HILL GARDIEN CANADA BADGE THIBAULT

Choix de première ronde des Nordiques de Québec au repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est désormais directeur général de Hockey Québec, en plus d’être actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.

Avec le retour des joueurs de la LNH sur la scène internationale lors de la Confrontation des 4 nations de 2025 et des Jeux olympiques de 2026, on entend beaucoup dire que la grande faiblesse du Canada sera devant le filet. Personnellement, ça ne m’inquiète pas autant que certains.

En ce moment, les gardiens américains ont la cote et il n’y a aucun doute que sur papier, les États-Unis sont intimidants avec Connor Hellebuyck et Thatcher Demko à leur disposition, deux portiers qui peuvent aspirer au trophée Vézina cette saison. La Suède n’est pas mal prise non plus avec Linus Ullmark et Jacob Markstrom, tout comme la Finlande avec un numéro un comme Juuse Saros.

Le Canada n’a peut-être pas des noms qui résonnent autant, mais cela veut-il dire que les gardiens vont nuire à ses chances sur la scène internationale? Je ne suis pas prêt à dire ça.

Parmi les gardiens qui seront disponibles pour l’unifolié, quelques-uns ont remporté la Coupe Stanley et prouvé qu’ils peuvent s’imposer sous pression et connaître du succès sur une courte période de temps, ce dont tu as besoin pour une compétition internationale.

Je pense à un joueur comme Adin Hill, qui a permis aux Golden Knights de Vegas de remporter les grands honneurs après avoir fait son entrée en scène au beau milieu du deuxième tour des séries et qui connaît une très bonne saison. Ou encore un Jordan Binnington, l’un des grands artisans du championnat des Blues de St. Louis en 2019. Il a connu des moments difficiles par la suite, mais il se débrouille bien cette saison, surtout depuis le début de la nouvelle année avec un dossier de 8-3-1, une moyenne de buts alloués de 2,24, un taux d’efficacité de ,927 et un blanchissage.

Au moment d’écrire ces lignes, Hill et le gardien des Oilers d’Edmonton Stuart Skinner formeraient le tandem idéal, selon moi. Ce dernier n’a pas gagné la Coupe Stanley, mais il se dirige vers une saison extraordinaire malgré un départ difficile. Il a signé 12 victoires consécutives entre le 22 décembre et le 27 janvier. En assumant que l’équipe amène un troisième gardien, Binnington serait dans le coup pour les raisons énumérées plus haut.

Mais il reste encore tellement de temps d’ici la Confrontation des 4 nations et les Olympiques, et tout peut changer rapidement dans le monde du hockey. Il ne faut pas écarter de l’équation d’autres gardiens comme Logan Thompson, qui était dominant la saison dernière avant de se blesser, Tristan Jarry, Darcy Kuemper et même Connor Ingram. Si les Coyotes de l’Arizona ont surpris bien des observateurs en début de saison, c’est en grande partie grâce à lui.

Et pourquoi pas le gardien des Canadiens de Montréal Samuel Montembeault? Regardez ce qu’il vient d’accomplir au Championnat mondial sénior 2023 de la FIHG. Il a conduit le Canada à la médaille d’or avec des statistiques fumantes : une fiche de 6-1-0 et un taux d’efficacité de ,939.

Au fond, ce dont tu as besoin est un gardien capable d’élever son jeu d’un cran au bon moment et qui ne met pas son équipe dans le pétrin. Les joueurs du Canada aux autres positions vont faire le reste du travail.

Tu as aussi besoin de gardiens mobiles avec une bonne compréhension du jeu. Habituellement, les concepts de jeu européens sont plus axés sur la possession de rondelle et le jeu en finesse. Après tout, ce sont les meilleurs joueurs au monde. Le niveau est relevé et le jeu est un peu moins nord-sud. Tu veux donc des gardiens patients, avec un bon sens de l’anticipation et qui ne se compromettent pas trop rapidement.

C’est justement la raison pour laquelle un joueur comme Carey Price, que beaucoup de lecteurs connaissent très bien, a toujours eu du succès sur la scène internationale. Il possédait toutes ces qualités.

Un écart comblé par les autres pays

Price est l’un des grands gardiens qui ont défendu le filet du Canada dans les dernières décennies, avec les Roberto Luongo, Martin Brodeur et Patrick Roy. Il est vrai qu’il n’y a pas de candidat de cette trempe en ce moment et que le Canada n’a plus l’avantage qu’il avait à la position, mais il faut souligner que les autres puissances du hockey ont comblé l’écart en matière de développement de gardiens.

La grande majorité des pays se sont dotés d’un programme de développement national des gardiens, ce que nous n’avons pas au Canada.

Ici, on valorise plus la victoire à un bas âge, tandis qu’en Europe, il y a une approche plus axée sur le développement. Ils identifient les bons jeunes et prennent leur temps pour les développer. Ils vont être particulièrement patients avec les gros bonhommes qui ont le potentiel de devenir de bons gardiens.

Ça ne veut pas dire que ce qui se fait au Canada est mauvais. La preuve : on développe encore de bons gardiens qui ont remporté la Coupe Stanley. Ça veut simplement dire que les autres pays ont fait de l’excellent travail avec des objectifs et de bons plans d’action, ce qui leur a permis de nous rattraper. On le voit dans la LNH d’aujourd’hui, alors qu’il y a de bons gardiens qui proviennent de différents pays.

Et je trouve que c’est une bonne chose. Ça ne fait que relever le niveau de talent sur la patinoire.

*Propos recueillis par Hugues Marcil, pupitreur LNH.com.