Yann Sauve 3

Le 26 août dernier, les Panthers de Nottingham, qui comptent dans leurs rangs le défenseur québécois Yann Sauvé, ont défait le Mountfield HK 4-2 dans la phase des groupes de la Ligue des champions de hockey. Cette victoire d'une équipe anglaise contre un club de la ligue tchèque était historique.
« C'était comme si on avait gagné la Coupe Stanley », s'est remémoré Sauvé lors d'un entretien téléphonique avec LNH.com.

Puis, en octobre, les Panthers sont devenus la première équipe britannique à atteindre la ronde des 16 dans la Ligue des champions. Lors de la phase des groupes, ils ont terminé au premier rang du groupe F devant le SC Berne, le TPS Turku, deux clubs issus des puissantes ligues suisse et finlandaise, et le Mountfield HK, puis ils se sont inclinés dans la ronde des 16 contre les ZSC Lions de Zurich.
Cette performance stupéfiante démontre tout le chemin parcouru par le hockey au Royaume-Uni et elle couronnait de belle manière une année forte en émotions pour Sauvé, un ancien choix de deuxième ronde des Canucks de Vancouver au Repêchage 2008 de la LNH.
Une carrière remplie de hauts et de bas
Sauvé n'a que 28 ans, mais son parcours parsemé d'embûches lui a permis d'acquérir une très riche expérience de vie.
Le 4 septembre 2010, à l'aube de son premier camp d'entraînement chez les professionnels, il est renversé par une voiture à Vancouver. Il ratera tout le camp des Canucks et deux mois d'activités.
Après avoir disputé huit matchs dans la LNH entre 2010 et 2014, il roule sa bosse dans la Ligue américaine de hockey (LAH) et l'ECHL. Quand l'occasion de faire le saut en Europe s'est présentée, il n'a pas hésité très longtemps.
« J'étais un peu tanné de faire la navette entre la LAH et la ECHL, a expliqué Sauvé. J'étais incapable de trouver ma place. »
C'est ainsi qu'en 2016, son agent communique avec le Medvescak de Zagreb. Le club croate de la KHL est à la recherche d'un défenseur.
C'est une des équipes les moins bien nanties de cette ligue, mais les joueurs y sont bien traités. L'organisation leur fournit un appartement et une voiture. Sauvé traverse donc l'Atlantique et s'installe dans la belle ville de Zagreb pour la saison 2016-17 de la KHL.
« La KHL est une ligue incroyable. Les joueurs sont très talentueux, les arénas sont immenses et les partisans sont déchaînés. Ç'a été une très bonne expérience », a révélé Sauvé.

Yann Sauve 2

\Crédit photo: Karl Denham*

Tout se passait bien pour lui dans son nouvel environnement quand soudain, il reçoit un diagnostic de cancer du testicule. Le club lui permet de revenir au Québec pour se soigner et pour récupérer. Puis, après la naissance de son fils, il reçoit une invitation du EHC Red Bull de Munich de la DEL, la ligue élite allemande.
Il rejoint sa nouvelle formation juste à temps pour prendre part au dernier match de la saison régulière. Il participe ensuite aux séries éliminatoires et aide Munich à mettre la main sur le titre de la DEL.
Son association avec la formation allemande est toutefois de courte durée et seulement deux mois après être parti, il revient auprès de sa petite famille.
L'été avance et il commence à s'impatienter. En Europe, les clubs accordent plus d'importance aux statistiques offensives que dans la LNH ou dans la LAH, où les joueurs à caractère défensif sont plus appréciés. Sauvé n'étant pas un défenseur très offensif, il doit prendre son mal en patience.
L'expérience anglaise
C'est alors que les Panthers cognent à sa porte. En plus de pouvoir jouer au hockey, s'il décide de poursuivre sa carrière en Angleterre, il aura l'occasion de faire une maîtrise en administration des affaires. Il consulte sa famille et il décide de se lancer dans cette nouvelle aventure.
Dès son arrivée, il est surpris par le calibre du jeu dans l'Elite Ice Hockey League, la ligue élite anglaise. Cette ligue est composée de 12 équipes et elle est la seule ligue sportive professionnelle britannique avec des clubs provenant de toutes les régions du Royaume-Uni, soit l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Écosse et l'Irlande du Nord.
« Le niveau se situe entre l'ECHL et la Ligue américaine, mais les trois ou quatre meilleurs clubs d'Angleterre seraient capables de battre des équipes de la Ligue américaine », a indiqué Sauvé.
Le jeu peut y être robuste, mais puisque plusieurs joueurs de talents ayant déjà évolué dans la LNH, la LAH ou les autres grandes ligues européennes décident d'y terminer leur carrière, la qualité globale du hockey pratiqué au Royaume-Uni s'en trouve améliorée. Et les récentes performances de Nottingham en Ligue des champions prouvent que l'écart se resserre avec les autres circuits européens.
Les Panthers comptent sur l'une des meilleures organisations du hockey britannique. L'équipe attire les plus grosses foules au Royaume-Uni avec près de 5700 spectateurs par match.

Yann Sauve 1

\Crédit photo: Karl Denham*

Sauvé y a d'ailleurs retrouvé plusieurs visages familiers, comme les Québécois Raphaël Bussières et Mathieu Gagnon. Il a également renoué avec son ancien coéquipier des Sea Dogs de Saint-Jean dans la LHJMQ, Zack Phillips, un ancien choix de première ronde du Wild du Minnesota.
« C'est toujours agréable de retrouver des Québécois. Ma femme est ici et elle a pu se faire des amis plus facilement. […] Quand on est à l'autre bout du monde, dans un nouvel environnement, on se retrouve et ça fait du bien de pouvoir parler français entre nous », a-t-il mentionné.
Si le niveau de jeu de la ligue anglaise peut se rapprocher de celui de l'ECHL, les conditions de vie des joueurs en sont très éloignées. Les matchs ont surtout lieu la fin de semaine et les déplacements sont généralement assez courts. Finis les trajets de dix heures en autobus!
La saison régulière tire à sa fin dans la ligue élite anglaise et les Panthers sont actuellement septièmes parmi les huit équipes qualifiées pour les séries éliminatoires. C'est peut-être un classement un peu décevant à la suite de leur impressionnant parcours en Ligue des champions, mais Sauvé savoure pleinement chaque moment de cette aventure et chaque instant passé auprès des siens.
Présentement, il est heureux à Nottingham. Il veut terminer sa maîtrise et ensuite, il prendra une décision en famille. Si son corps le lui permet, il veut continuer à jouer aussi longtemps que possible.
« Dans ma carrière, j'ai souvent vécu des situations imprévues, alors j'ai appris à vivre une année à la fois. On prendra ce qui se présentera à nous », a-t-il philosophé.
Chose certaine, il va demeurer dans le monde du hockey, car même après toutes ces épreuves, comme il le dit lui-même : « Le hockey, c'est ma vie et ça va toujours l'être. »