce match contre les jeunes Sabres, c'était son « premier » dans l'uniforme bleu, blanc et rouge. Et oui, il a généralement été bon même s'il a aussi connu des moments plus ardus dans une courte défaite de 4-3 des siens.
« Je crois que j'ai parfois essayé d'en faire un peu trop, a-t-il analysé à chaud. J'aime gagner et j'ai essayé de faire tout en mon pouvoir pour créer des choses. Ç'a causé quelques revirements, mais je vais prendre les bonnes choses de ce match et tenter de les reproduire dans le match de (vendredi). »
Parmi elles, le jeu qu'il a effectué pour récupérer la rondelle en territoire ennemi lors d'un désavantage numérique et ensuite servir une passe parfaite à son compatriote Filip Mesar, qui a enfilé le deuxième but de la troupe dirigée par Jean-François Houle. Il a mis en vedette son explosivité et sa vision sur la séquence.

BUF@MTL: Mesar et Slafkovsky complices sur un but

À 6 pieds 3 pouces et 238 livres, la vitesse de Slafkovsky a de quoi en surprendre plusieurs. Surtout les défenseurs des équipes adverses, si l'on se fie à ce qu'on a observé jeudi.
« J'ai simplement tenté d'arriver à la rondelle en premier, a-t-il décrit. Je savais que Filip serait derrière moi. Je me suis seulement relevé la tête et je l'ai vu dans l'enclave. Je n'avais qu'à lui faire la passe. »
L'imposant Slovaque a souvent réussi à prendre ses adverses à contrepied à la ligne bleue adverse, et a réussi plusieurs belles percées offensives, ratant certaines occasions à bout portant. De quoi convaincre Houle de passer l'éponge sur les quelques séquences où son poulain a tenté de déjouer trois ou quatre adversaires à la fois en coupant vers le centre.
« Dans ce contexte, les jeunes veulent montrer ce qu'ils peuvent faire, a relativisé le pilote du Rocket de Laval. C'est certain qu'ils vont commettre des erreurs, mais cela devient de bons outils d'apprentissage que nous leur montrerons en vidéo. C'est le bon moment pour essayer des choses.
« Nous avons pu voir que ce sera difficile pour les adversaires de contenir un gars comme lui avec sa vitesse et son gabarit. C'est une bonne chose qu'il soit de notre côté. »
Slafkovsky et sa bande remettront ça en soirée vendredi, contre les recrues des Devils du New Jersey.
Voici trois autres points à retenir de ce premier match contre les Sabres :
Heineman commence du bon pied
Emil Heineman n'est repêché que depuis deux ans, et il a déjà changé d'équipe à deux reprises. Il est passé des Panthers aux Flames dans la transaction de Sam Bennett en 2021, puis des Flames aux Canadiens dans l'échange de Tyler Toffoli, en février dernier.
À 20 ans, l'ailier suédois a l'occasion de trouver sa niche au sein d'une jeune formation en reconstruction, et il n'a pas raté sa rentrée devant ses nouveaux patrons. Il a touché la cible au premier tiers, puis a préparé le but d'Owen Beck grâce à une brillante passe au dernier engagement.
« Je me suis senti confortable sur une petite patinoire, a dit celui qui a déjà disputé huit matchs en Suède cette saison. Je trouve que l'on obtient plus de chances de marquer, beaucoup plus près du filet adverse. »
« Il s'est beaucoup entraîné avec nous l'année dernière, a renchéri Houle. J'étais content de le voir à l'œuvre dans un match. J'ai aimé sa rapidité et il a un très bon lancer. C'est un des joueurs qui sont ressortis du lot. »
Que le meilleur gagne
La course pour l'obtention des deux postes à pourvoir au sein de la brigade défensive du grand club est enfin lancée. Si Kaiden Guhle s'est absenté - et qu'il représente encore un cas douteux pour vendredi - Justin Barron, Jordan Harris, Arber Xhekaj et Mattias Norlinder sont déjà sortis des blocs.
Harris et Barron, qui agissait comme capitaine, se sont démarqués par leur implication aux deux extrémités de la patinoire, Xhekaj s'est fait valoir physiquement et à l'attaque tandis que Norlinder s'est montré un peu plus effacé.
« Norlinder a fait de très bons jeux ce soir, a défendu Houle. Il était en contrôle avec la rondelle. Harris, on voit qu'il a de très bons pieds, il est capable de patiner et de faire des jeux. J'ai aimé la défensive. Je pense qu'en général, ils ont assez bien joué. »
Gare à Xhekaj
Il n'y a pas que Slafkovsky qui mérite de se faire appeler poliment « monsieur » à ce camp. Du haut de ses six pieds quatre pouces et 238 livres, Xhekaj est aussi à prendre avec des pincettes. Surtout avec le style extrêmement robuste qu'on lui connaît.
Le grand gaucher a distribué de bons coups d'épaule en plus de donner la frousse à certains joueurs des Sabres, jeudi, mais on n'a pas encore vu tout ce qu'il a en stock - parole d'Owen Beck.
« Il a bien joué, mais je l'ai déjà vu joué de façon beaucoup plus physique, a insisté l'attaquant qui l'a souvent affronté dans la Ligue de hockey de l'Ontario. Je vous assure qu'il est capable de pire! »